Chapitre 10

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Olivia Solder

Aussi étonnant que cela puisse paraître, on s'habitue au kidnapping. Le fait de quitter la pièce avec un ruban autour des yeux est un véritable rituel, dans la mesure où nous sommes autorisés à quitter la pièce, évidemment.

La première fois se fut mardi, quatre jours après notre arrivée, ou en tout cas c'est ce qu'on m'a dit, pour une visite médicale auprès d'une femme au visage découvert, une vieille madame que je ne connaissais pas, extrêmement sèche et silencieuse, que Sacha non plus ne connaissait pas. Il nous parut cependant logique qu'elle était du village auparavant mais qu'elle avait trop peur pour nous regarder dans les yeux. Comme si nous allions la prendre en traître, je m'étais alors demandé si nos mères avaient su ce qui étaient arrivés à leurs maris et si elles se doutaient à quel point nous étions effrayés, nous aussi. Je ne savais pas ce qui leur avait été dit à elle, tout ce que je devinais c'est qu'elles étaient toutes ici aussi avec nous, ça me paraissait évident.

La deuxième fois, hier, pour une remise en forme, une évaluation de nos compétences sportives. Cette fois nous n'avons pas été séparés.

Et la troisième fois c'était maintenant. Seule, les yeux bandés, complètement désorientée, traînée par deux hommes sans visage dans ce qui me semblait être un labyrinthe.

On me fit assoir sur une chaise avant de me débarrasser du noir dans lequel on m'avait plongé.

Les deux hommes quittèrent la pièce, sans fermer à clé derrière eux, sans même fermer la porte en fait. C'était bien une première, mais je fus tentée de croire qu'il s'agissait d'un piège, alors je restais assise à contempler dans quoi on m'avait fait asseoir. De toute façon, où serais-je allée ? Je n'irai nulle part sans Sacha, je ne le laisserai pas ici, dans l'éventualité où j'arriverai à fuir évidemment.

Il s'agissait sans nul doute d'une pièce d'interrogatoire. Il n'y avait rien d'autre que quatre chaises et une table toujours d'une blancheur exceptionnelle. Deux des chaises étaient de chaque côté de la table, dont une où j'étais assise, et les deux autres encadraient la porte, laissée ouverte.

J'ai dû rester assise une demi-heure avant de voir une horloge juste derrière moi, un homme est entré dans la pièce quelques minutes plus tard suivit d'un autre homme et d'une femme aux yeux bandés que j'ai reconnu aussitôt, maman.

Ils lui ont laissé les yeux bandés, l'ont fait asseoir à côté de la porte, un des deux hommes s'est assis à côté d'elle et a verrouillé la porte, le deuxième s'est assis devant moi.

-Bonjour Olivia. Je pense qu'il est plus agréable de parler à quelqu'un dont tu peux voir le visage.

Il a retiré son capuchon, mais je ne connaissais pas cet homme, les yeux verts extrêmement petits pour son visage et des cheveux gris tirés avec soin vers l'arrière, il semblait cinquantenaire et soucieux de son image.

- Je pense que tu as reconnu quelqu'un au fond de la pièce, nous vous laisserons quelques minutes ensemble si tu réponds correctement à nos questions.

- C'est du chantage, ai-je dis méfiante.

- Olivia... Tu comprends que tu es en position de faiblesse non ? Pour autant si je te demande de ne pas me mentir, je ne vais pas le faire non plus. Bien sûr qu'il s'agit de chantage, mais nous y serons gagnants tous les deux d'une certaine manière non ?

Il y avait du mystère dans ses yeux, sa voix était complètement blanche, aucune émotion ne la traversait.

- Vous êtes la voix.

- Je te demande pardon Olivia ?

- Vous êtes la voix, vous nous avez prévenu pour nos pères, vous nous avez harcelés pour détruire nos santés mentales encore plus qu'elles ne l'étaient déjà.

Ici, tout est blanc. (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant