37. I missed her

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Marc

Je ressors de la douche lorsque je vois Ella et Alex assis à la table de notre motorhome. Son téléphone en charge à ses côtés, Ella reste ici en attendant que la pluie ne se calme. Je lui ai proposé d'utiliser notre salle de bain si elle voulait se doucher rapidement, mais elle a décliné mon offre, l'ai gêné.

Je l'observe un instant. Initialement rassemblés en une queue de cheval, ses cheveux noirs tombent désormais en cascade dans son dos. Elle sourit à mon frère et j'observe son visage illuminé. Elle est belle, je songe. Lorsque Alex la fait rire, un soupçon d'agacement me traverse. Je suis jaloux.

Je suis jaloux parce qu'Alex a pu la voir pendant deux mois tandis que j'étais cloîtré à Madrid. Je suis jaloux parce qu'il peut lui parler sans qu'elle ne se braque, et ils peuvent rigoler sans qu'elle ne devienne froide sans raison.

Je sais qu'elle se comporte comme ça avec moi uniquement par ma faute. Je sais que je n'ai fais que jouer avec son cœur et que je mérite qu'elle ne soit plus comme avant. Elle avait beau faire la rebelle, je savais très bien que je pouvais user de mon charme pour la faire tomber dans mes bras. Désormais, c'est différent. Je vois bien qu'elle n'agit plus de la même façon, et que même les piques pour la faire réagir ne fonctionnent plus.

Autrefois, je percevais son attirance envers moi même à travers la colère dans nos disputes. C'est vrai ce qu'il se dit : le pire sentiment pour faire regretter quelqu'un ce n'est pas la haine. Dans la haine se cache toujours un soupçon d'amour. Le pire sentiment pour faire regretter quelqu'un, c'est l'ignorance.

Mais pas l'ignorance dans le sens où elle ne me calcule pas du tout. Non, plutôt l'ignorance à laquelle je fais face lorsque je lui lance des piques auxquelles elle ne répond plus. Cela me rend nostalgique, parce que cela me montre que je n'ai plus d'effet sur elle.

J'ai été idiot de la négliger comme je l'ai fais. Je pensais que cela serait mieux pour nous deux si je coupais net la relation qu'on avait juste avant de me faire opérer et d'être absent. Mais j'ai eu tort. J'ai eu tort parce que malgré que les conditions soient difficiles, quand on veut, on peut. Je connais bien cette devise dans la vie de tous les jours, mais je n'avais jusqu'alors pas compris qu'elle s'appliquait aussi aux relations amoureuses.

Je m'en suis rendue compte durant ces deux mois de convalescence. Sur mon lit d'hôpital aux États Unis, j'ai pensé à elle. Lorsque je suis sortie de l'opération, j'ai eu envie de lui envoyer un message pour lui dire que ça s'était bien passé et pour lui demander comme se passait le Grand Prix de Barcelone. Lors de mes rendez vous médicaux qui se passaient bien, j'avais envie de l'appeler pour lui dire que j'avais hâte d'être de retour sur le paddock. À chaque entraînement où je gagnais un peu plus en mobilité, je me demandais si elle aurait été fière de moi. Parfois, lorsque j'étais à Madrid à la maison, je songeais que j'avais envie de la voir. Puis, je me suis rendue compte : elle me manquait.

Et lorsque je la vois, assise en face de moi et me jeter un regard, elle me manque toujours. Parce que malgré qu'elle soit à trois mètre de moi, ce n'est plus pareil. Notre situation n'est plus pareil, et notre relation non plus. C'est au moment où j'en ai le plus besoin que je ne peux plus trouver de prétextes pour la garder auprès de moi. La vie est quand même une ironie à elle toute seule.

Au bout d'un moment, Ella regarde sa montre avant de se lever.

- Oh, je n'avais pas vu l'heure, il faut que j'y aille ! J'ai un van qui arrive dans cinq minutes à l'entrée du circuit pour m'amener à l'hôtel.

Alex hoche la tête et lui sourit, tandis que je me redresse du canapé sur lequel j'étais assis.

- Attends, tu ne veux pas manger avec nous ? Je lui demande tandis qu'elle débranche son téléphone.

Tempting the thunder of Cervera [Marc Márquez] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant