Chapitre 13 - Prince Marcus

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— Je vous avais donné une liste de prénoms recommandés pour votre enfant. Pourquoi n'en avez-vous pas tenu compte ?

Anya hésita.

Devait-elle tuer le grand-père de son bébé trois jours après sa naissance, ou attendre un peu ?

— Sauf erreur de ma part, ce n'est pas vous qui avez donné naissance à cet enfant, répliqua-t-elle avec un calme glaçant. Je ne vois pas pourquoi vous seriez concerné par le choix de son prénom.

Elle vit sa mâchoire se crisper, tandis qu'il la toisait avec tout son mépris. La jeune fille se tenait assise dans son lit, vêtue d'une robe légère qui s'apparentait presque à une chemise de nuit. Posté à l'entrée de la chambre, avec ses vêtements impeccables et sa posture fière, le Grand Alpha semblait vouloir lui cracher son autorité à la figure, mais elle ne fléchit pas le regard.

— Ma chérie, commença sa mère d'un ton embarrassé, ne parle pas ainsi à...

— Elle a bien raison ! la coupa Ingvar. Tout Grand Alpha que vous êtes, vous n'avez pas à venir tourmenter ma fille avec ce genre de détails. Encore moins dans son état.

Anya tourna la tête vers son père, étonnée qu'il ose tenir tête au dirigeant. Il ne s'encombrait certes jamais de convenances ou de fausses manières, mais de là à prendre sa défense face à leur chef suprême...

— Sans vouloir vous offenser, monsieur Ingvar, votre fille vit sous mon toit. Je ne tolérerai pas la moindre excuse quant à son "état", puisqu'elle a été assez en forme pour comploter dans mon dos. En tant que Grand Alpha, je dois normalement éclairer chacun des choix qui concerne ma descendance. Je lui avais laissé une liste constituée d'une vingtaine de prénoms, et votre fille s'est fait une joie de l'ignorer.

Malgré ses multiples douleurs et courbatures, la louve se sentait parfaitement capable de l'étrangler.

À sa plus grande surprise, ce fut Charlotta qui intervint :

— J'entends ce que vous dites, monsieur le Grand Alpha, commença-t-elle d'une voix douce, mais ma petite Anya a toujours su comment elle voulait appeler ses futurs enfants. Quand elle jouait avec ses jolies poupées et ses poupons, elle me disait souvent qu'elle donnerait les mêmes noms à ses vrais bébés.

La jeune fille n'aurait jamais pensé que sa mère se souvienne de ce qu'elle considérait comme une simple anecdote. Charlotta paraissait pourtant très émue en prononçant ces mots, et baissa la tête vers le bébé qu'elle tenait dans ses bras.

Les parents d'Anya étaient arrivés au palais quelques heures auparavant et depuis, la jeune grand-mère ne lâchait presque pas le petit.

— Vous m'en voyez très touché, mentit le Grand Alpha, qui semblait prendre sur lui pour se calmer. Mais cet affront n'est qu'un vague exemple de toutes les libertés que se permet votre fille. J'imagine que vous n'avez pas oublié ma lettre...

La louve se tourna vers ses parents, ignorant où il voulait en venir. Se pouvait-il qu'il ait découvert ses activités ?

Cette remarque fut celle de trop pour Ingvar, qui abattit sa canne pour se lever de son siège.

— Si les seuls affronts qui vous tourmentent sont ceux de ma fille, permettez-moi de vous dire que vous êtes un monarque très chanceux ! Vous feriez mieux de vous intéresser aux affaires de votre peuple, plutôt qu'à celles d'Anya.

— Ingvar ! Mon cher, calmez-vous et...

Charlotta fut interrompue par le bébé, qui se mit à pleurer. Elle essaya de le calmer en le berçant un peu, mais Anya tendit les bras pour le récupérer.

Histoires de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant