Chapitre 21 - La Régence du Presque-Siècle (2/2)

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La princesse roula la tête sur le côté et croisa le regard perplexe de Duncan. Il se tenait toujours à une distance plus que respectable, mais elle aurait facilement pu le toucher rien qu'en tendant le bras.

— La... La dernière guerre ? Eh bien, je ne sais pas... Pas grand-chose, reconnut-il. Quand j'étais petit, je savais simplement que nous étions en guerre et... Tout le monde répétait à longueur de journée à quel point les vampires étaient... méchants.

En effet, d'après les échos qu'elle avait eus, Isabella savait qu'à cette époque-là, chaque problème connu par les lycanthropes était mis sur le compte des immortels. C'était à cause des buveurs de sang que la nourriture manquait, que l'impôt prélevé auprès de chaque loup augmentait, que des familles étaient jetées à la rue... Ce qui n'était pas entièrement faux.

Toutefois, les alphas de chaque meute utilisaient aussi ce prétexte pour appliquer des politiques qui leur profitaient. Surtout que dans les faits, les vampires s'étaient retrouvés en bien plus mauvaise posture que les loups.

— Avec ça, poursuivit Duncan, jamais personne n'était appelé pour aller combattre. Il devait pourtant bien y avoir des batailles... non ?

Rien qu'à sa voix, la princesse sentait sa gêne. Cela était assez étonnant qu'il ne sache pas une telle chose, or Isabella songea qu'il n'avait sûrement jamais eu personne pour tout lui expliquer.

— Les combats ont seulement eu lieu au tout début, révéla-t-elle en se réintéressant au plafond. Il y a cent dix ans.

Elle chercha ses mots, non seulement parce que ces événements étaient compliqués à relater, mais aussi car cela la replongeait dans des souvenirs qu'elle aurait préféré oublier. Néanmoins, même quand elle s'efforçait de les fuir, ils remontaient toujours à la surface, alors autant les affronter.

— Il y a eu un an de réelles batailles, avec le sang, la boue, les épées... Bref, toutes les choses très charmantes que l'on peut imaginer, ironisa-t-elle. Elles ont éclaté sur quasiment toute la longueur de la frontière. Mon père et moi avions ordonné les assauts, car de plus en plus de loups-garous venaient gambader sur notre territoire, lors des nuits de pleine lune. Ils en profitaient pour faire des massacres et croquer tous les immortels qui leur passaient sous la dent.

Le venin contenu dans les crocs des lycanthropes étant mortel pour les vampires, il suffisait d'une simple morsure pour les tuer. Certains loups se lançaient des sortes de défis, afin de déterminer qui arriverait à mordre le plus de buveurs de sang. Une fois sous leur forme animale, ils laissaient leurs instincts primaires les envahir et s'attaquaient à tout ce qui bougeait. Le Grand Alpha de l'époque était au courant de ce genre de pratiques. Au lieu de dissuader son peuple, il l'encourageait à commettre de tels actes.

S'ils avaient su tout ce qu'ils devraient endurer pour mettre un terme à cela, jamais Isabella et le roi n'auraient déclaré la guerre.

— Je participais aux batailles et...

— Par... Pardon ?

Si quelqu'un d'autre s'était avisé de prononcer cette remarque avec d'autant d'incrédulité, elle lui aurait probablement sauté dessus, afin de lui montrer de quoi elle était capable. À l'inverse, sa stupéfaction la fit presque sourire.

— Est-ce que vous réagissez ainsi parce que je suis une femme ou...

— Non, s'empressa-t-il de la détromper. C'est juste que... Vous êtes une princesse. J'ai du mal à imaginer un alpha se battant sur le terrain, alors...

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