Chapitre 16

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Le soleil se pose sur mes yeux, la chaleur de ses rayons me fait du bien, la douceur de la lueur et de mon oreiller me permet de me réveiller avec tendresse. Tout se passe lentement, la main douce de Raphaël est sur mon ventre, me caressant délicatement. La tête du prince est emmitouflée dans mon dos avec mes cheveux pour le protéger de la lumière du soleil. La couette nous abrite du monde extérieur, elle nous autorise de rester dans ce cocon de délicatesse et de chaleur, il n'y a absolument rien qui me donne envie de sortir de ce lit.

Cela fait cinq minutes que je suis réveillée, mais je n'arrive pas à ouvrir mes yeux, je suis tellement bien que mon corps réclame de garder, de ressentir toutes ces nouvelles sensations. Je vais bien. Bien dans les bras de Raphaël, bien dans cette bulle, comme dans un rêve.

J'ai même peur de me réveiller à tout moment. C'est comme une virgule avant de retourner à la vie réelle. Avant de subir la punition du roi, avant de voir mon père et d'entendre son long discours me disant que je suis irresponsable et inconsciente d'avoir mis la vie de l'héritier en jeu.

Le réveille-matin de Raphaël sonne, nous n'avons pas beaucoup dormi, seulement trois bonnes heures. Je sens le bras de mon prince partir, un vent froid se fait ressentir, engendrant un frisson. Sans un mot, nous nous levons, j'attrape de quoi m'habiller selon les codes. Soit l'uniforme des missionnaires. Un pantalon bleu, une chemise blanche avec une veste de costume bleu. Le tout est cintré afin de mettre ma silhouette en valeur. J'ai demandé ce petit changement quand j'ai eu mon diplôme. Je plaque ma crinière en arrière, fais une queue de cheval que j'essaye de maintenir avec plusieurs pinces.

Mes denses cheveux ne me laisseront jamais la chance de les coiffer correctement.

Une fois prête, Raphaël prend ma place, je me sers d'un café et range mon appartement.

Après une heure et trente minutes, le prince sort enfin de la salle de bain. Il opte pour un costume trois-pièces gris-anthracite, à sa main il y a une couronne, c'est la première fois que je la vois, je l'interroge du regard.

— Je dois l'enfiler dans lors des évènements officiels, et s'en ai un.

Elle est en or, quelques petits diamants sont parsemés, il y a une grosse pierre émeraude qui domine l'avant. Elle brille et mon regard ne peut que s'accrocher à elle tant la couleur est mystique, splendide. Il la met sur sa tête, et son aspect me choque de tout mon être.

Chacune de mes cellules se percute afin de me faire réaliser à quel point je suis stupide de me rendre compte que maintenant que Raphaël est un prince. Un prince avec son royaume, ce n'est pas tout bonnement un homme avec beaucoup de responsabilités, c'est un prince.

Je me sens bête de ressentir que maintenant la réalité de la situation, je prends conscience de ce qu'il est. Ce n'est pas un simple ami d'enfance, ni même un simple démon avec qui je couche, c'est un prince. Tout me frappe, son charisme, son charme, son dévouement pour son peuple, sa beauté, son intelligence, tout son être me heurte intimement.

Raphaël est mon prince, je couche avec le futur roi, je travaille pour lui, et non avec lui. Cette vérité sanglante me fait mal au plus profond de moi-même. Cette douleur me cisaille le cœur en mille morceaux, me laissant subir tous les dégâts : je suis de passage, Raphaël et moi, nous ne faisons pas partie du même monde.

Coucher avec lui a été une grosse erreur. Je cache derrière mon sourire toutes ces incertitudes et commence la marche pour aller voir mon roi, son père. Une boule au ventre apparaît, nos souvenirs charnels me remontent en mémoire. Ces souvenirs se fracassent la gueule à la vision de Raphaël devant moi.

Son dos droit, sa démarche sur de lui, tout s'embrouille de mon cerveau, me demandant comment j'ai pu coucher avec ma mission, comment ai-je pu ressentir ça avec le futur souverain ?

La Pierre Des Enfers - La légende, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant