Chapitre 43 : C'était lui

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- S'il te plaît, laisse-moi une chance. Pour nous deux. Ce n'est pas parce que le passé n'a pas été clément, que le futur fera de même.

- Tu ne comprends pas. Si j'accepte, tu vas mourir. Mon mari et mon enfant sont morts, j'ai tué mes parents et Liam. Je ne veux pas te faire subir la même chose.

- Je n'en suis pas si sûr.

- Et comment tu peux en être aussi certain ?

- Tu m'as sauvé alors je ne vois pas pourquoi tu m'achèverais. Concernant Liam, il est toujours de ce monde, je suis optimiste. On fera les choses comme elles viendront, nous n'avons pas besoin de nous précipiter. Je saurai être patient.

- Depuis le temps, je veux bien te croire.

- Tu es d'accord ?

- Comment se fait-il que tu sois si différent ici de chez nous ? Quand on s'est retrouvés, on passait une bonne partie du temps à être en froid.

- J'avais hâte de te ramener chez nous et comme je ne savais pas comment faire puisque nous étions en mauvaise position, j'étais à cran.

- Si tu veux bien, je vais finir m'habiller, il commence à faire froid.

- Et du coup pour ma question ?

- Je te donnerai ma réponse demain.

À quelques mètres de là, Chris courait comme un fou, pour arriver jusqu'à la maison de son amie. Encore trop loin de la porte, il tendait le bras pour y frapper. Au même moment, Ezekiel ouvrit et les deux se retrouvèrent au sol.

- Quel spectacle les garçons !

Christian s'excusa et aida Ezekiel à se relever.

- Tu avais envie de faire une petite course ?

- Non, j'ai découvert des informations qui ne vont vraiment pas te plaire.

- D'accord. Avant de nous le dire, pourquoi tu es venu à pied ? Nous avons pourtant ramené la voiture chez toi.

- Je n'avais pas de temps à perdre à aller la chercher, appeler un taxi ou prendre le bus.

- C'est du gros sérieux là.

- Oui.

Assis dans le salon, Chris a immédiatement expliqué la situation.

- J'ai entendu monsieur Soh parler avec des personnes que je n'avais jamais vues. J'allais passer mon chemin, quand je les ai entendus prononcer ton nom et celui de l'affaire concernant les deux meurtres. J'ai donc laissé traîner mon oreille. Je vais te résumer en gros. Dans un premier temps, il a fait suivre ton mari et toi aussi pour connaître votre emploi du temps, vos habitudes et cetera. Apparemment, pendant que tu étais en voyage et que votre appartement était vide, des personnes s'y sont infiltrées pour y placer des micros.

- Pas de caméras ?

- Non.

- Vu le maniaque qu'était mon mari, je pense qu'il les aurait très vite dénichées... Ils ont bien joué leur coup ces salauds.

- Par la suite, il s'est dégoté un coin tranquille sans personne, pour se débarrasser des deux corps. Dans la nuit, ton mari est sorti se promener avec l'enfant. Il a saisi cette chance et avec de l'aide, il les a embarqués et a laissé des chiens qu'il avait ramenés faire le reste du travail. La suite, tu la connais.

- Alors c'était lui qui était derrière tout ça. Jamais je n'aurais pensé qu'il irait aussi loin. Et dire qu'il a voulu me faire porter le chapeau.

- Ce n'est pas tout. Ce qui reste le plus étrange, c'est qu'il n'a pas pris la peine de se cacher pour en parler ; comme si tout le monde à part moi était au courant ou alors, il l'a fait exprès pour que je l'entende et que je vienne tout te raconter. Dans ce cas, la question serait : pourquoi il a fait ça ?

- En voilà une question qui demeure sans réponse. Il est toujours à son bureau ? Je dois lui rendre une petite visite.

- Non, il est parti suivi de plusieurs voitures. J'ai demandé avant de te rejoindre, mais tous ignoraient où il se rendait et sur son agenda, il n'a aucun rendez-vous inscrit. Je vais vous laisser, il faut que j'aille travailler. Je fouillerai aussi les papiers pour essayer d'obtenir des informations sur où il est allé et quelles sont ses activités.

- Merci par contre, nous ne pouvons pas te raccompagner, nous n'avons pas de véhicule.

- T'en fais pas, je n'ai pas fait beaucoup de sport ces dernières semaines.

De nouveau seuls, Elley explosa de colère en silence. Par chance, seuls les coussins volaient. Plusieurs cadres et bibelot ont été brisés. Ne sachant où se mettre, Ezekiel s'est réfugié dans un coin à la regarder sortir l'aspirateur et des produits de nettoyage.

Voyant qu'elle allait ramasser les morceaux de verre et autre, il se dirigea vers l'armoire à pharmacie pour y récupérer la boîte de pansements en prévision. Il avait bien fait car maline comme elle l'était, Elley ramassa les derniers bouts à la main et s'entailla. Les rôles s'échangeaient. Elle l'avait aidé après sa chute de l'arbre et là, c'est lui qui l'aide.

- Merci.

Le ménage, c'est ce qu'elle fit tout le reste de la journée. Pendant qu'elle s'occupait des chambres, il en profita pour préparer le repas. De toute l'après-midi, ils ne s'étaient pas adressé le moindre mot et aucun regard.

En se rendant compte qu'il n'entendait plus la musique qu'elle avait mise, il s'arrêta et se tourna. Elle le fixait, détaillant l'état de la cuisine. Il fit de même et la panique le gagna. Les ustensiles étaient sales et empilés dans l'évier qu'elle avait nettoyé quelques minutes avant son intrusion.

Contre toute attente, elle ne lui fit aucune remarque et se contenta d'attraper deux verres qu'elle remplit d'eau. Elle en posa un sur la table et repartit avec le sien. Soulagé, l'homme termina de préparer le repas plus détendu. Quand il fit la vaisselle, elle revint et attrapa un torchon pour l'essuyer.

- Tu en as assez fait pour aujourd'hui. Laisse ça, je vais m'en occuper.

Elle lui céda alors le morceau de tissu, continuant mettre la table. Le visage toujours fermé la jeune femme affichait un air de défi.

- J'aurais mieux fait de te demander de t'asseoir et de ne pas bouger jusqu'à ce que j'aie fini.

Le repas terminé, il lui a cette fois dit de le laisser finir de nettoyer la cuisine. Elle le laissa faire. Ils se sont rejoints plus tard dans le canapé pour regarder un film devant lequel ils se sont tous les deux endormis.

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