Accoudé au comptoir de la salle des urgences, Liam Perrez lit le dossier d'un de ses nombreux patients. Ce jeune chirurgien a atterri dans un hôpital en sous-effectif grave, où il accumule les patients et les interventions depuis un certain temps déjà. Il s'est déjà fait une petite réputation. Depuis qu'il est sorti de l'école, aucun de ses patients n'est mort sur sa table d'opération. Beaucoup le considèrent comme un génie quand lui ne voit que des compétences acquises au cours de ses études. Il se masse les tempes, pensant qu'il serait temps qu'il se repose un peu, il a enchaîné les gardes. Son petit rêve s'éloigne en une seconde. Un interne crie son nom en entrant dans la salle des urgences avec les secours.
– Docteur Perrez ! On a un patient !
Il soupire pour se redonner du courage et se précipite vers le patient en question, qu'ils déplacent dans un lit.
– Qu'est-ce qu'on a ?
Le pompier prend la parole.
– Dorian Klein, homme de 30 ans, cancer du foie. Il est sur la liste des transplantations depuis deux ans.
Liam écoute son cœur.
– Que s'est-il passé ?
– Il a fait un malaise dans le café où il travaille. Ses collègues ont dit que depuis quelques heures, il avait pâli et qu'il avait demandé à rentrer chez lui car il se sentait mal et avait la tête qui tournait.
Le chirurgien hoche la tête et donne des indications aux deux infirmiers avec lui.
– Je vais l'intuber, faites une échographie et mettez le sous perfusion. On fera un scan après.
Tout le monde s'exécute en vitesse. En quelques minutes, le malade est dans un état stable.
– Mettez-le dans une chambre, je passerai le voir dans la nuit.
– Docteur Perrez, je peux m'en charger, vous devriez vous reposer.
– Rentrez chez vous, je me reposerai plus tard.
N'osant pas contredire le médecin, l'infirmier le salue et part. Liam dépose le dossier sur son bureau et s'étire. Il ajuste ses lunettes sur son nez et affiche le dossier de son nouveau patient sur son ordinateur. Il plisse les yeux, compare les différentes images et les données. Le noiraud finit par soupirer.
– Il n'a que 30 ans...
Visiblement, ce n'est pas bon du tout. Il prend son téléphone et appelle l'infirmière référente.
– Oui Docteur ?
– J'ai besoin que vous appeliez le service des dons d'organes. Notre nouveau patient est dans un sale état. Il faut le placer sur la liste d'urgence.
– Je ferai de mon mieux pour voir comment la liste avance.
***
Liam se dirige vers la chambre de son patient. Il a de la peine pour lui. Il est très jeune mais aussi très malade. Le médecin déteste avoir ce genre de cas parce qu'il ne peut pas s'empêcher d'être affecté par le fait de ne peut-être pas arriver à les soigner. Ça le désole. Les couloirs à cette heure-ci sont silencieux et peu éclairés, on se croirait presque dans un film.
Il entre très silencieusement dans la chambre et constate agréablement qu'il n'est plus intubé comme il l'avait demandé étant donné que son état est désormais stable. Pensant que l'homme dort, il décide de juste contrôler son état et de le laisser se reposer. Il vérifie que sa perfusion n'a pas bougé. Un soupir passe ses lèvres, elle n'a pas bougé certes, mais elle est mal réglée. C'est le genre d'erreurs que font régulièrement les plus jeunes internes. Bien entendu, Liam ne laissera pas cela passer. Une erreur quelle qu'elle soit reste une erreur et aurait pu être beaucoup plus grave. Il soupire à nouveau et la réajuste.
Le médecin écrit rapidement ses constantes dans son dossier. Il aurait bien aimé faire d'autres tests mais le pauvre doit être épuisé. Il pose juste ses doigts sur son poignet en regardant sa montre, il préfère vérifier son pouls lui-même. Un jour les machines ont eu un dysfonctionnement, alors il vérifie toujours, par acquis de conscience.
Il le lâche, note deux trois choses dans le dossier et se rend compte que ses yeux sont ouverts. Ils sont d'un noir profond. Le brun s'y perd un instant mais se reprend rapidement.
– Bonsoir Dorian, vous êtes à l'hôpital et je suis le docteur Liam Perrez. Comment vous sentez-vous ?
– Je veux rentrer chez moi. Je vois à votre tête et à votre façon de parler que ça ne s'arrange pas.
– Pour le moment, je ne peux pas accéder à votre demande, je dois d'abord faire quelques tests supplémentaires.
– Combien ?
– Comment ça ?
– Combien de temps est-ce qu'il me reste ?
– Et bien, si on ne fait rien, un mois tout au plus. Si vous me laissez vous aider, il y a une possibilité que vous ayez toute une vie. On vous a déplacé tout en haut de la liste d'attente. Je peux ?
Liam lui montre son ventre, il souhaite palper au niveau de son foie, un examen de contrôle assez bateau, il faut qu'il sache à quoi s'attendre en dehors des radios, et surtout s'il a mal. Il hoche la tête et le médecin soulève son t-shirt. C'est la première fois qu'il s'occupe d'un patient avec une plastique pareille. Il secoue la tête et pose ses mains sur son ventre. C'était assez inapproprié comme pensée bien qu'elle soit très réaliste.
– Avez-vous des membres de votre famille qui pourrait être des donneurs potentiels ?
– Non. Je n'ai pas de nouvelle d'eux et je ne veux rien de leur part.
– Sans vouloir être indiscret, puis-je vous demander pourquoi ?
– Un fils homosexuel et des parents homophobes. Je n'ai pas besoin de vous faire un dessin.
– Je comprends. Désolé d'avoir posé la question. Je voulais juste m'assurer que-
Le blond pouffe alors que le chirurgien remet sa blouse correctement. Il tourne la tête vers la fenêtre.
– Non, vous ne pouvez pas comprendre.
D'un ton calme et détaché, Liam lui répond.
– Ma mère est devenue alcoolique et mon père m'a mis à la rue quand j'avais 18 ans. Pour les mêmes raisons que vous. Alors je pense que si, je peux vous comprendre.
Il ne dit rien.
– Reposez-vous. Je repasserai demain matin.
– Avec des papiers de sortie ce serait bien.
Agacé, le docteur se pince les lèvres.
– Je reviendrai sans. Bonne nuit.
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When You Saved Me
RomanceDans un hôpital en sous-effectif, un jeune chirurgien, Liam Perrez, qui croule sous le travail, aura un dossier en plus. Un patient, Dorian Klein, ne se montre pas coopératif et ne trouve aucune raison pour survivre et se battre contre son cancer. ...