Chapitre 16

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Olivia Solder

Je crois que je deviens folle, j'ai une nette impression d'avoir perdue la notion du temps. Ils cherchent à me rendre folle, ils me dérangent constamment, pour rien, ils ouvrent ma prison, me réveillent, puis repartent, constamment. Mon sommeil m'est sacré et ils ne l'ont que trop bien compris. J'ai l'impression que le cauchemar commence seulement maintenant, que je m'y perd complètement, je vois des couleurs, des choses, des formes même que je n'ai pas a voir dans le noir complet de ma cellule. Si je ne deviens pas folle alors il y a quelque chose qui ne va pas, je ne supporte plus cette situation. J'ai l'impression qu'ils se jouent de moi, parfois ils m'entraînent dehors, souvent juste après que j'ai mangé. Ils ne m'attachent pas, ne prennent même pas la peine de lier mes poignets entre eux ni même de me bander les yeux. Ils promènent un zombie de pièce en pièce, la lumière aveuglant complètement ma vision, ils surveillent mes résultats médicaux pour des raisons que j'ignore, tous les jours, et me baladent en laissant mes yeux brûler face la base ce d'adaptation à la lumière. Ils me traînent de pièces en pièces, prennent mon sang, ma tension, mettent un flash dans mes yeux puis me ramènent en cellule. Me laissant dans cette forme fantomatique au milieu de tout cela. J'ai parfois l'impression d'être morte, et d'être traitée comme un objet par des hommes que je ne peux comprendre, et dont je ne peux me faire comprendre. Quand j'ai l'impression d'aller pas trop mal, et que je ne dors pas, je tente de garder des souvenirs le plus proche possible de moi, d'une façon ou d'une autre cela m'aide à me sentir moins seule et peut être plus forte.

Sacha avait même eu le droit de venir me voir, je crois que c'était hier ou avant hier, il m'avait dit que les choses s'arrangeront forcément, que ma punition ne pouvait pas être définitive et il m'a informé que ça faisait jamais que 8 jours que j'avais commencé mon enfer. Cela faisait 5 jours que mon sommeil m'avait été coupé à chaque fois qu'il parvenait à se faire une place en moi, par des hommes ou des femmes qui se refusaient à accepter que j'avais les mêmes besoins vitaux qu'eux.

Aujourd'hui personne n'est venu me voir, et je crois que ça m'effraie tout autant. Cela fait des heures que je n'ai pas eu de visites, que se passe-t-il dehors ? La lumière me manque, j'ai besoin de comprendre davantage ce qu'il se passe autour de moi. J'ai l'impression de me perdre alors que je n'ai qu'une espèce de quelques mètres carrés pour vivre.

Ce soir, une femme m'apporte mon repas, elle m'a chuchoté « tu devrais manger doucement, on sait jamais, méfie-toi, certaines substances ne sont pas bonnes pour ton système», et elle m'a déposé un stylo sur mon plateau repas, elle a prit ma tension, puis elle a refermée la porte derrière elle.

J'ai ressenti une méfiance exceptionnelle en même temps qu'un soulagement tout aussi extraordinaire de voir quelqu'un et de voir que le monde continuait de tourner autour de moi même s'il s'obstinait à me briser en ce moment. J'étais aussi rassuré d'entendre quelqu'un me parler, à moi directement et non pas parler autour de moi dans une salle d'examen quelconque.

Comme si mes instincts étaient devenus animal, j'ai vérifié ma nourriture avec mon odorat et j'ai tâtonné pour trouver le stylo qu'elle m'avait adressé. Je l'ai tourné dans mes mains essayant d'en comprendre l'intérêt puis j'ai actionné un petit bouton et une petite lumière s'est déclenchée, dans un sursaut j'ai fait voler le stylo à l'opposé de la pièce. J'ai recommencé à le chercher à taton et est à nouveau actionné le bouton. Cette femme m'avait offert de la lumière, j'avais envie d'hurler de joie ce qui était stupide en soit, c'était un faisceau faible et fragile mais c'était la plus belle chose que j'eu dans ma prison depuis plus de huit jours. Je pouvais en détailler tous les contours. Je me décidai à prendre le couteau que Layna avait caché dans ma nourriture et à le cacher à l'intérieur de mon matelas, je fis une petite entaille et le glissa à l'intérieur, avant de remettre correctement la matière cotonneuse au dessus pour le cacher, je glissai ensuite mon stylo, puis je plaçais mon draps par dessus du mieux que je le pouvais.

A peine quinze minutes la femme est revenue à récupérer mon plateau et a repris ma tension, m'informant d'une « erreur » la première fois sur les données, puis elle est repartie.

Je me sentais épuisée, comme à chaque fin de repas, comme si le peu d'énergie que je reprenais se transformait. Si je me levais mes yeux créaient des formes colorées, je me sentais alors obligé de me coucher, les formes cessaient en quelques minutes et le sommeil me gagnait dans la foulée.

Je me réveillais la nuit ensuite, souvent en sueur, sans savoir réellement où j'étais, bercée pourtant par un sommeil sans rêve, sans avoir eu la notion de combien de temps j'avais pu dormir. J'avais l'impression de ressentir des malaises plutôt qu'un vrai sommeil, parce que je me sentais davantage épuisée au réveil qu'avant de m'être assoupie. J'avais l'impression que mon corps m'envoyait des signaux pour arrêter ce massacre, me demandais de tout arrêter. Je ne comprenais pas comment je pouvais être aussi faible de ne rien faire du tout. Comme quoi, plus vous ne faites rien plus votre corps vous le reproche, alors que je sais que le sport demande à votre corps, qu'il vous le fait également ressentir mais qu'il finit par s'y adapter. Là, l'adaptation est nulle.

Ce matin, lorsque l'infirmière ouvrit la porte, la lumière me fit gémir de douleurs, mes yeux y étaient de plus en plus sensibles. C'était la même femme qu'hier, elle se pencha vers moi, s'assurât a haute voix que j'allais bien et me chuchota « sers-toi en », elle fit mine d'actionner un stylo avec ses doigts puis déposa mon plateau repas par terre devant ma porte, enfin elle est sortie et a refermer la porte derrière elle.

Encore dans les vapes, j'ignorais clairement ce qu'elle entendait par là, je pris trente secondes pour laisser mes yeux se réhabituer à mon obscurité permanente puis, je me levais, soulevais mon matelas, récupérais mon stylo sans déplacer mon couteau et je l'actionne. Comme la veille je le scrutais sans comprendre ce qu'elle voulait que je fasse avec, j'allumais avec précaution chaque surface des murs autour de moi, tous d'un gris opaque, du ciment laissé tel quel sans aucun doute, mais aucun ne m'apportait la moindre réponse. Fatiguée de ses observations inutiles, je m'approchais de ma nourriture, la faim me travaillant déjà, il faut avouer que les quantités ne sont pas exceptionnelles. Pour la première fois cependant, mon stylo me permettait d'observer ce qui était au menu aujourd'hui. Et c'est précisément à ce moment que je compris pourquoi je devais me servir de mon stylo, je compris aussi pourquoi je me sentais aussi faible.

Sur ma serviette en papier avait été écrit « poison (drogue) -> » et la flèche s'oriente droit sur mon plat principal.



Hello ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! 


A bientôt !

Ici, tout est blanc. (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant