- Arrêtez de courir ainsi les filles ! Par tous les anges, elles vont se blesser ! S'écriait une femme à la chevelure hésitant entre le roux et le blond, mimant de relever sa jupe pour s'élancer à la suite des deux enfants lorsqu'une main, ferme et grande, se posa sur son épaule pour l'en empêcher.
- Laisse-les faire, elles ne font rien de mal, elles s'amusent simplement, souffla un homme grand, son visage dur habillé de lunettes ne pouvant pourtant pas chasser le sourire en coin qui trônait sur ses lèvres ni le regard empli d'amour qui veillait sur la fillette aux deux tresses dont les reflets miellés semblaient captiver le soleil qui parcourait la plaine à toute allure, sa main dans celle de sa meilleure amie.
- Mais...commença-t-elle avant de concéder. Tu n'as sûrement pas tort.
Du haut de ses six ans, Chimène savait déjà comment faire pencher la balance de son côté. Elle rayonnait de bonheur, cette joie enfantine qui réside dans un sourire adressé aux nuages, un rire pour avoir été arrosée par l'eau froide d'un ruisseau, la découverte d'un lieu inconnu aux milles couleurs chatoyantes qui surpasse tous rêves.L'enfant, prenant la main de sa compagne de jeu, l'entraîna à sa suite vers le champ de lavandes qui s'étendait non-loin. Elle attrapa un brin de ces fleurs et le glissa derrière son oreille avant de faire de même avec avec son amie.
- Avec ça, ma Nuna, tu vas faire tomber sous ton charme ton fiancé ! Lança-t-elle du ton enjoué qui la caractérisait tant.
- Tu parles, je ne veux pas le séduire ni même le rencontrer ! Répliqua directement l'autre, soufflant sur sa frange noire qui cachait ses oreilles pointues à force de longueur.
- Alors, si tu ne veux pas parler de ce soir, jouons ! Je serai... la princesse, non, la reine de ce pays !
- De quel pays parles-tu ? Demanda l'elfe en fronçant les sourcils tandis que la petite blondinette penchait sa tête sur le côté.
- Ne le vois-tu donc pas ? Là, un peu plus loin, au bout du chemin qui fend les parterres de lavande, se dresse mon majestueux château de souveraine ! Et là, tous ces petits insectes, ce sont mes fidèles et courageux paysans dont je prends grand soin !
- Maintenant que tu le dis, oui, je les vois ! Mais si tu es la reine, que suis-je, moi ?
- Ma meilleure amie, ma plus loyale conseillère, la générale de mes armées, et par-dessus tout, ma chère thélény !
- C'est parce que je sais parfaitement me battre et que je pourfendrai tous ceux qui voudraient du mal à notre tendre royaume. Mais... ne nous faudrait-il pas des époux ?
- Pourquoi donc ? Tu es une guerrière, tu n'as pas le temps pour ces niaiseries. Et moi, je suis une reine, une femme forte qui n'a besoin de personne pour la défendre ! Personne, sauf toi !
Les minutes s'écoulèrent, suivies des heures, néanmoins le temps semblait distordu, comme replier sur lui-même, jouant à un jeu mesquin. Les deux enfants riaient, couraient, se couchaient dans les fleurs, sans que jamais leur imaginaire ne leur fasse défaut. Quand vint le cruel instant de la séparation, un homme gigantesque aux longs cheveux noirs et à la peau couverte de cicatrices à la ressemblance frappante avec la petite elfe, venant chercher sa fille, les parents de la blonde faisant de même, elles ne purent s'empêcher de fondre en larmes dans les bras l'une de l'autre.
- Ne m'oublie pas cette fois, s'il te plaît Chimène ! Pleurnicha la brune, ses yeux verts sapins déversant des torrents d'eau salée.
- Je te le promets, Nunavik ! Dit l'autre, le cœur gros.
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Derrière le Miroir
خارق للطبيعةQuand les étoiles saignent "Je ne les laisserai pas détruire ce monde qui est devenu mien. Je sais ce que la destruction fait, j'en suis le résultat. Je veux voir des enfants rires, sourire aux personnes âgées, sentir la pluie sur ma peau, rattraper...