Chapitre 19 "Mamie'

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"Ah putain ! Comment je me suis retenu de l'embrasser !"

"Pourquoi tu ne l'as pas fait ?"

Je rassemble mes affaires dans mon sac après avoir retiré mon uniforme.

"Je voulais pas paraître pour une fille facile, puis vous étiez là, et je digère pas les filles de la boîte de nuit, c'est débile mais pour le flirt tu dois rester fidèle d'après moi"

Elle se laisse tomber sur son lit.

"Putain, même blessé il est trop beau"

Elle se relève d'un coup.

"Désolée, on dirait une groupie"

Je rigole en fermant la fermeture de mon sac.

"Tu penses qu'on a géré pour la chorée ?"

"Le coach veut me parler pour le salto et la réception improvisé, mais vous avez toutes géré sinon"

"Tu penses que tu vas te faire engueuler ?"

"Y a des chances, elle est super sévère"

"Oui j'ai remarqué mais c'est pour notre bien, elle sait ce qu'elle fait"

Nous marchons jusqu'à l'aéroport, portant aussi les sacs des garçons, chargé comme des ânes, Monsieur Anderson arrive en courant et nous aide à porter le tout.


"Nous y sommes"

Je détache ma ceinture et sors de la voiture.

"Merci de m'avoir emmené Hector"

"C'est normal"

Maman m'emmène jusqu'à la chambre de ma grand-mère et s'enfuit avant que cette dernière la voie, je toque puis entre en refermant délicatement derrière moi.

"Bonjour, je suis Melody"

Sa tête se tourne lentement vers moi, un sourire étire ses lèvres, sa peau ridée et ses cheveux blancs ne l'empêchent pas d'être magnifique, je me tiens debout à côté de son lit, ses mains attrapent les miennes.

Mon cœur se resserre dans sa cage, je renifle pour ne pas pleurer devant sa mine attendrie.

"Tu as les mains si douces"

"Je dois beaucoup les entretenir avec le cheerleading"

"Tu es cheerleaders alors, comme ta maman"

"Oui madame"

"Tu peux m'appeler mamie ? Je n'ai jamais eu la chance qu'on m'appelle ainsi, tu es la seule petite fille que j'ai"

"Oui mamie"

Elle resserre son étreinte assez faible sur mes mains, je m'assois à côté d'elle, je souris tellement que ça m'en est douloureux.

"Tu ressembles tellement à tes parents ma puce"

"Vous pouvez me parler de papa grand-mère ?"

"Bien sûr ma chérie, que veux-tu savoir ?"

"Tout ce qu'il y a à savoir"

"Ton papa n'est pas vraiment mon fils, je ne suis que sa mère adoptive, à notre époque, beaucoup d'enfants se faisaient abandonner à Philadelphie"

"Avec mon mari, nous voulions sauver ces enfants, nous avons rencontré les parents de ton papa, ils ne pouvaient pas s'occuper de ce pauvre petit, nous n'avons pas hésité une seule seconde et l'avons adopté"

"Nous étions déjà vieux à cette époque, mais papa s'occupait beaucoup de nous alors qu'il n'avait que 10 ans, il aidait beaucoup grand-père"

"Il n'a jamais fait de crise d'adolescence, il ramenait toujours des bonnes notes à la maison, il faisait ses devoirs la nuit et le soir il nous aidait à la ferme"

"Pour ses 11 ans, on lui avait adopté un chien, pour qu'il ne soit pas tout seul si nous venions à mourir un jour ou l'autre"

"Résultat, il l'a dressé et les deux nous aidaient à la ferme, ce petit a été la meilleure chose qui nous soit arrivée"

"Quand il a rencontré ta mère, c'était une vraie boule d'énergie, il accomplissait le travail deux fois plus vite pour pouvoir l'appeler le soir"

"Ta mère adorait son chien, mais un soir, il s'est fait écrasé par un homme ivre, ça nous a tous attristés, mais ça les a aussi rapprochés"

"Comment il s'appelait ?"

"Light, c'était le chien le plus gentil que je n'ai jamais connu"

"J'aurais aimé le connaître"

"Je me doute ma puce"

"Un soir, papa est rentré à la maison, beaucoup moins joyeux que d'habitude, le travail n'était pas fais, on ne comprenait pas ce qu'il se passait"

"S'en suit la mort de mon mari, j'ai vraiment cru que j'allais perdre mon fils, la seule personne qui me restait sur cette belle planète, on allait me le retirer aussi"

"Il m'a expliqué que ta mère l'avait quitté sans raison, il était tellement anéanti mon petit ange qui souriait tout le temps était devenu morose"

"J'en ai beaucoup voulu à ta maman, mais maintenant que je te vois, je comprends, tu dois sûrement avoir 17 ans"

"Oui mamie"

"Elle était enceinte de toi ma puce, ta mère était la seule à connaître notre fils aussi bien que nous, je pense qu'elle a compris rapidement qu'il ne saurait pas gérer la nouvelle"

"Elle t'a donc élevé toute seule, elle est si courageuse, ça a du être terrible pour elle, j'ignorais qu'elle était enceinte"

"J'aimerais tellement pouvoir te voir dans les bras de ton papa, mais ça ne doit pas se passer ainsi"

"Comment ça ?"

"Tu comprendras rapidement ma puce, quand le temps viendra, c'est encore trop tôt"

"Je suis rassuré, tu ressembles quand même à ton papa quand tu souris, l'homme qui était fou amoureux vie encore en toi"

J'essuie mes larmes en souriant.

"Papa était gentil alors"

"Un ange tombé du ciel"

"Tu es si belle, je peux mourir en paix, mon héritage se porte bien en plus d'être magnifique, vie ta vie comme tu le souhaites ma chérie et ne laisses personne t'en dissuader"

"Sois amoureuse comme ton père l'a été pour ta mère, je veillerais sur toi en haut, on rattrapera le temps perdus quand le temps viendra, fait attention à toi mon ange"

"Tu es si douce, tu me rappelles ma jeunesse, mon mari aurait été si heureux de te voir, tu es ce qu'on a toujours rêvé d'avoir"

"Ton papa t'aime beaucoup ma chérie, ne l'oublie jamais, ton papa et ta maman t'ont toujours aimé et ils t'aimeront toujours, on ne sépare pas les liens de sang aussi facilement"

Son rythme cardiaque s'accélère sur la machine, les larmes sur mes joues, je crie de toutes mes forces, les infirmières arrivent en courant et commence un massage cardiaque.

Le son s'arrête autour de moi, je recule en regardant la scène se dérouler sous mes yeux, ma tête tourne, grand-mère, non, pas encore. J'ai encore tant de questions à lui poser...

Dennys HillsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant