Chapitre 18 - Un coup sur la tête

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— Je vous avais dit que vous feriez le mauvais choix !

Rowan ne se donna même pas la peine de regarder Anya, trop occupé par sa jument. Lorsque la louve l'avait emmené dans ses immenses écuries afin qu'il choisisse sa monture, il avait pris le temps de s'intéresser aux différents chevaux. Opter pour la dénommée "Douce" lui avait semblé être une bonne idée, or il n'aurait pas pu davantage se tromper.

Depuis qu'ils avaient quitté le manoir, dix minutes plus tôt, la jument au nom trompeur avait déjà tenté de se débarrasser de lui trois fois.

— Vous êtes vraiment une petite sournoise, lança-t-il à Anya. Vous auriez pu me dire que je prenais le pire canasson de votre écurie !

La louve éclata de rire, fièrement perchée sur un cheval noir au pelage éclatant. Fier comme un paon, Tornade obéissait à sa cavalière au doigt et à l'oeil, et avançait d'un joli pas cadencé. À l'inverse, Douce amorçait une ruade à chaque occasion et se penchait sans cesse pour brouter l'herbe. À ce rythme-là, ils mettraient deux jours avant de réussir à se promener.

— Vous prévenir et rater le spectacle de voir Douce vous enquiquiner ? Certainement pas !

Elle rit de nouveau et Rowan marmonna des jurons à sa jument, qui s'était soudainement arrêtée au milieu du chemin. Il eut beau tapoter les flancs couleur crème de l'animal, celui-ci refusa de repartir.

— Et là, qu'est-ce que je suis censé faire ? fit à l'adresse d'Anya, désabusé. Vous allez m'insulter si j'ai le malheur de la frapper trop fort.

Lui-même détestait se montrer violent envers les bêtes, mais il voyait mal comment se faire obéir. Heureusement, Anya le prit en pitié et ordonna à la jument d'avancer :

— Douce ! Avance, ma grande ! On va faire un tour !

La concernée souffla des naseaux avec insolence, ce qui ne surprit pas Rowan.

— C'est un cheval, commenta-t-il. Pas un gentil toutou qui comprend tout ce qu'on lui dit.

— Figurez-vous que les chevaux ont de grandes capacités de compréhension ! Douce est simplement... un peu têtue. Elle est née ici et a toujours été comme ça. Un palefrenier m'avait aidé à la débourrer, mais...

— Oh, si vous vous êtes chargée de son éducation, je comprends qu'elle soit têtue ! l'interrompit-il d'un grand air théâtral. Telle mère, telle pouliche...

Elle leva les yeux au ciel, sans paraître trop offusquée. Elle réagissait de moins en moins à ses taquineries, ce qui interpellait un peu le loup. S'il avait su que l'air de la Terre du Saphir la rendrait si agréable, il l'aurait ramenée chez elle bien plus tôt.

Douce ne répondant pas aux sollicitations d'Anya, celle-ci finit par s'approcher avec Tornade. Elle se pencha pour attraper le filet de la jument et la força à avancer. L'animal se cala sur le pas de son congénère et Rowan poussa un soupir de soulagement.

Il put enfin admirer les magnifiques prairies qui entouraient le manoir, recouvertes de quelques restes de neige. Un lourd manteau n'était pas de trop pour affronter le froid, même si un soleil dénué de chaleur brillait au-dessus d'eux. Anya avait affirmé qu'il s'agissait d'une journée idéale pour se promener, et le loup ne pouvait qu'être de son avis. Il aurait apprécié une température un peu plus élevée, or il savait qu'il ne pouvait pas s'attendre à mieux dans la région. Le ciel dégagé permettait d'apercevoir les montagnes rocheuses qui s'élevaient au loin, recouvertes de glace.

— Nous allons rejoindre la forêt qui est là-bas, l'informa Anya en pointant du doigt des sapins qui bordaient la prairie. Si nous ne traînons pas trop, nous devrions avoir le temps de la traverser. Une petite surprise vous attendra de l'autre côté.

Histoires de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant