Chapitre II : Les larmes de la pluie (Partie 2)

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   Dehors, contre les baies vitrées de sa chambre, la pluie battait toujours, d'une force démentielle, comme si elle recrachait la haine qu'elle avait en elle et qui y avait trop longtemps était renfermée. Depuis maintenant trois heures, Chimène s'attelait à la tâche : elle décorait la pièce qui lui appartenait désormais afin de la rendre quelque peu plus chaleureuse.

   En revenant du dîner, qui avait été plus que maussade et silencieux en raison de la présence de ce qu'elle aurait pu qualifier de nobles, elle avait eu la surprise de trouver devant sa chambre nombre de cartons qui se trouvaient contenir la majorité de ce que comportait sa chambre dans Paris, bien qu'une majeure partie ne fut que des copies, comme elle avait pu l'observer au vu de leur état. Elle trouvait cela rassurant et inquiétant à la fois.

   Rassurant parce que savoir ses affaires chez elle, son vrai chez elle, pas celui que l'on venait de lui attribuer contre son gré, signifiait que l'immeuble dans Paris resterait sa maison et qu'elle aurait certainement l'occasion d'y revenir. Inquiétant aussi par le fait qu'ils aient accès à tout ce qui lui appartenait.

   Ainsi, elle emplissait les armoires qui tapissaient les murs de livres, qu'elle triait par couleur, ajoutant quelques décorations dans chaque casier, affichait des posters de choses dont elle était fan, rangeait plus ou moins bien ses fournitures dans les tiroirs de son bureau, qu'elle avait déjà recouvert d'objets utiles auxquels elle tenait.

   Au bout d'une heure de plus de travail acharné, alors que son ordinateur annonçait le nouveau jour, elle admirait son dressing, dont elle avait été étonnée par l'existence même et sa spacieuse superficie, remplit à ras-bord, avec notamment des vêtements qu'on semblait lui avoir offert avec son arrivée, mais cependant parfaitement organisé. On toqua à la porte, et la blonde se leva pour aller ouvrir, l'air quelque peu plus enjoué grâce à l'arrangement de la pièce.

- Excuse-moi de te déranger, souffla Jaeden, une main sur la nuque, lorsque la porte s'ouvrit sur lui. Je voulais... Oh, jolie chambre ! Ça a dû te prendre du temps de rendre ça si confortable !

- Quatre heure environ, avoua-t-elle dans un sourire, étrangement ravie de sa visite pour une raison qu'elle ignorait totalement ; elle s'effaça pour lui permettre de renter. Que me vaux ta visite ?

- Je passais simplement dans le coin.

- À une heure si tardive ? S'étonna la jeune fille en s'asseyant sur son lit, lui désignant par la même occasion le siège de bureau sur lequel il refusa cependant de s'asseoir.

- Ça peut paraître tordu, effectivement. Je reviens juste de la chambre de Darius en fait. Il se trouve que vous êtes en quelque sorte voisins, et comme tu es restée assez discrète durant le dîner, j'en ai profité pour venir voir si tout se passait bien pour toi.

   Elle lui adressa un sourire timide, ses longs cils couvrant ses yeux qui avaient pris des nuances d'un bleuet plaisant. Il lui rendit son sourire avant de contempler avec plus d'insistance le travail qu'elle avait fourni. Ses doigts passèrent le long des rangées de livres pleines à craquer, ses genoux se plièrent pour se mettre à la hauteur de trois blocs de rangements dans lesquels séjournaient du matériel de dessin. Il fronça les sourcils en remarquant une tache sombre souillant le cutter malheureusement posé en évidence, mais s'abstint de tout commentaire. Ses yeux glissèrent jusqu'au télescope qui ornait la terrasse, et son visage s'illumina.

- Alors comme ça, on aime les étoiles ? La taquina-t-il gentiment tandis qu'elle passait nerveusement deux doigts sur sa clavicule gauche.

- Je plaide coupable, finit-elle par souffler en levant doucement ses deux mains.

- Rien d'étonnant pour une Enfant du Crépuscule, déstresse, lâcha-t-il en observant l'objet sous toutes ses coutures.

- Une quoi ?

Derrière le MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant