Chapitre 10

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J'ouvre mes yeux petit à petit, appréciant le silence de la pièce. J'ai de la chance que le canapé soit aussi confortable, sinon je n'aurai pas pu subir cette semaine.

J'entends la sonnerie de mon téléphone, le nom de ma meilleure amie apparaît, je me demande bien de quoi elle a besoin. M'appeler sitôt cela ne lui ressemble pas, d'autant plus qu'elle sait que le matin je peux être aigrie.

— Julia, il est tôt, très tôt pour toi. Pourquoi m'appelles-tu ?

— Ma curiosité mal placée m'a dit de prendre de tes nouvelles. Enfin, plus précisément de savoir si tu as pu goûter cet apollon.

— Il est six heures du matin, cela ne fait même pas cinq minutes que je suis réveillée, et tu me poses déjà des questions sur ce qu'il se passe dans ma chambre. Pourquoi veux-tu toujours savoir ce qu'il s'y passe ?

— Mes histoires ne sont pas aussi intéressantes que les tiennes, encore moins depuis que le prince y est.

Une vague de culpabilité me frappe. Le souvenir de Marc et elle dans les bras l'un de l'autre n'est pour moi qu'une triste réalité. C'est de ma faute s'ils ne sont plus ensemble.

— Non, je n'ai rien fait avec le prince.

— Comment fais-tu pour tenir ? À l'Académie, tu fais des jalouses, beaucoup sont prêtes à tout juste pour voir le prince. Toi tu peux le toucher, l'embrasser, baiser avec lui. Tu restes-là, à ne rien faire, à ne pas jouir des délices qu'il pourrait t'apporter. Explique-moi comment tu fais pour te contenir, chaque minute doit être une terrible torture.

— Okayyy, Julia je passe sous un tunnel, je n'entends plus rien, bonne journée.

Je raccroche précipitamment, mon esprit est maintenant embrumé d'idée coquine concernant le prince. Je m'imagine déjà le réveiller, nous préparer, et pour finir comment je pourrais profiter de la voiture pour attiser en lui des désirs inavoués.

Mon employeur est ma kryptonite, et à chaque fois que Julia m'appelle je me sens de plus en plus sensible face à la beauté de Raphaël. Cela va faire une semaine que le prince dort chez moi, dans mon lit et que je reste sur le canapé.

Le voir chaque jour, chaque minute de la journée est, comme l'a dit Julia, une délicieuse torture. Je n'ai pas le droit de me laisser aller avec lui, les ordres sont ainsi. Ce n'est pas l'envie qui manque, et je me demande aussi comment je fais pour ne pas sauter sur lui. Il se pavane tous les matins et les soirs torse nu, ne cesse de faire des allusions sexuelles, ravivant des souvenirs de lui et moi. La seule chose que je peux faire et ne me jeter à corps perdu dans mon boulot.

En semaine, nous avons pu un peu avancer sur notre enquête, quelques anciennes assistantes ont pu venir, et nous avons pu les éliminer de la liste de nos suspects. Parallèlement, j'essaye encore de trouver un lien entre elle et Pedro, mais cela n'est pas chose aisée. Dès que je tombe sur une piste, elle devient un cul-de-sac. Son cousin est un fin stratège et aujourd'hui j'en ai la preuve, il a bien su dissimuler, supprimé des indices pour qu'on ne remonte jamais à lui.

Entre l'enquête et le désir incessant que je ressens envers Raphaël, la vie à l'Académie me manque. Tout est si simple, si paisible, sans prise de tête en comparaison de cette mission.

Je me remémore nos exercices à l'Académie. Surtout quand j'étais encore une recrue, c'est comme ça qu'on appelle les étudiants, c'est Jo' le bras droit de mon père qui s'occupait de nous.

Il est dur, exigeant, et nous fait souffrir, ressortir de ses entraînements sans courbatures et blessures que ce n'était pas possible. Ces entraînements frôlés la frontière de la torture, mais en dépit des manières plus que douteuses de son enseignement, cela a porté ses fruits.

La Pierre Des Enfers - La légende, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant