Chapitre 5. Naturellement.

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HINATA

Je lève les yeux au soleil, en espérant que le rouge de mes joues ne se voit pas. En nous dirigeant vers le magasin, Naruto a un réflexe assez masculin de marcher en face de moi. Je lève un sourcil et tends le bras pour lui donner une pichenette en souriant.

- Hm ? Demande-t-il en se tournant vers moi.

- Soit gentleman un peu, laisse la place aux dames, je lâche un riant.

- Je risque de mater quelque chose de très intéressant si je passe derrière toi, finit-il par dire en souriant en coin.

Je me mords la lèvre en rougissant. A la fois, je suis flattée mais tellement surprise de son honnêteté que je ne sais pas quoi dire. Je tousse légèrement et lui donne une seconde pichenette.

- Ne sois pas aussi à l'aise, Monsieur Uzumaki, je dis en ricanant.

Il rigole et sourit en passant son bras sur mes épaules. Il fait quelque chose qui me met le feu aux joues. Il m'embrasse sur le front en murmurant : "Tu m'as manqué."

Je souris encore, timidement. C'est tellement naturel que je me demande si c'est réel. C'est comme si cette situation était tout à fait normal. Moi revenant après des années à Konoha et tout est normal. C'est rassurant et étrange à la fois. J'ai envie de lui dire que lui aussi m'a manqué, que je me sens comme "à la maison" alors que ça ne fait qu'une heure qu'on s'est revue.

En entrant dans le magasin, il enlève son bras de mes épaules et le fait glisser naturellement à ma hanche. Je ne me rappelle plus la sensation de son touché sur moi quand nous étions plus jeune, en tout cas aujourd'hui c'est un nouveau sentiment. Quelque chose que j'aimerais qu'il recommence. Je me pince les lèvres avant de prendre une grande respiration et me diriger vers le rayon ménager.

Les courses se passent dans le silence. Il me demande parfois si tel ou tel produit. Quand nous nous retrouvons devant la caisse, les courses rangées, il sort son portefeuille. Je commence à lever ma main pour l'empêcher de prendre sa carte. Je crois qu'il l'a senti venir parce que de manière fluide, il me la saisit et la garde dans la sienne, spontanément, il entrelace nos doigts et me fait passer derrière lui pendant qu'il paie.

- Je vous remercie, dit-elle poliment.

Tout le long, nos doigts sont entremêlés. Il reprend sa carte d'une main et attrape le sac de course. Tout est passé rapidement. Il nous fait sortir du magasin et nous dirige vers sa voiture. J'observe nos mains. Cette sensation me fait rougir, mais je suis contente de la ressentir. J'ai envie de la serrer un peu plus fort.

Il lâche ma main quand on arrive du côté passager et se dirige vers le coffre pour y déposer les courses. J'entre dans la voiture et en l'attendant, je cherche désespérément de la monnaie dans mon sac. Quand il entre dans la voiture, je n'ai toujours pas trouvé de monnaie.

- Tu cherches quoi ? Il me demande.
- De la monnaie.
- Pour ?
- Te rembourser, je réponds comme si c'était évident.

Il me dévisage comme si je l'avais insulté mais je m'en fiche. Il me rattrape ma main ce qui me fait sursauter et quand je lève les yeux, il porte mes doigts à ses lèvres. Mes joues sont chaudes. Encore plus quand je vois ses lèvres se poser sur ma peau. Il relève le regard vers moi... je sens mon cœur battre dans ma poitrine alors que le silence s'installe lourdement. Lourd de sous entendus. Des sous entendus évidents. En deux heures, il me fait vivre des émotions que j'aime ressentir, mais tellement inhabituels. Je ne sais pas comment réagir.

- C'est fait, retorque-t-il en lâchant ma main et ce foutu sourire en coin aux lèvres.

Je me mords la lèvre pour éviter de dire quelque chose qui risque de briser ce moment. J'ai envie de respirer fort mais je m'en empêche. J'aime ce qui se passe, mais je sais aussi ce que ça signifie.

