Chapitre 21

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La vie de château, ça craint. Eden en est persuadée depuis qu'elle va à l'école, et qu'elle s'est rendue compte que personne, absolument personne ne s'inflige autant de choses, et de malheurs que les habitants d'un château. Et elle en a ma claque.

Elle traverse toute l'université, vingt-sept minutes de marche, oui, oui ! Pour frapper à la porte du professeur Epola. L'homme lui ouvre, à croire qu'il passe sa vie dans ce bureau, bazar du bout du monde, et elle demande, de but en blanc :

- Vous auriez des étudiants prêts à travailler sur mes recherches avec moi ? Je les payerais.

Il hausse les sourcils.

- Vous essayez de faire au plus vite ?

- J'essaie de racheter la part de travail d'Aiden pour l'aider lui à aller plus vite, et peut-être aussi à dormir, la nuit. Ce qui ne serait pas royal, dit-elle rapidement. Peut-être que je pourrais tout faire, mais pas toute seule, et à l'évidence, mon camarade d'infortune cache le travail sous lequel il croule.

Le professeur sourit, et lui fait signe d'entrer.

- De quoi avez-vous besoin, en particulier ?

Elle le suit à l'intérieur. Il y a d'autres enseignants, le professeur Delano, et l'enseignante Monsart, et si les deux lui adressent un regard de pitié, lui demandant tacitement de ne pas leur redemander une liste de livres, elle s'en moque comme du courant d'air qui circule dans la salle encombrée :

- J'aurais besoin de quelqu'un capable de me faire la synthèse de livres que je n'ai pas encore lus, histoire que je sache si je peux les lires, ou carrément, s'il ou elle est douée, me relever les passages les plus intéressants. Je me charge d'organiser les notes. Je demande peut-être la lune, mais il me faudrait une ou plusieurs personnes capables de lire en plusieurs langues, et de traduire fidèlement ce qui a été lu.

Le professeur Epola acquiesce :

- Très bien. Dans ce cas, donnez-moi un livre, je vous le lis dans la semaine. Si mon travail vous convient, n'hésitez pas à m'en ramener un autre.

Un livre en une semaine, par un enseignant chercheur, c'est plus que ce qu'elle espérait. Elle ouvre la bouche pour refuser poliment, mais le professeur Mansart parle avant elle :

- Est-ce-que vous en avez en Tearl ? Je peux aider. Je ne suis pas une bonne traductrice, cela dit, je n'ai jamais aimé faire de la traduction pure.

- Mais enfin, s'offusque Eden.

Les deux enseignants sursautent, et le professeur Delano l'observe avec curiosité.

- Je ne peux pas demander à des enseignants de m'aider à faire ce projet. Je n'ai pas les moyens de payer des personnes qualifiées comme vous. Et puis, même si je les avais, ce n'est pas d'une revue scientifique sérieuse, dont je vous parle, c'est de m'en servir pour écrire un roman !

Les deux enseignants debout se regardent, et la femme aux cheveux enroulés en chignon poursuit, à demi-indifférente, pour essayer de rendre sa proposition intéressante :

- Je pourrais aussi reprendre des notes sur des livres d'anciennes légendes que j'ai déjà lues pour faire mes cours, et préparer mes thèses.

- J'ai aussi ce genre de choses, répond le professeur Delano. J'ai fait des études sur certaines traduction de Ponorien, et on sait que c'est sur la période étudiée, ajoute-t-il en fouillant dans ses affaires. Je pense que ça pourrait aussi aider.

Le vieux professeur lève le doigt, signe d'idée :

- Je dois avoir encore le dernier livre que j'ai étudié. Je l'ai lu plusieurs fois, et à l'envers, je crois qu'on peut aussi en tirer quelque chose de-

La Vie de ChâteauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant