L'inconnu perdit connaissance presque aussitôt qu'il m'eut demandé mon aide. Je le portai jusqu'à l'abri, au chaud des flammes, et le mis dos contre la roche afin de pouvoir l'ausculter. Inspirant à fond, je m'assis à genoux et me mis à l'examiner.
Grâce à la lumière orangée, je pus mieux constater l'état de sa santé. Premièrement, ses doigts étaient bleutés à leur bout, un signe que le sang n'arrivait pas à y circuler correctement. Le garçon portait des vêtements rapiécés, légers et bien trop petits pour lui. Quelle idée, de grimper sur une montagne avec un accoutrement aussi peu couvrant.
Je passai ma main sur son front. Brûlant. Son teint blafard et sa respiration lente ne me disaient rien de bon. La tête contre son cœur, j'écoutai son pouls battre au ralenti. Mauvais signe, mauvais signe et mauvais signe.
Paniqué, je fouillai dans ma sacoche, cherchant la poudre de piment que j'avais emportée avec moi. Mes mains tremblaient, mais je parvins à préparer une pommade pikpik en un temps express. Il fallait impérativement ramener son corps à une température normale, sinon il risquait d'endommager ses membres... Les extrémités du corps ont tendance à se frigorifier en premier, et on peut dire adieu à ses doigts s'ils ont gelé.
J'appliquai donc consciencieusement le produit sur ses mains. Elles étaient douces et rudes à la fois. Je fus un poil rassuré en constatant qu'elles avaient déjà l'air moins bleues. Ensuite, je mis ses pieds à nu et fis la même chose. Ses orteils, à première vue, n'avaient pas eu le temps de geler eux non plus. Ils chauffaient près du feu depuis quelques minutes.
Maintenant, l'étape la plus importante...
La poitrine. Ou plutôt le cœur. Car dans un état d'hypothermie aussi conséquent, le cœur est prompt à lâcher.
Déglutissant, j'étalai la pommade sur mes mains en fixant le torse de l'inconnu.– Je n'arrive pas à croire que je vais faire ça...
Inspirant à fond, je me repris. Mes mains passèrent sous son haut beige. Bon sang, il était sacrément bien foutu. Je n'avais qu'effleuré ses muscles, mais je les devinai bien dessinés, en dessous de ce maigre bout de tissu. Pour une raison inconnue, je me surpris à rougir. J'allais vraiment dans les limites de la bienséance.
Je touchai son cœur. Surprenamment, il cognait avec énergie sous mes doigts maladroits. Pourtant, tout à l'heure, son rythme de battements était bien moins régulier et intense.
Je massai avec précaution son torse, faisant attention à ce que la matière pénètre bien. Il avait un grain de peau délicat, mais je sentais sous mes doigts des cicatrices épaisses sur son tronc.
Dieu merci, il n'est pas réveillé, me dis-je en m'attelant à la tâche.
Mes yeux se baladèrent distraitement sur son visage. Je me demandai de quelle couleur étaient ses iris.Au moment où je me fis cette remarque, ses paupières se soulevèrent. L'inconnu reprit conscience en sursautant. Je retirai mes mains comme s'il m'avait brûlé, aussi surpris qu'il ne l'était.
– Qui es-tu ? s'exclama-t-il, les yeux écarquillés.
Avant que je n'aie le temps de lui répondre, il voulut se lever précipitamment, et se cogna la tête contre le haut de l'abri. Il se rassit alors, geignant sous douleur.
Je levai les mains en signe de paix.– Doucement ! Je ne te veux aucun mal !
Il voulut toucher le haut de son crâne, mais j'arrêtai son bras dans l'instant. Je vis alors son regard bleu me sonder attentivement. Le calme ne l'avait pas entièrement gagné, mais c'était un début.
– Tu t'es évanoui en revenant de la montagne, lui expliquai-je. Je t'ai amené ici pour te soigner...
Il continua à me fixer quelques secondes puis baissa les yeux, hochant la tête. Il bougeait ses doigts encore légèrement bleutés, touchant la texture du soin que j'avais appliquée sur sa peau.
Je sentis les battements fantômes de son cœur me picoter les mains.
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Le souffle de l'aventure【Link x Reader♂】BOTW
FanficÀ l'aube du réveil d'un grand Héros perdu, T/P se met à la quête d'un remède pour soigner sa mère d'une maladie troublante; le syndrome de la Princesse. La Déesse guide alors ses pas jusqu'au plateau du Prélude. Si à priori ce lieu déserté de tous...