Ne serait-ce qu'en passant la porte d'entrée, Eden avait pu sentir que le temps avait passé depuis la dernière fois, et que l'appartement qu'ils occupent à deux n'avait pas été ouvert. Elle le laisse fermé, quand Aiden fronce le nez, dérangé. Si ça ne tenait qu'à elle, elle vivrait dans la poussière des vieux livres, et dans l'odeur des jours oubliés. Mais le prince ouvre les fenêtres en grand, et elle rit dans sa barbe, glissant sa valise dans un coin, et attrapant la sienne.
- Tu prends la salle de bain en premier ? demande-t-il en passant devant elle pour ranger ses affaires.
Elle secoue la tête.
- Je voudrais passer à la bibliothèque. J'ai eu une idée, sur le trajet. Je pense que je sais quelle direction je vais prendre, pour mon livre.
Il la regarde un moment s'agiter dans tous les sens à la recherche de quoi écrire et de sa carte étudiante, quand il comprend.
- Attends, tu as eu une idée ? s'étonne-t-il. Mais c'est pas ce qui te manque, d'habitude.
- Non, rouspète-t-elle en retirant son manteau, gênée dans ses mouvements. Cette fois, je sais comment je vais tourner le contenu, le présenter. J'ai toujours voulu écrire sur Loron, l'épée Maudite, mais je ne savais pas par quel bout le prendre, tellement c'est dense. Maintenant, j'ai trouvé une idée, et j'aimerais voir si c'est possible.
Elle trouve le carnet, mais pas la carte. Agacée, elle lui réclame la sienne.
- Tu vas faire comment, alors ? demande Aiden curieux, sortant le rectangle en plastique de son portefeuille.
Elle sourit en l'attrapant, et lui lance avec un clin d'œil :
- Tu verras bien !
Il retient une grimace jusqu'à ce qu'elle soit partie. Eden sait raconter des histoires. Elle est juste incapable de les écrire.
- Mais quelle folle...
Il range sa valise dans le silence de l'appartement vide, fatigué du voyage, tout en ayant l'impression désagréable d'avoir beaucoup d'énergie, remarquant au passage qu'elle a réveillé son esprit, et qu'il n'a à présent qu'une envie : s'occuper. Il finit alors par faire le ménage, mettre le linge sale en attente de leur retour dans la machine à laver, et démonter le clavier de son ordinateur portable pour le nettoyer.
Elle fait irruption dans le petit trois pièce dans l'autre sens près de quatre heures plus tard, un peu après qu'il se soit décidé à aller la chercher, sans en trouver le courage.
- J'ai ce que je cherchais ! lance-t-elle avec amusement. Et tu vas trouver ça extraordinaire. J'ai pu voir plusieurs choses, mais j'avoue qu'il y a des livres de la bibliothèque royale que j'aimerais voir.
- De Theariel ?
Elle tourne la tête vers lui pour le regarder, posant les livres sur la table. Elle avait laissé son manteau en vrac dans l'entrée, et est sortie en tunique et petit gilet dehors. Sachant que la bibliothèque économise le chauffage sur la préservation des livres... Il frissonne en y repensant.
- Non, bien sûr que non. Je n'aurais pas d'intérêt à voir notre bibliothèque vide. Je voudrais aller voir celle d'ici, voyons.
Il la regarde s'activer en y repensant. Il y a quelques jours encore, elle était émerveillée par la quantité de livres qu'ils avaient au palais, et se plaint aujourd'hui du peu de livres qu'elle a. Il ne peut que lui donner raison, tout en cachant son orgueil blessé. Mabka est encore considérée comme la mémoire du Monde Connu, comme on le disait il y a... trop longtemps pour qu'on ne compte le temps. Ce qui veut dire bien entendu qu'elle a les moyens de l'être. Et si Eden ne trouve pas son bonheur dans les bibliothèques publiques, il est certain qu'il existe des archives d'autres choses cachées un peu partout dans le pays de la Valenveil.
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La Vie de Château
ParanormalEden est un génie des langues, capable d'en parler huit, et d'en inventer. Elle n'a pourtant que vingt-deux ans et s'est lancée dans le projet de devenir écrivain. Mais si elle est si douée dans la philologie, elle est une catastrophe ambulante, et...