Prise d'un furieux besoin de regarder par la haute fenêtre, Helen passe sa matinée à ne pas prêter attention à son enseignant, dont la patience s'élime un peu plus chaque minute. Elle fait partie de ces héritiers de la fameuse tradition qui fait laisser les enfants chez eux, jusqu'à ce qu'on soit sûrs qu'ils vivront assez longtemps pour aller au dehors, et qu'il devient utile de leur payer une instruction d'un qualité supérieurement onéreuse. En attendant, la jeune princesse fait ses classes dans la plus ancienne aile du château de la capitale, ou plus tôt, la plus ancienne survivante des transformations connues par l'édifice, pendant ces deux dernières Horloges. Les vieux murs sont assez épais pour que l'on puisse s'asseoir confortablement sur les rebords des fenêtres minuscules, pour un peu qu'on soit suffisamment grand pour y grimper.
C'est ce qui explique le comportement agité de la benjamine royale : assise, elle est trop petite pour regarder par la fenêtre, et cette fenêtre du premier étage donne sur la cours principale. Cour par laquelle passent tous les visiteurs officiels, et la personne qu'elle attend n'a aucune raison de passer par ailleurs.
Une voiture arrive soudain, et elle ne se rend pas compte qu'elle est tout à fait debout devant sa chaise, pantacourt remonté jusqu'en dessous des genoux, parce qu'Ieol s'achève enfin, et que le beau temps est revenu à Hepen depuis deux semaines au moins, et sa tunique à manches trois quart fripée entre ses doigts.
Les portières s'ouvrent, manquant pour l'une de cogner le valet qui allait l'ouvrir, et elle sourit :
- Eden !
Elle se précipite à la vitre, se penchant dessus, parce que oui, à présent, elle est capable de grimper dessus, l'année prochaine, elle ira à l'école avec d'autres enfants, dans un collège, et frappe des mains de bonne humeur lorsque la première personne sortant de l'habitacle a les yeux luisants tournés vers l'enfant. Comme s'il savait qu'elle serait là, à surveiller leur arrivée.
Elle pousse un cri, et saute de la fenêtre en se tenant au mur, passe devant son instructeur en courant, et ouvre la porte d'un grand coup, aussi grand qu'elle peu étant donné le poids de ladite porte, pour sortir en courant.
Dans le hall tapissé et boisé, éclairé par des fenêtres bien plus larges et aux vitres bien plus fines que celles au travers desquelles elle les as vus, Helen se dit que son frère est plus grand que d'habitude, qu'il est plus lumineux aussi, plus encore que ce hall d'accueil aux pierres blanches.
- Aiden ! crie-t-elle en reprenant sa course, à bout de souffle.
Il l'attrape au vol et la serre contre lui, se disant qu'avec le peu de muscles qu'il a eu l'occasion de prendre au cours de ces derniers mois, l'année prochaine, il ne pourra plus la porter.
- Si contente de me voir ? se moque-t-il.
Elle acquiesce avant de frotter son nez dans le cou de son aîné, sentant son odeur par la même occasion.
- Depuis que je sais que tu viens ! Papa et maman se demandent pourquoi vous êtes là, mais maman a dit que tu avais peut-être effectivement besoin d'une petite pause, tu es fatigué ? s'inquiète-t-elle soudain en s'écartant pour le dévisager.
Les iris vertes et jaunes du prince se mettent à briller d'amusement, et il souffle dans le visage d'Helen, qui ferme les yeux en riant, avant de lui répondre :
- Non, ne t'inquiète pas, on vient faire des recherches, dans les archives.
Toujours accrochée à Aiden, la jeune fille se tourne vers sa compagne de voyage pour lui faire un signe de la main :
- Et toi ? Pas trop fatiguée ?
- Non ! Pas du tout ! Je suis prête à commencer nos fouilles !
En faisant le parallèle rapidement, Aiden se rend facilement compte que sa colocataire est bien plus excitée à l'idée de mettre un pied dans les archives royales, que sa petite sœur de dix ans de le revoir. Cette idée l'amuse, il en secoue discrètement la tête.
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La Vie de Château
ParanormalEden est un génie des langues, capable d'en parler huit, et d'en inventer. Elle n'a pourtant que vingt-deux ans et s'est lancée dans le projet de devenir écrivain. Mais si elle est si douée dans la philologie, elle est une catastrophe ambulante, et...