Chapitre 23

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La petite réunion improvisée entre Aiden, Eden, et les professeurs Epola, Delano et Monsart a lancé un débat que personne n'a envie de perdre.

- Je suis pas d'accord, réplique l'enseignante, si on en parle dans ces livres, je pense que ça vaut le coup d'aller plus loin. Rien ne prouve que les gens de cette époque n'avaient pas accès à cette magie en laquelle ils croyaient tant.

- Mais dans ce cas on commence à changer le genre, répond le vieil homme. A la fin, on ne sait même pas dans quelle direction on va !

- Le fait est qu'on prêtait des pouvoirs aux membres de la famille royale, dit Eden. On ne sait pas dans quelle mesure c'était vrai.

Le professeur Epola fronce les sourcils, complètement offusqué :

- Enfin, vous n'y pensez pas... !

Aiden laisse sa voisine développer, parce qu'il l'a déjà entendue répondre à cette question. Avec une inspiration, elle ouvre la bouche et commence :

- Je ne dis pas que je crois en la magie. Mais eux, y croyaient, et je répète, on ne sait pas dans quelle mesure c'est vrai. Parce que ça pourrait aussi bien être de la magie qu'une science perdue, à laquelle eux seuls avaient accès. On ne connait pas la manifestation d'un quelconque pouvoir. On ne sait même pas ce que ça pouvait être, pour être honnête, Teal était peut-être un excellent sourcier, mais il est resté dans l'histoire comme un être surnaturel. Je pense que vous devriez continuer de chercher, madame, dit-elle au professeur Monsart.

- Mais enfin, proteste l'homme gris, vous seriez prête à écrire sérieusement là-dessus ? Où serait passé cette magie, alors, si elle existe, hein ?

- Nous ne sommes pas obligés de nous occuper de ça, intervient le professeur Delano. L'histoire ne couvre pas toutes les Horloges. Mais pose encore la question du genre.

- On ne connait pas encore le genre, puisque tous les documents ne sont pas encore triés, et qu'Eden n'a pas encore commencé à écrire, dit Aiden en se redressant. Pour l'instant, il n'y a pas de genre. Et je comprends que pour des chercheurs comme vous, ne pas avoir de genre littéraire précis, c'est comme faire une recherche sans en connaître le domaine. En revanche vous avez le sujet et aucune limite du domaine. C'est pas comme ça que vous avez l'habitude de travailler, mais ça devrait vous faire plaisir, de vous lancer comme ça dans l'inconnu.

Un court silence parcourt la tablée encombrée de lourds bureaux collés les uns aux autres pour l'occasion, sans avoir été vidés. La pièce semble avoir été retournée pour ce rendez-vous, mais personne ne voile la face, elle en avait déjà l'air avant. Et si l'étudiant a du mal à se concentrer à cause du désordre, il semble être le seul dans ce cas.

- Je ne comprends toujours pas, je maintiens, pourquoi partir dans un truc pareil.

La main d'Eden frappe le bois en désignant son colocataire, dans un mouvement d'agacement léger :

- Regardez-le.

Incertain, l'enseignant s'exécute, et Aiden se tourne vers elle nerveusement. Elle secoue la tête et lui dit :

- Non, il faut qu'il te regarde dans les yeux.

Il le fait, plus gêné encore, et elle se dépêche d'expliquer :

- Je l'ai déjà dit à Aiden, mais vous voyez la pointe de jaune dans ses yeux ? Et non, ce n'est pas un effet d'optique, ou de lumière, c'est réellement du doré. Je le sais, je l'ai regardé sous tous les angles. Vous savez, cette culture de la magie, à laquelle vous êtes réfractaire, il en porte encore la trace génétique. Aiden est la preuve vivante que tout ce que croyaient ces gens n'est pas à jeter à la poubelle, bon sang, si il lui reste cette trace dans la famille, ça veut dire qu'il y a encore des choses qu'on ne sait pas. Les membres des familles royales étaient tous représentés avec des iris jaunes, et on part du principe que c'était symbolique. Mais peut-être pas. et au nom de toutes les questions soulevées par ce « peut-être », on doit voir ce que ça donne.

La Vie de ChâteauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant