32. Silent tears

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Playlist :
Boulevard of broken dreams / Green Day
Questions / James Arthur
Mercy / Shawn Mendes
Someone like you / Adèle

Ella

Je pose ma valise dans un fracas lorsque j'arrive dans ma chambre provisoire en ce Dimanche soir. Je m'approche de la baie vitrée pour observer le paysage en soufflant longuement. Les dernières fois que j'étais venue à la Massana, l'atmosphère qui régnait en ce lieu était apaisante. Ce soir, je le trouve simplement mélancolique et il me rend nostalgique.

Fabio et Léna ont la gentillesse de m'héberger chez eux jusqu'au prochain Grand Prix, parce que je n'avais pas la force mentale de rentrer chez moi et de me retrouver toute seule. Si le jeudi a déjà été une journée difficile, la suite du week-end a été tout bonnement catastrophique. Marc s'est montré aussi froid et distant que pendant les tests hivernaux. Comme s'il était déjà passé à autre chose en un claquement de doigts. Comme si tout ça n'avait jamais existé. De mon côté, j'ai toujours l'impression de vivre une rupture amoureuse alors que ce n'est pas le cas.

Les montagnes andorannes qui s'élèvent devant moi semblent m'observer dans mon malheur. Sans surprise, les larmes coulent silencieusement sur mon visage comme fréquemment depuis plusieurs jours. On dit que les larmes silencieuses sont celles qui retiennent la plus profonde douleur. Je n'y croyais pas, parce que j'ai toujours cru que les crises de sanglots dépassaient largement le phénomène. Lorsqu'on pleure bruyamment, et que notre respiration se fait difficile tant les larmes sont nombreuses. Puis j'ai compris la différence après les évènements récents.

Là où les crises les crises de sanglots renferment une douleur assumée, les larmes silencieuses laissent s'échapper ce que l'on n'ose pas ressentir. Je ne devrais pas pleurer pour lui ni pour cette situation, et c'est ce qui fait d'autant plus souffrir. Le coeur est brisé par quelqu'un qui ne devrait même pas compter. Brisé par quelqu'un que je n'aurais même pas du regarder. Brisé par quelqu'un dont j'aurais du me lasser. Brisé par quelqu'un qui a su user de son charme pour arriver à ses fins et me faire sombrer dans ses filets, avant de paniquer et de décréter que ce n'était pas une bonne idée.

Je pose ma tête contre la vitre pendant que mes larmes coulent toujours le long de mes joues. Je ne les retiens pas, et elles finissent leur course sur le sol, aussi bas que là où se trouve mon coeur actuellement. Je me déteste pour me mettre dans cet état, moi qui m'interdis de pleurer pour les mecs depuis des années. Je me déteste pour ne pas avoir réussi à lui résister, alors que ça ne paraissait pourtant pas si compliqué. Comment est-ce possible de tomber sous le charme d'un connard pareil ? Il n'était même pas gentil avec moi la plupart du temps. Même quand je me creuse les méninges pour essayer de comprendre comment j'en suis arrivée à être attachée à lui à ce point, je ne parviens pas à comprendre.

C'est sans doute la rareté des moments où il était gentil qui m'a poussé à en vouloir plus. Avoir de l'attention de sa part quelques minutes, ou au mieux quelques heures, pour plusieurs jours d'ignorance ou de disputes, m'a donné l'envie d'avoir un peu plus de ces moments avec lui.

À l'apparition de cette pensée, ma conscience me hurle de me réveiller de ma torpeur et de me rendre compte que depuis le début cette situation était toxique. Que dans tous les cas, je savais très bien que ça n'aurait pas pu fonctionner, et qu'il ne mérite défintivement pas mes larmes.

Néanmoins, c'est bien connu que les raisons s'emmêlent lorsque le coeur s'en mêle. J'ai donc l'impression que ce dernier se brise encore plus lorsque j'essaie de le raisonner.

Je suis toujours entrain de me débattre avec mes pensées lorsqu'on toque à la personne. Je lâche un faible « entrez » avant que je n'entende la porte s'ouvrir lentement.

Tempting the thunder of Cervera [Marc Márquez] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant