Chapitre 39

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— J'en ai marre Raphaël ! je m'exaspère. Depuis que nous sommes arrivés, il n'y a aucun indice, nada.

— Il nous reste encore un endroit à visiter, allez courage.

— Tu ne veux pas t'y rendre sans moi ? Je n'ai clairement pas envie de me déplacer à un bal avec tout le gratin des riches de ce monde.

— Déveline, on va s'y arriver ensemble, me dit-il sérieusement droit dans les yeux, mon corps se fige à l'égard de sa voix rauque. Il me faut une partenaire, et il n'y a qu'avec toi où je peux danser le tango, sourit-il.

Je souris devant ce doux souvenir. Je devais avoir treize ans, peut-être quatorze ans, nos parents avaient décrété qu'il fallait qu'on apprenne à danser. Alors ils ont engagé un professeur, qui nous a tout enseigné, notamment le tango.

Ça a été la chorégraphie la plus compliquée à retenir pour nous, demandé à des adolescents de danser un jeu de séduction alors qu'ils n'y connaissent rien. J'ai dû lui faire une centaine de bleus, entre mes pieds qui se mêlé au sien, mes jambes qui voulait en faire qu'à leurs têtes ont a terminé par terre un bon nombre de fois.

Ce sont de bons souvenirs que je partage avec lui. Il essaye de me faire craquer, depuis que je lui ai raconté ce que j'ai vu pour lui et Julia, Raphaël se met en tête de me démontrer que c'est faux. Il y a des signes qui ne trompent pas, quand elle nous appelle pour connaître notre avancée, il est vrai. Avec moi, par moment il peut présenter une certaine retenue, ne pas être totalement lui-même, avec Julia, il l'est. Ils ont le même humour, et si je ne raccroche pas ils resteraient au téléphone pendant des heures.

Les voir ainsi me fait mal, c'est pour cette raison qu'une fois que tout sera fini je vais partir. Je vais reconstruire l'Académie, lui rendre sa réputation, mais je resterai loin d'eux. Je me préserverais tout en leur laissant le champ libre. Julia fera une excellente reine, ça me convient.

— Rappelle-moi où on va déjà.

— Au palais du Reichstag, sa salle de bal s'ouvre enfin après un an de rénovation, et pour fêter cela ils ont invité tous les investisseurs, une chance pour nous que ma famille leur a donnée de l'argent.

— D'accord, mais tu ne trouves pas que cet accoutrement fait trop ? dis-je en me regardant dans le miroir.

La robe est magnifique, un peu trop somptueuse pour moi. Les manches sont légèrement bouffis en dentelle. Sa couleur est surprenante, ce vert émeraude me fait penser aux yeux de ma mère, la teinte paraît tellement intense, le soi de la tenue donne une allure brillante.

La longueur reste incroyable, je dois mettre des talons afin d'éviter qu'elle traine par terre, il y a une fente pour laisser apparaître ma jambe droite. J'ai l'impression de découvrir quelqu'un d'autre dans le reflet, d'observer la jeune fille que j'aurai pu être si je n'avais pas été une missionnaire, une descendante des Succubes.

— Non, la robe est parfaite et tu l'embellis, car tu la portes à merveille, me chuchote-t-il. Sinon, pour revenir à notre mission, tu as vu la date ? Je hoche la tête. C'est aujourd'hui qu'apparaît l'éclipse lunaire, si nous ne trouvons pas la pierre avant mon cousin et notre folle de sœur, je ne sais pas ce qu'il adviendra...

Nous avons traversé toute la capitale, mais rien, il ne reste plus que cet emplacement qui déborde de magie, notre dernier espoir. Nous savons qu'un duc avait habité dans ce palais, il détenait une ultime indication pour nous mener à cette pierre. D'après l'indice que nous avait donné l'équipe chargée de la recherche de la pierre, celui-ci se cacherait aux yeux de tous.

Sauf que cela veut dire qu'elle se trouve n'importe où, nous avons donc fait tout Berlin pour essayer de la repérer, le dernier endroit, c'est ce fichu palais et cette salle de bal.

La Pierre Des Enfers - La légende, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant