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Je balance une fois de plus la balle en plastique que je tiens contre le mur en face de moi et soupire fortement en la rattrapant. Mes affaires sont encore dans un coin attendant d'être déballées mais faire cet acte montrerait définitivement que cette chambre n'est pas la mienne, que les cris que j'entends ne sont pas ceux de mes frères et sœurs. J'observe les alentours, le mur blanc est taché de diverses traces et marqué de trous plus ou moins gros. Un petit lit jonche la pièce, aucune décoration et un sol dont la propreté laisse à revoir. Cet endroit me dégoûte, je ferai tout pour y rester le moins longtemps possible. Je me lève et m'avance à la fenêtre pour observer la vue, vue encore plus triste que cette pièce misérable. Je tire sur la poignet, c'est bien ce que je pensais. Ils condamnent les fenêtres à moitié pour pas qu'on puisse s'échapper, ou se suicider au choix.

Je laisse glisser mes doigts sur le bois de la tête de lit et grimace, ils passent jamais le ménage ou ça se passe comment ? Ma main est noire. Je suis encore dans mes pensées quand j'entends toquer à ma porte. Un éducateur apparaît avec un sourire que je juge hypocrite plaqué sur le visage.

- C'est l'heure du repas, tu viens ?

C'est pas comme si j'avais le choix. Je grommelle doucement et le suis dans le couloir. Plusieurs portes menant à d'autres chambres s'y trouvent dont certaines ont la porte ouverte. Je laisse glisser un regard curieux vers elles et y découvrent des personnes qui ont l'air aussi paumées que moi. Une en particulier attire mon regard. Ce fameux Adric se fait salement engueuler par l'éducatrice. Pas besoin de tendre l'oreille, il gueule tellement fort que tout le bâtiment doit l'entendre sans déconner.

- T'arrêtera quand tes conneries ? Je passe mon temps à passer derrière toi pour réparer tes merdes.

- J'en ai rien à foutre, laissez-moi me barrer d'ici et y aura plus de problèmes vous êtes cons ou quoi ?

Je m'arrête pour observer la scène mais il remarque mon regard inquisiteur. Un sourire carnassier vient dessiner ses lèvres et il me fait signe de le rejoindre. Un frisson me parcourt l'échine, j'ai un très mauvais pressentiment concernant ce mec et préfère continuer ma route. J'ai très bien vu les gouttes de sang s'étalent sur le sol et l'énorme trou qui prend presque tout le mur du fond de sa chambre. Mes parents ont vraiment pensé que j'arriverai à retourner sur le droit chemin en me mettant au milieu de tarés du genre ?

Je rejoins la salle commune. Des dizaines de personnes de tout âge, des gamins qui courent à des gars baraqués comme jamais qui ont l'air d'avoir leur propre table. Je suis atrocement mal à l'aise et me dirige vers une table encore vide dans le coin de la pièce. J'ai aucune envie de sociabiliser et de faire semblant d'être heureux d'être ici. Impossible d'oublier les yeux remplis de larmes de Naël et la peur dans les yeux d'Asma. Je devrai être à leurs côtés actuellement, prendre soin d'eux et devenir enfin le bon frère que j'aurai toujours dû être. Heureusement que Jamila, Rahim et Wassim sont encore trop jeunes pour comprendre vraiment les choses. J'ai simplement eu à leur dire que je partais dormir quelques jours chez Amir mais ce mensonge qui est sorti de ma bouche m'a brûlé de l'intérieur, je reviendrai pas d'ici plusieurs mois au moins.

Mes poings se serrent, pourquoi ils sont obligés d'être aussi bruyants ? J'ai envie de leur hurler de fermer leurs gueules. Que des déchets de la société regroupés en un seul et même endroit. Tous les gamins abandonnés par leurs parents, des enfants violents, drogués, pas stables mentalement, ayant subis des viols, de l'inceste ou ayant eux-mêmes commis ces choses. J'ai pas ma place ici, je devrai être dans mon lit tranquillement à lire le Coran. Une main se posant sur mon épaule me tire de mes pensées.

- Pourquoi t'as fuis ? Je te fais peur ?

- Personne me fait peur, je crains que mon Créateur.

- Ahh tu fais le dur toi, t'as l'air compliqué.

Cataclysme [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant