Juste pour cette fois

143 17 23
                                    

Il est 21h passée, et je lui ai proposé de la raccompagner, elle n'était pas d'avis puisque «  ma mère va être plus enragée si elle me voit accompagnée d'un jeune homme «  martela t-elle.
-Alors, euh.... À la prochaine, bégayais-je, laissant une petite impression de kiffer sa présence, j'avais moi-même besoin de parler mais hélas elle ne m'a pas laissé le temps de dire quoique ce soit et pour dire vrai, la laisser parler ne me déplaisait pas au final.
- Tu me lâches? Questionna t-elle d'un air moqueur comme si c'était pas elle qui, quelques heures en arrière était « prête «  à mettre fin à sa vie.
-Tu n'es pas galant toi, tu laisses une jeune fille rentrer seule avec tous les meurtres et agressions qui subsistent dans ce coin de l'Université? Je me doutais bien que tu es du genre à se soucier que de toi-même, soupira t-elle
-C'était pas toi qui disait tout à l'heure que ta maman ne digèrerai pas le fait de te voir avec quelqu'un ? Tu es paradoxale, ma jolie.
- Hum tu me trouves jolie? Rougit-elle
- J'ai dit ça ? Ah! Prêtes pas attention à tout ce que je dis, je suis bizarre comme tu dis.

En vrai, j'essayais de traîner en longueur la discussion car de retour à l'Université Gaston Berger, je ne ferai que surfer sur les statuts WhatsApp de mes contacts et j'avoue sa compagnie était bien plus intéressante.
- Un verre ou une glace avant de rentrer alors? Osais-je poser la question
- Elle fit oui comme si un prince lui avait dit « m'accorderez-vous cette danse demoiselle ? », je me doutais qu'elle était limite dérangée, quelque chose tournait pas rond chez elle mais c'était ce coté différent que je kiffais.

On prit un taxi, vu que c'était moi qui invitais normal que je paye même si ce sont les dernières miettes qui me restaient de ma bourse du mois.
On arriva une demi-heure à l'hôtel Les Délices où ont s'assit sur table, appela le garçon et commanda pour ma part une glace à la vanille et la sienne à la fraise. Oui que ça !
- Du champagne? Proposa le serveur, cadeau de la maison, poursuivît-il
-Nonon, on... je ne prend pas, ma religion me l'interdis
- Je dirai pas non moi, sourît-elle, je t'ai toujours pas demandé comment tu t'appelais, désolé j'oublie les bonnes manières dès fois, me fit-elle savoir
- T'inquiètes lui rassurais-je, j'accorde peu d'importance aux accessoires, je suis plutôt du genre à m'intéresser du fond des gens...
- Ah, me coupa t-elle la parole,et mon fond te dis quoi là, tout de suite, à ce moment présent P?
- Pour certains ça ne prends que quelques secondes voir quelques minutes pour déchiffrer ce qui est tapis au fond d'elles mais pour d'autres, c'est une autre paire de manches, ça requiert des années voire toute une vie même si j'ai dû mal à durer avec mon entourage.
- Aller trêve de paroles beau-parleur, présente toi
- Hum, je suis Amadou, soupirais-je, étudiant en droit à l'UGB, j'habite à Dakar, à Mariste plus précisément...
Elle écoutait attentivement comme si le centre de ton attention c'était uniquement ma vie, celle que j'étais entrain de déballer. Au moins jusque là où je dis, j'ai perdu mon père il y a exactement une semaine, l'expression de son visage changea vite...
-Toutes mes condoléances, courage ca va passer, me dit-elle.
Comme des autres avant elle, mais ce qu'ils ignorent c'est que la douleur ne disparaît pas, elle insiste, la plaie sur ton coeur continue de s'ouvrir. Je dis rien juste un petit sourire forcé que je lui adressait, dans ma tête je me disais elle, ils ne peuvent comprendre elle et les autres, la souffrance que l'on éprouve quand on perd quelqu'un, nul ne peut la comprendre même pas nous. Oh, Zut! Elle aussi avait perdu son daron il y a deux ans, mais bon dans ma tête je me disais que ce n'était pas pareil, chaque personne réagit différemment à sa souffrance car oui une douleur n'est jamais collective.
Elle me tient la main, j'étais surprise mais je restait calme vu que cette main posée m'apaisait à cet instant précis et pour ne pas plomber l'ambiance, je me suis efforcé de lui dire
- On passe toujours des épreuves difficiles c'est la vie et puis j'encule le monde
- Oui tu as raison, on encule ce monde, dit-elle à haute voix, j'ai toujours rêvé de crier cette phrase.
Les autres couples avaient les yeux rivés sur nous et, d'un, deux, trois secondes on se tût, moi comme elle ne parlait plus, les yeux rivés les uns sur les autres, mon coeur battant la chamade et, une seule pensée me vint l'esprit le poète qui disait «  Un seul être vous manque et tout est dépeuplé « , il n'a sûrement pas connu l'amour car pour la première fois je me tenais en face de quelqu'un et tout était dépeuplé comme si il n y avait qu'elle dans l'hôtel, dans la ville, que dis-je dans l'univers et nul ne me manquait.
Elle buva à demi le verre de champagne et m'embrassa, cherchait-elle une excuse ou savait-elle qu'elle allait sûrement regretter ce geste et pour plus tard elle accusera les 40 ml de vin dans son sang qu'elle venait d'ingurgiter. J'ai même pas remarqué à quelle moment j'ai réservé une chambre, en tout cas on montait, s'apprêtant à commettre l'irréparable, mais ça on s'en foutait carrément......on se disait juste une fois, juste cette fois.

Père par erreur, papa par choix?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant