Chapitre 26

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Les pas précipités du professeur Epola dans les couloirs fait tourner la tête de plusieurs étudiants qui se trouvent assez accidentellement à l'étage administratif. Il arrive, certes en retard, mais bien à la réunion de fin de semestre, pour valider l'année des cas particuliers qui seraient trop justes, ou pour les mentions qui sembleraient difficiles à accorder. Ici, c'est le cas d'Eden Brante qu'il est finalement venu défendre avec autant d'empressement. D'abord parce qu'il adorerait l'avoir l'année suivante, que c'est une jeune femme brillante, intéressée par tout, et ensuite parce qu'une personne passant autant de temps à étudier ne devrait pas se retrouver dans la liste des personnes à ne pas garder pour l'année suivante.

- Elle a encore deux ans à faire, bon sang !

On le salue et il s'installe sur sa chaise, le dossier en main. Il doit patienter deux heures de discussions avant d'arriver au point Eden, qui passe après les mentions.

- J'ai une question, commence l'Intendant. Concernant cette demoiselle... en lisant son dossier, je remarque que l'année a été réglée en entier à son commencement, ce qui n'est pas inhabituel, en soi. En revanche, je n'ai pas de logement pour elle depuis six mois. Et je me permets donc de me demander où a logé cette personne tout ce temps.

Le professeur Epola ricane, de sa vieille voix grave :

- Et ça ne vous inquiète que maintenant ? Vous n'êtes tout de même pas en train de trouver un moyen de retirer cette jeune femme de cette université sur un point aussi pervers que son logement, tout de même ?

L'air pincé, l'Intendant se redresse :

- J'essayais d'être plus discret, mais soit. Si les parents de cette jeune femme ne lui ont pas payé le logement, quelles sont nos assurances quant au règlement de ses frais de scolarité sur l'année suivante ?

- Elle aura les moyens, répond le professeur Monsart tranquillement. J'ai eu l'occasion de discuter avec elle à titre personnel, et c'est elle qui se charge de la question.

D'un contact visuel, les trois professeurs du bureau bazar se mettent d'accord sur la défense à mettre en place, en dépit de leur séparation géographique autour de la table.

- Vous ne pouviez pas la supporter au semestre précédent, commente un autre professeur. Je ne savais pas que vous en viendriez à la défendre.

- C'est une catastrophe ambulante, j'en conviens. Mais cette jeune femme en a plus dans la tête que la plupart des étudiants que l'on aimerait faire briller, je pense qu'elle n'a pas volé son année, qui est de plus tout à fait satisfaisante. Sans compter que cela nous fait tout de même débattre de l'admissibilité d'une étudiante sur des critères privés.

- Vous voulez dire que nous ne devrions pas traiter ce cas ? demande le Doyen posément.

Elle secoue la tête :

- Je pense que comme le disait le professeur Epola, c'est un peu léger comme motif.

- Le respect des règles de vie de l'université et du règlement intérieur sont aussi des problématiques importantes.

- Des problématiques... répète le professeur Delano en riant. Il n'y a que des problématiques dans votre vie, monsieur l'Intendant. Dans celle des autres, il y a des problèmes, des solutions...

D'autres rient doucement à leur tour, et sans optique de changer ce tic de langage, l'homme demande, habitué par la plaisanterie au fil des années. Sa remarque revient :

- Alors sur quels critères pourrions-nous recaler cette jeune femme ?

- Assiduité, propose une enseignante. En présence des cours, mais aussi dans les rendus de ses devoirs.

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