Lorsqu'il démarre et s'engage sur la route, je me bats interieurement entre le sentiment d'en vouloir plus, comme notre premier baiser, et celui qui me dit que cette époque où nous nous aimions, nous étions jeunes et avions quatorze ans. Ça n'est pas la même chose que maintenant. Tant de chose ont changé.

NARUTO

Je l'entends réfléchir. Elle n'a pas prononcé un mot depuis que nous avons quitté le parking du supermarché. Ou plutôt depuis que je lui ai déposé un baisé sur sa main. Est ce qu'elle regrette ? Je n'ai pas envie de le savoir. J'ai peur de la réponse. Ça m'est venu naturellement. Comme lui tenir la main. Je le voulais. Mais peut-être pas elle ? Non, je ne crois pas. Elle m'aurait lâche la main sinon.

- Ça t'a mis mal à l'aise ? Je demande en regardant la route.

Elle se tourne vers moi et je sens son regard clair et songeur. Quand je croise son regard, elle a encore les joues rouges. Je ne peux m'empêcher de sourire à cette vue. Je l'interroge une nouvelle fois du regard.

- Mal à l'aise n'est pas le terme, me dit-elle. Ça ne fait que deux heures que nous nous sommes vus. Et ça fait six ans.

Elle a raison mais j'ai du mal à voir où elle veut en venir. Pour moi, tout s'est fait naturellement, comme si c'était déjà en moi. Comme si elle n'avait jamais quitté le territoire. Ces six années sans la voir, j'ai l'impression d'avoir juste mis pause et qu'elle vient d'appuyer sur play.

- Quel est le bon terme ? Je la questionne.
- Je ne sais pas, répond-t-elle en haussant les épaules.
- Tu regrettes ?

Silence. Je m'arrête au feu rouge et tourne les yeux vers elle. Elle est songeuse.

- Non.

Ouf ! J'en suis content. Tellement que mes palpitations se sont calmées.

- Je sais que ce n'était "pas grand chose", reprend-t-elle en décrivant le simple geste. Mais pour moi ça signifie beaucoup.
- Pour moi aussi, je réponds avec sérieux.

Je veux qu'elle me comprenne. Je veux qu'elle se rende compte de ce que sa présence me fait. Hier je doutais. Aujourd'hui, je me sens bien. Comme si c'était normal, que rien n'avait changé hormis le fait d'avoir grandi.

Elle ne met pas vraiment des mots sur ce qui se passe. Elle ne dit pas "nous ne nous sommes pas parlé depuis six ans, pourquoi tout d'un coup ?". Elle contourne, comme si elle avait peur de les avouer. Je respire profondément.

- Je vais nous éviter cette discussion maintenant, je lâche. Demain soir, un pote organise une soirée, ça te dit ?

Oui. Je veux l'entendre me dire "oui".

- Je dois y réfléchir, j'ai tellement de chose à faire, me dit-elle. Et je n'ai rien pour m'habiller.
- Laisse-moi t'aider, le ménage sera fini aujourd'hui, j'assure avec certitude.

Elle rigole, l'air de ne pas me prendre au sérieux. Mais je suis beaucoup plus que sérieux. Je crois qu'elle ne se rend pas compte. Ses deux semaines, je veux qu'elle soit avec moi.

- Pour ce qui est de t'habiller, on passera dans une boutique que je connais. J'ai une amie qui y bosse. Elle pourra t'aider.
- Une amie ? Une amie plus plus ?

Je fronce les sourcils ne comprenant pas et la toise rapidement et la je comprends. Mes lèvres s'étirent et elle le remarque puis rougis.

- Jalouse ?
- Non. Curieuse. Dit elle en croisant les bras et regardant par la fenêtre.

Je ricane parce que je sais que c'est faux.

- Dommage, dis-je.

Mon premier amour est bien là mais elle flippe. Mais ça me plaît. Ça veut dire que note promesse est potentiellement toujours là. Qu'elle ne l'a pas oublié. Et que je suis aussi et encore son premier amour. Putain.

Mission reconquête activée. 2 semaines. Pas assez. J'en veux plus.

PromesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant