Chapitre 18 : Retour au combat

2 1 0
                                    

- Au risque de vous contrarier, il va falloir leur donner quelques explications.

- Et que suis-je supposée dire ?

- La vérité ?

- Je pourrais prétendre n'être qu'une voyageuse aimant me battre ou un truc du genre.

- Après être arrivée sur l'un de nos chevaux, c'est impossible et avec cette lance, vous vous êtes grillée toute seule. Dans le coin, aucune autre personne ne possède d'arme aussi travaillée et vous avez cette manière de ne faire qu'une avec, c'est...

- C'est obsessionnel ?

- De quoi ?

- Vous parlez de ma lance et de moi comme si vous ne faisiez que nous regarder.

- Il n'y a aucune obsession là-dedans, j'admire simplement la façon que vous avez de l'utiliser, comme si elle était un membre à part entière, de votre corps.

- D'accord, merci alors.

Les ennemis hors de vue, Elley s'est retournée, prête à rentrer suivie d'Ezekiel. Les combattants la regardaient, émerveillés. Surprise de leur réaction, elle s'arrêta.

- Je crois que faire machine arrière n'est pas le moment.

- Traître !

- Je ne me souviens pas vous avoir dit que j'étais de votre côté.

- Les actes valent plus que les paroles.

- Très bien, dans ce cas.

Cette fois, il se tourna vers leurs alliés.

- Vous pouvez informer tout le monde de la nouvelle.

- Quoi ? Non, Ezekiel...

D'un coup, il posa une main sur la bouche d'Elley et l'autre derrière sa tête pour ne pas laisser sortir un mot de plus. Tout le monde parti, il la libéra.

- C'était quoi ça ? Qui a dit que je voulais que tout le monde soit au courant ?

- Vous dites que les actes valent plus que les paroles alors j'ai mis en pratique vos paroles. En faisant ça, je vous redonne la place qui vous revient et par la même occasion, je vous montre dans quel camp je me trouve.

- Et moi, je n'ai jamais prétendu vouloir la récupérer. Quant à votre camp, votre agissement ne veut pas dire que vous êtes du mien.

- Vraiment ?

- Oui, vraiment.

- Bien, dans ce cas, pouvez-vous m'expliquer pourquoi être venue jusqu'ici vous battre ?

- J'avais besoin de me défouler.

- Je ne vous crois pas.

- Je ne vais pas vous y obliger. Le ciel se couvre, l'orage ne va pas tarder. Vous feriez mieux de rentrer vous abriter.

- Et vous ?

- Je suis assez grande pour m'occuper de moi-même toute seule, merci.

Les deux marchaient à l'opposé. L'un se dirigeait vers la maison tandis que l'autre s'enfonçait un peu plus entre les troncs. C'est perchée sur une branche, qu'Elley assistait à la chute des gouttes et des petits morceaux de glace. Au sol, il y avait du mouvement qu'elle décida d'ignorer.

Les éclairs commençaient leur descente sur terre alors il était temps pour les deux personnes de réellement rentrer et se mettre au chaud. Les chevaux avaient été ramenés plus tôt alors le chemin retour s'est fait en marchant sous la pluie battante, ce qui ne dérangeait pas la jeune femme contrairement à l'ombre qui la suivait.

Dans l'entrée, on leur apporta de quoi s'essuyer. Ezekiel n'étant pas décidé à se montrer, Elley a lâché la serviette par terre, là où il se trouvait.

- Quand vous serez décidé, vous sortirez de là.

C'est ce que fit l'homme, reprenant sa forme humaine sans rien dire.

Un coup de tonnerre. Deux coups de tonnerre. Koe ainsi que Sego sont arrivés en courant pour se réfugier contre la femme, visiblement peu rassurés pas les bruits de l'extérieur. Toujours mouillée de la tête aux pieds, elle se passa une serviette autour des épaules pour enlacer les deux êtres qui étaient venus chercher du réconfort.

Elle voulut rejoindre sa chambre pour se changer, mais c'était une chose difficile étant donné qu'aucun des deux n'était prêt à la lâcher.

Ezekiel qui s'était éloigné, est revenu avec des vêtements secs qu'il lui donna. Anaëlle fit son apparition, tenant une grande serviette pour cacher Elley qui se changeait, pendant que l'homme maintenait difficilement à quelques pas, le loup et le chien.

Son affaire terminée, elle s'est installée près de la cheminée allumée, pour se réchauffer. Koe était assis face à elle.

- Tu sais, tu n'as rien à craindre ici. Rien ne va t'arriver, Ezekiel et moi on te protège. Et puis tu sais dehors, c'est juste monsieur Air Chaud et monsieur Air Froid qui se disputent. Ils vont bientôt se calmer ne t'inquiète pas.

Enfermé dans une pièce, Ezekiel rédigeait quelques lettres qui partiraient une fois l'orage passé. Il avait un certain nombre de questions à poser à cette femme. De nombreux pourquoi, qui demeuraient sans réponse.

Debout devant la fenêtre, il appréciait le spectacle que lui offraient les éclairs qui s'abattaient à l'horizon, impatient que Victoria arrive. De cette façon, Elley pourrait retrouver plus de souvenirs et pourquoi pas, rester à la fin de ce chapitre.

- Monsieur, le repas est servi.

- Merci, j'arrive.

Pendant qu'il s'approchait d'Elley qui discutait avec l'enfant, il se demandait encore quelles étaient les raisons de son départ. Sa présence changeait énormément de choses ici et son absence en avait affecté plusieurs. Même si la situation était instable et incertaine, il appréciait les repas en étant assis près d'elle.

- Dites-moi Ezekiel, savez-vous où est Ambi ? Je ne l'ai pas vu depuis que je suis ici.

- C'est normal. Le changement de monde l'a quelque peu perturbé. Actuellement, il est avec un psylle jusqu'à ce qu'il soit rétabli.

- J'espère que ce n'est rien de grave.

- Nous avons discuté et il va de mieux en mieux.

Le restant du repas, l'homme regardait Elley et détournait le regard vers l'enfant, son assiette ou les murs, quand elle levait les yeux vers lui.

Les estomacs pleins, Elley a demandé à ce que plusieurs personnes surveillent Koe et Sego, car l'orage faisait toujours rage, même s'il avait baissé en intensité et que les deux étaient légèrement moins effrayés.

- Ezekiel, il me semble que nous devions nous entretenir.

Mondes croisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant