When You Saved Me

5.

Rouge tomate, le médecin traverse les couloirs du service de chirurgie générale à la hâte. Il rejoint son bureau. Il ferme la porte rapidement et s'y adosse. Il souffle. Un rencard. Genre un rendez-vous. C'est ce que font les gens quand... Liam n'en revient pas. Il a un rencard avec Dorian. Comment en est-il arrivé là ? À quel moment se sont-ils autant rapprochés ? Liam est incapable de dire depuis quand Dorian l'appelle par son prénom. Il s'est mis dans de beaux draps. Premièrement, parce que c'est son premier rendez-vous voire sa première relation amoureuse, si ça aboutit à quelque chose après, et que c'est assez nouveau. Deuxièmement, un médecin ne peut pas fréquenter un patient de cette façon. Comment va-t-il réussir à concilier amour et travail ? Peu importe, il ne faut pas se faire des plans sur la comète. Pour l'instant ce n'est qu'un rendez-vous, il avisera ensuite. De toute façon, il ne peut plus dire non. Il n'en a pas envie. Il aime bien Dorian. Peut-être même un peu plus que bien.

Le médecin rejoint son bureau et allume son ordinateur. Il passe sa tête dans ses mains et jette un coup d'œil à son agenda. Il peut prendre sa journée samedi. Mais il faut envisager l'opération. Ils ont moyen de gagner du temps et Dorian commence vraiment à en avoir besoin. Le lendemain, après avoir fait le tour de ses patients, il va voir l'infirmière du service.

– Le dossier de Monsieur Klein ? Suppose-t-elle.

– Tout à fait.

Il rigole. Il est possible qu'il le lui demande plus souvent qu'au début. Elle lui tend en souriant. Le brun la remercie et prend la direction de la chambre de Mister Klein. Il toque et rentre. Ça lui fait bizarre, il y a un trou dans la pièce. Clément est toujours en unité de soins intensifs.

– Oh Liam !

– Hum, disons plus docteur là tout de suite.

– Oh... Tu me fais peur là.

– Disons qu'il faut vraiment qu'on parle des options qui s'offrent à toi.

Il prend une nouvelle fois le petit tabouret et le fait rouler jusqu'à son lit.

– Je t'écoute.

– Ton état est stable pour l'instant, mais il ne faut pas se voiler la face. Tout peut dégringoler en un instant. Tant qu'on ne trouve pas de donneur, il n'y aura pas de solution miracle.

– Mais ?

– Mais, on peut tenter de gagner du temps jusqu'à avoir quelqu'un de compatible. Je pourrais faire une opération, mais ce ne serait pas suffisant pour te guérir. Ce serait comme mettre un bout de scotch sur un pneu crevé.

Il hoche la tête.

– En quoi ça consiste ?

Il lui explique donc le plus simplement possible ce qu'il envisage de faire, c'est-à-dire retirer le plus possible de tissus cancéreux. Pour lui c'est une opération de routine mais c'est à Dorian d'en décider. Le chirurgien lui expose les risques, comment ça se passera après, en bref tout ce qu'il y a à savoir avant qu'il ne prenne sa décision.

– Si tu décides de faire l'opération, il va falloir le faire vite, avant que ton état soit trop grave pour que tu puisses supporter ça.

– Selon toi, est-ce nécessaire ? Est-ce que tu penses vraiment qu'on trouvera un donneur ?

– Je ne peux pas te le dire. Les dons d'organes, ce sont un système complexe, souvent injuste je trouve et lent. Après, il faut savoir que le foie est un organe très simple à donner parce qu'il se régénère. C'est pour ça que la plupart du temps, le donneur est dans la famille.

– Tu sais que pour moi ce n'est pas possible.

– Je sais, Dorian. Je sais. C'est pour ça que je pense qu'il faut gagner du temps, tu commences à en avoir cruellement besoin.

– On ferait ça quand ?

– Je pensais à dimanche. Je n'ai pas de trucs de prévu, samedi toi et moi on sort donc tu seras logiquement détendu et je serai reposé. Donc je pense que dimanche c'est la meilleure option.

– Alors tu dis oui ?

– C'est possible.

– Va pour dimanche dans ce cas.

Il a dit oui. Si Dorian n'avait pas toutes ses perfusions il aurait très probablement dansé.

– Mais.

Le malade redescend très vite de son nuage. Ce simple mot n'ira pas dans son sens, il le perçoit au ton que le médecin a employé pour le dire.

– Si je vois que tu es fatigué, je te ramène à l'hôpital. Et ce n'est pas négociable.

Si ce n'est que ça, alors tout va bien.

– D'accord.

– Ah et une dernière chose. Il ne faut pas que tu en parles.

– Pas de soucis, mais pourquoi ?

– Il est possible que je perde mon travail en te disant oui.

– Oh...Tu prends des risques pour moi ?

– Ouais, ouais. Bon j'y vais. Et ce soir... Je rentre chez moi.

Il s'étire et se lève en se tournant. S'il croit que le blond n'a pas vu à quel point il rougit, et bien il se trompe violemment.

– Liam.

– Quoi ?

– Le rouge te va bien.

– Mais je ne porte pas d-

Dorian glousse, très fier de son coup.

– Ce n'est pas bien de se moquer

Il est gêné et ça le rend encore plus adorable. Il fait la moue et remet ses cheveux derrière son oreille. Ça le perturbe quand il fait ça. Ses cheveux sont assez longs certes, mais pas assez pour rester bloqués derrière son oreille. Il esquisse quand même un petit sourire.

– À demain.

Après lui avoir fait un petit signe de la main, Dorian le regarde disparaître derrière la porte.

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