Chapitre 38

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Cela fait quelques heures que je vagabonde dans l'immense ville de Dubai, sans pour autant prêter une moindre importance à ce qui m'entoure. Je cogite sans pouvoir m'arrêter, d'un côté j'ai l'impression d'avoir réagis bêtement mais de l'autre, je me sens abandonnée et sans importance pour lui. Mes doutes reprennent le dessus, je ne voulais pas me dire que je me trompe sur lui mais j'ai vraiment l'impression d'être une potiche bonne à baiser. Cette simple idée m'horripile et je grimace de penser cela. Je continue de marcher quand mon téléphone se met à sonner. Pendant une seconde, j'imagine que c'est Bradley et me prépare mentalement à le renvoyer bouler sans l'ombre d'un regret mais lorsque je vérifie l'écran, c'est ma mère. Je pourrais faire pareille mais au lieu de ça, j'ignore son appel. C'est à cause d'elle que je doute autant sur l'homme que j'aime. Ma marche est d'une efficacité inutile et sans intérêt, je m'arrête net et souffle comme une âme en peine. Je me demande maintenant si je dois continuer ma marche ou faire demi-tour, j'hésite. Je ne sais tellement plus quoi faire que je m'assois sur un banc à proximité et commence à regarder dans le vide. Qu'est-ce que m'aurait conseillé mon père s'il était encore là ? Certainement que je devrais laisser mariner Bradley jusqu'à ce qu'il revienne de son déplacement... Soudain, l'idée d'appeler Ellie se fait de plus en plus claire dans ma tête. Je reprends mon téléphone et fais défiler ma longue liste de contact jusqu'à m'arrêter sur son nom. Mon doigt se fige, hésitant. Vu l'heure, elle doit dormir à coup sûr, je n'ai pas envie de la réveillée surtout que ce n'est pas grave. Et puis, quoi lui dire ? Que je ne peux pas supporter le fait que j'imagines des choses au sujet de son petit-fils et que je détestes le fait qu'il s'apprête à m'abandonner pour un déplacement à durée indéterminé ? Elle me prendrais pour la plus grande des folles ! Au final, je range mon téléphone et me remets à contempler le vide. Il m'attire tellement que je suis incapable de penser positif. J'ai peur, de quoi ? Je n'en sais rien, peut-être du fait que je n'aime pas le fait que la personne que j'aime me dises cela en me regardant droit dans les yeux. 

Kaycee : Quelle vie... 

??? : Il y en a beaucoup qui aimerait la vivre ta vie... 

Je sursaute violemment quand je reconnais la voix près de moi. Je me tourne vivement, le regard aussi noir que l'abîme des enfers. Bradley se tient près du banc, les mains dans les poches à me contempler avec tristesse. Il a beau avoir ce regard qui pourrait faire craquer n'importe qui, j'ai quand même un peu de rancune envers lui. Je lui tourne le dos en pivotant sur le banc et ne parle pas. J'estime que c'est à lui d'argumenter. 

Bradley : Je sais que j'aurais dû te prévenir plus tôt et que j'aurais au moins du t'en parler ou te proposer de m'accompagner mais, je n'en ai pas eu la possibilité. Je préférer profiter de ta présence plutôt que de t'en parler et je m'en excuse, Kaycee. 

Je reste silencieuse alors que je l'entends s'assoir au bout du banc à quelques centimètres de moi. Je me perds dans la contemplation des hauts building autour de moi sans prêter attention à Bradley, je veux qu'il se mette à ma place un peu. Je crois qu'il ne sait pas à quel point il fait partie de moi et que je n'arrive plus à me détacher de lui. Il tente une approche mais je repousse sa main sans me retourner pour autant. Il grogne de frustration avant de garder le silence un instant. 

Bradley : Tu as raison d'être en colère contre moi, je ne vais pas t'en vouloir mais j'aimerais que tu m'écoutes... 

Kaycee : Pourquoi tu joues avec moi ? Je suis quoi pour toi ? Une simple potiche qui va te rapporter du fric et que tu peux baiser quand ça te chantes ?! 

Je l'entends bégayer, surpris que je rétorque de manière un peu brute et sèche. Je veux le savoir, c'est beau les paroles mais je veux aussi des actes, comme le fait qu'il peut repousser ce déplacement le temps que je suis là. 

Juste toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant