Chapitre 6

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Olivia Solder

Une semaine.

Voilà une semaine que notre enfer a commencé.

Une semaine où le sommeil était tout aussi injoignable que les secours, une semaine, seuls et incapables de trouver des réponses ou des indices.

Une semaine d'horreur.

La routine commençait à s'installer, chacun trouvait sa part de travail, même si beaucoup restaient encore cloués au lit, incapable d'affronter la situation, préférant croire à un mauvais rêve. On ne pouvait pas vraiment le leur reprocher. Le peu d'appartements et de maisons que nous devions encore nettoyer, devaient l'être aujourd'hui, la question était encore de savoir si d'autres habitations avaient été retournées cette nuit, auquel cas nous aurions davantage de travail.

Ce fut la première question que je posais à Armand quand il passa la porte d'entrée ce matin, il me répondit que non mais que ce qu'il s'était passé dans le village cette nuit, ne pouvait être que l'œuvre d'un véritable diable. Il s'est assis sur une chaise, m'a conseillé d'aller voir, et est parti vomir presque directement.

J'ai appelé Louis et lui ai demandé de lâcher la boucherie et d'aller rejoindre Armand chez moi. Voir Armand aussi émotif m'a presque rappelé qu'il avait lui aussi perdu son père et qu'il était lui aussi confronté à la situation à laquelle nous étions tous confrontées, mais ce fut bien la première fois que je voyais Armand perdre possession de ses émotions. Louis est arrivé en moins de cinq minutes et j'ai pu partir rejoindre le centre-ville. Mon téléphone a sonné, me faisant frissonner mais il ne s'agissait que de Mathias.

- Olivia il faut que tu viennes dans le centre, Armand est parti te chercher mais tu devrais déjà être là, je suis inquiet, est-ce que tout va bien ?

- Oui j'arrive, Armand a l'air sincèrement perturbé et choqué, j'ai attendu que Louis le rejoigne pour partir.

- Tu as bien fait, il a des raisons de l'être. Dépêche-toi.

J'ai couru sur les dernières rues qui me séparaient de la place centrale, beaucoup de personnes étaient là, me rappelant avec désespoir le regroupement de la première nuit, après m'être faufilé entre tout le monde, je restais pétrifiée devant la scène macabre à mes pieds. Et comprend davantage l'état d'Armand à son arrivée ce matin.

Mathias vient me tenir par les épaules, lui-même déboussolé et en larmes, je le prends dans mes bras.

- Nous ne sommes pas assez forts, ils vont nous détruire.

C'est ce qu'il m'a chuchoté entre ses larmes. Devant nous se dressait 8 corps, 8 femmes accrochées à des chaises, et les têtes retenues par un piquet rajouté sur la structure de la chaise. Les ventres de ces femmes étaient complètement ouverts mais les organes semblaient avoir disparu. Elles étaient vêtues de robes médicales, mises à l'envers pour nous laisser voir les dégâts laissés sur le devant de leurs corps. Leurs cous avaient été coupés avec un couteau, sans que pour autant ses coupures aient l'air d'être très profondes, ce n'était pas ça qui les avait tué. Ces femmes faisaient partie de nos mères, je n'en reconnaissais qu'une et c'était celle d'Armand, elle avait été installée en bout de file.

J'eu l'impression de ne rien ressentir, comme si ces choses inhumaines qui nous arrivaient étaient devenues beaucoup trop régulières pour être réelles. Rien ici ne me paraissait réel, ses femmes avaient disparu, par quel moyen avait put-elles être ramenées sans que personne ne s'en rendent compte, et être installées sur la place publique ? Rien ne pouvait être vrai, il ne pouvait que s'agir d'un cauchemar ou d'une blague de très mauvais goût. Nous allions tous nous réveiller et réaliser que toutes nos familles vont bien, ce serait le cauchemar le plus traumatisant de nos vies mais cela nous irait à tous très bien si on nous le proposait.

Ici, tout est blanc. (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant