Chapitre 17: Annonce problématique

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Le lendemain matin, Dambury attendit que la marquise soit avec son mari pour qu'elle puisse parler avec sa mère. Elle trouva cette dernière dans le petit salon, en train de tisser. Elle referma la porte derrière elle et s'assit au plus proche de sa mère, pour être certaine qu'elle sera la seule à l'entendre. Connaissant sa mère et ce qu'elle voulait lui dire, elle décida de commencer avec douceur, bien que ça n'adoucira pas Victoria.

_Bonjour mère ; dit Ariella en prenant les instruments, pour tisser.

_Bonjour.

_Le petit-déjeuner était-il à votre goût ?

_Pourquoi ? Est-ce toi qui l'a cuisiné ?

Ariella les yeux aux ciels en soupirant. Victoria, loin d'être idiote, savait que sa fille ne lui posait pas ses questions par véritable intérêt, elle avait même déjà une petite idée de ce qu'elle voulait. Après tout, tout le monde savait qu'elle s'était prise le bec avec Lord Devitto, bien que la raison était inconnue.

_Non mais je veux juste savoir si la comtesse, la reine mère, la magnifique et splendide Victoria Dam...

_Ça suffit ; la stoppe Victoria en posant ses instruments.

Le regard posé sur sa fille, elle lui demanda d'aller droit au but.

_Comment ça ? Je veux juste... ; commence Ariella en se triturant nerveusement les doigts.

_Ariella Dambury !

_Je veux pas l'épouser; dit-elle de but en blanc.

La marquise haussa les sourcils, regarda sa fille sous tous les angles. Elle voulut parler mais sa fille la dévança :

_S'il vous plaît mère, ne me regardez pas moi mais lui. Nous connaissons toutes les deux sa réputation et vous et moi savons très bien que s'il était absent le jour de notre arrivée, ce n'était pas parce qu'il s'occupait d'un quelconque village. Les hommes comme lui ne s'occupent que d'eux-mêmes. Cet homme ne pense qu'à forniquer. Il a essayé de m'embrasser hier.

A cette annonce, Victoria se montra plus intéressée.

_Et quand je l'ai repoussé, il a osé me dire que c'était dans son droit.

_Et alors ? Vous êtes fiancés.

_Mère, allez-vous arrêtez de porter ce masque une minute ?

Victoria prit une bouffée d'air qu'elle expira en fermant les yeux.

_Soite. Je vous confie que moi non plus je ne l'apprécie guère, bien qu'il soit physiquement très avantagé.

Ariella soupira de soulagement en apprenant que sa mère était de son côté. Mais comme il y'avait toujours un "mais"...

_Mais que voulez-vous faire ? Rompre les fiançailles ? Que l'annonce n'ait pas encore été officiellement faite ne change pas grand chose. Les Pompadour nous ont invité chez eux, ils nous ont bien accueilli et je vous passe le reste. Comment pensez-vous qu'il réagirait si nous apprenions que nous avons changé d'avis ?

Agacée, Ariella se leva et se dirigea vers l'une des fenêtres. Admirant la vue durant une minute, elle se retourna en demandant ~sans vraiment attendre de réponse~:

_Que vous a-t-il pris d'accorder ma main à un homme pareil ?

_Vous avez refusé toutes les demandes que vous aviez reçu, nous n'allions tout de même pas vous laisser devenir vieille fille.

_Mieux vaut finir vieille fille que mariée à ce rustre fornicateur; dit Ariella avant de quitter la pièce d'un pas rageur.

Ne baissant pas les bras, elle se mit à la quête de son père, qu'elle croisa dans les couloirs, en compagnie de Frédéric.

_Lord Frédéric ; salue-t-elle rapidement.

_Lady Dambury.

Ils échangèrent un doux sourire qui ne passa pas inaperçu.

_Cela vous dérangerait-il que je vous le pique cinq minutes ?

Elle n'attendit pas vraiment sa réponse et entraîna son père avec elle. Elle le dirigea vers les jardins, où elle espérait qu'ils n'auraient pas affaire à d'oreilles indiscrètes. Rapportant la discussion partagée tantôt avec sa mère tout en omettant le passage sur le baiser, Ariella lui exposa ses soucis et ses envies. Mais il lui répéta la même chose que Victoria. Annuler ses fiançailles sans un motif explicite n'est vraiment pas une bonne idée.

_Pour faire cela, sans vexer le marquis et son épouse, il faudrait que lord Julien se fasse prendre en flagrant délit; dit Gustave après quelques minutes de silence.

_Ah oui ?

Le comte hocha la tête. Bras dessus bras dessous, Ariella continua à marcher avec son père tout en réfléchissant à cette idée.

_Est-ce seulement pour les raisons citées que tu ne veux pas l'épouser ?

_Comment ça "seulement" ? Ne pensez-vous vous que ces raisons suffisent ?

_Si, bien sûr que si. Mais êtes-vous sûr qu'il n'y a pas d'autres raisons ?

_Que voulez-vous dire père ?

_Eh bien... Lord Frédéric est un charmant jeune homme, tout à fait responsable en plus.

_Quoi ? Mais non... Il... C'est juste... Mais voyons père; finit-elle par se plaindre, ne trouvant plus ces mots face à cette insinuation.

Insinuation qui pourtant, resta dans sa tête, l'amenant elle-même à se poser la question.

La promise de DeVitto.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant