04. Jeu de regards

9.4K 331 43
                                    






Aksana

Après ma douche, je trouvai des vêtements sur une petite commode : un pantalon slim noir et un tee-shirt oversize, d'un noir presque total. Ils étaient simples, presque banals... mais aussi étrangement normaux pour quelqu'un qu'ils pensaient être une prostituée. Était-ce une tentative de me rendre plus docile ? Ou bien voulaient-ils me faire oublier la violence de ma situation ?

Je me détournai de cette pensée, craignant qu'elle ne prenne trop de place dans mon esprit. Pas maintenant. Pas après tout ce que j'avais déjà traversé. Je m'habillai rapidement, mes mains tremblant à peine. Puis, saisissant la brosse, je me mis à peigner mes cheveux, tentant de calmer les battements effrénés de mon cœur. Mais alors que je passais la brosse dans mes cheveux, la porte s'ouvrit soudainement.

— Tu es prête ? demanda Kirra, sa voix douce et presque apaisante.

Je hochai la tête sans vraiment la regarder. Je n'avais pas la force de croiser son regard. D'ailleurs, je n'étais prête à rien. Mais je n'avais pas d'autre choix que de la suivre. Elle m'indiqua d'un geste de la main de la suivre, et je la suivis sans un mot. La peur me tenaillait, mais je me sentais presque paralysée par le flot incessant de questions qui tourbillonnaient dans ma tête.

Nous marchâmes dans un long couloir silencieux, montâmes un escalier en colimaçon moderne. Chaque porte que nous passions semblait plus imposante que la précédente, et la tension montait dans ma poitrine à chaque pas. Pourquoi autant de portes ? Que cachaient-elles toutes ?

Finalement, Kirra s'arrêta devant une porte métallique, en sortant une carte jaune qu'elle glissa contre la serrure. Un bruit sourd se fit entendre, et la porte s'ouvrit. Une grande pièce s'étendait devant moi, baignée de lumière. Des baies vitrées recouvraient presque tous les murs, et des tableaux aux couleurs vives étaient accrochés ça et là. Rien à voir avec la froideur des autres pièces où j'avais été. C'était presque trop parfait, comme un mirage.

— Il ne faut pas que tu les regardes dans les yeux, me dit Kirra d'une voix basse.

Je n'eus même pas le temps de répondre, pas même de poser la question. Qui étaient "ils" ? Et pourquoi fallait-il les éviter du regard ? Mais avant que je puisse formuler une pensée cohérente, Kirra se mit en marche vers un autre couloir, m'invitant encore à la suivre.

Nous montâmes des escaliers modernes, les murs blancs comme de la neige reflétant la lumière. La pièce était étonnamment vide. Un espace immense, mais tout semblait calme, trop calme. Je savais que quelque chose n'allait pas. Une porte s'ouvrit devant nous, et j'entendis des voix, un murmure qui se noyait dans la pièce. Je m'arrêtais net.

— Qui sont-ils ? murmurais-je, à peine audible.

Kirra me jeta un regard furtif avant de poser sa main sur la poignée de la porte. Elle frappa trois fois, comme une formalité. Avant qu'on ne puisse répondre à quoi que ce soit, la porte s'ouvrit doucement, laissant place à un homme au visage marqué par les années. Ses yeux bleus fixèrent d'abord Kirra, puis se posèrent sur moi, me scrutant du regard.

Son expression changea imperceptiblement. Il nous laissa entrer sans un mot, mais je sentis ses yeux me suivre, un peu trop attentivement.

Une fois à l'intérieur, je fus accueillie par des regards lourds, inquisiteurs, presque inhumains. Des hommes et quelques femmes étaient assis autour d'une table, certains sur des chaises de cuir, d'autres les bras croisés, tous les yeux braqués sur moi. Je me sentais nue, exposée comme un animal de foire, et chaque mouvement que je faisais était scruté. Je détestais ça.

Puis, je le vis. Lev. Ses yeux sombres se posèrent sur moi, et je le reconnus instantanément. C'était lui. Celui qui m'avait fait cette promesse : "Si tu veux rester en vie, appelle-moi". Pourquoi était-il là ? Pourquoi m'avait-il envoyée dans cette pièce ? Je sentis un frisson glacé me parcourir l'échine. Son regard était froid, presque amusé, mais je ne savais pas pourquoi. Me trouvait-il aussi insignifiante que les autres ? Ou bien était-ce une ruse ?

— Cette réunion est terminée, dit une voix rauque derrière moi, me faisant sursauter.

Je me retournai vivement. Un homme grand, musclé, à l'air menaçant, me fixait. Ses yeux verts perçaient la pièce, et je me sentis encore plus vulnérable sous son regard. Il croisa les bras, observant la scène avec un certain dédain. Une bouffée de panique monta en moi.

— Bogdan, arrête de jouer au jeu de l'alpha, murmura Lev, d'une voix calme. Elle sera parfaite pour les affaires.

Mais l'homme aux yeux verts, Bogdan, éclata de rire, un rire froid et sans joie.

— Ne me prends pas pour un imbécile, Lev. Cette gamine ne sert à rien dans ce que tu appelles des affaires ! Vous pensez qu'elle est ce que vous cherchez ?! Elle ne vaut pas mieux qu'une... poupée.

Je ne pouvais pas bouger. Mes jambes tremblaient. L'air devenait plus lourd à chaque mot prononcé. La peur me paralysait, et j'avais du mal à respirer. Allaient-ils vraiment me tuer ? Ce n'était pas possible. Pas après tout ce que j'avais déjà traversé. Pourtant, un malaise grandissant m'envahissait.

Le regard de Lev croisa le mien, presque indéchiffrable. Une seconde, je crus voir quelque chose qui ressemblait à de la culpabilité dans ses yeux, mais elle s'évanouit aussi vite que cela était apparu. Le regard de Bogdan me transperça, et je compris alors qu'il n'était pas du genre à offrir de rédemption.

Je n'étais rien ici. Rien de plus qu'un objet, une marchandise dans leurs yeux.

Il fallait que je m'en sorte. Peu importe les risques. Peu importe le prix.

______________________

Hey !! Alors quelle sont vos théories ?
Que cherchent à faire Lev, Kirra et les autres ? Enfin la première approche avec Bogdan !!!

Avec tout mon amour. Nesslodd.

Instagram : @Nesslodd

Instagram : @Nesslodd

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
BOGDAN (Mafia Book) [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant