Chapitre 23: Un peu plus que petit

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_Alors ? Alors ? S'exclamaient les enfants pendant que les adolescents, ainsi que Frédéric lui-même aidaient à servir le repas.
Ariella en avait été abstenu car elle était une invitée. Et si les enfants se battaient habituellement pour porter le repas de la cuisine à la table ~peu importe l'endroit où ils mangeaient~, ils se sont, cette fois-ci, assis docilement dès que la chose a été annoncé... car il y'avait quelque chose qui avait le plus attiré leur attention à tous.
_Alors quoi ? Demande Ariella face à cette dizaine de paire d'yeux fixée sur elle comme des tournevis bien serrées.
_C'est quand le mariage ?
_Comment tu l'as rencontré ?
_Lucy !
_C'est un prince charmant hein ?
_Il a chun cheva chanc.
_Il faut toujours vouvoyer quelqu'un qu'on ne connaît pas.
_On est invité hein ?
Euh... Tant de questions et de mots fusaient tellement qu'Ariella ne savait plus où donner de la tête. Elle ne savait même plus comment ça avait commencé ? Mariage ? Les enfants ont-ils deviné qu'elle se marierait bientôt ? Et puis, un prince charmant ? Ce guignol de Julien ? Ce serait plutôt un riche bouseux oui et encore... la richesse venait uniquement de sa famille... et un paysan vaudrait sûrement mieux que lui.
_Est-ce que...
_Ça suffit ! Du silence tout le monde ! Intervient enfin Frédéric, la voix empreinte d'une autorité dont il faisait rarement usage.
_Vous l'embarrassez. La pauvre lady ne sait plus où se mettre; continue Wilmot sans laisser à Fred le loisir de terminer.
Il prit un pichet contenant du jus d'orange pressé et renversa un peu de son contenu dans une tasse en nickel.
_Toutes ces questions doivent vous mettre mal à l'aise. Désaltérez-vous donc ma lady; dit-il en lui tendant la tasse, un sourire charmeur sur les lèvres.
Ariella le remercia et prit la tasse en lui offrant un sourire en retour. Wilmot s'étant déplacé dans son dos, elle ne pouvait voir son expression mais Frédéric, qui s'était finalement déplacé vers un autre banc, directement en face d'Ariella, ne pouvait la rater en aucun cas, d'autant plus que ça lui était destiné. Ce petit marmot avait bien fait le lien entre les fiançailles de son frère dont il avait entendu parler quelques jours plus tôt, Ariella et... Frédéric lui-même.
_Assis-toi et cesses de faire des manières; dit Frédéric.
Wilmot leva les mains en signe de rendement, sans que son sourire badineur ne s'efface pour autant.
Il prit finalement place aussi et Frédéric se décida à faire les présentations.
_Lady Dianbury, permettez-moi de vous introduire Dame Isabeau et Dame Marguerite, qui sont au service de l'orphelinat.
Arielle hocha la tête en souriant, tandis que Frédéric continuait :
_Dame Isabeau, Dame Marguerite, je vous fais l'honneur de vous présenter Lady Dambury, fille du comte et de la comtesse Dambury du Comté de Lysange.
Pour une raison qu'il préféra ne pas identifier, Frédéric omis de préciser le statut matrimonial de la jeune demoiselle. Quelle différence cela ferait-il de toute façon ? Elle n'est pas mariée... Pas encore.
_Il manque Sieur Gauthier qui s'est rendue en ville pour quelques courses; ajoute Fred. Je vous le présenterai une prochainement fois.
Est-ce que cela veut dire qu'il l'invitera à venir à nouveau ?
_Nous sommes honorées de vous recevoir Lady Dambury. Votre présence est un véritable encouragement pour nous.
_Je suis aussi ravie de faire votre connaissance mesdames. Je suis impressionnée par votre travail ici; répond honnêtement Ariella aux deux femmes à l'allure quinquagénaire.
_Par le votre aussi Lord Frédéric; ajoute Ariella en posant ses yeux amandes sur l'intéressé.
Frédéric fut surprit qu'elle le mentionne mais n'en était pas moins ravi... bien qu'il soit difficile de le lire sur son visage. Ah, un instant... Ne serait-ce pas un étincelle dans ses yeux ? Malheureusement, avant de complètement l'identifier, l'attention d'Ariella fut détournée par une pression sur sa manche.
_Oui Lucy ? Répond Ariella en baissant les yeux sur la petite qu'elle avait posé sur ses genoux.
Les enfants n'avaient habituellement pas le droit de parler quand ils mangeaient mais on dirait bien que les gérantes avait décidé de tolérer cela cette fois-ci. Etait-ce pour Ariella ou pour elles-mêmes qui étaient toutes aussi curieuses que les enfants ?
_Vous... vous mariez quand ?
La question causa un silence total sur la petite assemblée. Chacun attendait la réponse, bien que chacun avait sa propre raison.
Ah ! Ses enfants étaient vraiment intelligents, savoir qu'elle était fiancée et qu'elle va bientôt se marier se marier juste en la regardant...
_Je ne sais pas. La date n'a pas encore été choisie; répondit finalement Ariella en faisant de son mieux pour contrôler la froideur de sa voix ~même si elle ne put s'empêcher de hausser les épaules, signe évident de manque d'intérêt que certains ont interprété comme de la résignation~.
Les enfants soupirèrent en cœur comme une seule âme, attristés par la cruauté des parents.
_Ne sois pas triste; l'encourage Lucy en lui tapotant le bras, l'air compatissante.
Ariella ne comprenait pas vraiment tout de ce qui se passait alors, elle avait décidé de juste se laisser porter par le cours de la discussion, se contentant de répondre quand on lui demandait. En regardant Lucy lui tapoter le bras, elle ne put s'empêcher de lui mettre des cheveux gris sur la tête, une couverture brodée autour du buste, une petite paire de lunettes rondes sur le nez et du fil à broder ainsi qu'une épingle sur les genoux.
_Pff; pouffe-t-elle avant de serrer les lèvres dans la seconde suivante.
Oups.
_Pourquoi tu ris ?
_Parce que je te trouve très mignonne; sourit-elle en lui pinçant la joue.
A sa décharge, ce n'était pas un mensonge. Cet enfant, ainsi que tous les autres qui les regardaient avec des yeux de chiens battus étaient très mignons. Mais elle ne pouvait définitivement pas dire qu'elle riait parce qu'elle avait comparé la fillette à une vieille petite grand-mère. Lucy rougit à son compliment ~ou était-ce peut-être à cause du pincement~ mais Arielle ne s'y attarda pas car...
_Si vos parents refusent; commence Wilmot.
_Vous n'avez qu'à vous marier en secret; termine un autre garçon un peu moins âgé.
_Certainement pas !
Ariella ne se rendit compte qu'elle avait crié que quand le mal était déjà fait. Mais peut-on vraiment le lui reprocher quand on lui parlait de précipiter son mariage avec ce nigaud ? Elle préférerait encore se pendre. Elle essaya néanmoins de rattraper sa bêtise :
_Je veux dire... ce ne serait pas correcte de faire une chose pareille.
_C'est pas grave; dit un autre enfant.
_Après, ils n'auront plus le choix.
Euh... c'est elle qui n'aura plus le choix. Pas qu'elle en ait beaucoup d'ailleurs.
_D'accord mais pour se marier il faut...
_J'apporte un voile; interrompe Lucie qui s'affaira à descendre de ses genoux.
_Moi ches feurs; continue une fillette qui ne devrait pas avoir plus de quatre ans.
_Je serai le prêtre; dit Wilmot, jouant au jeu comme s'il ne connaissait la véritable situation de ces deux nobles.
_Il faut une fleur en guise de broche; continue son ami.
_Des pétales.
Et ainsi de suite, tous les enfants ont déserté la table à la recherche de ce qu'ils jugent nécessaire pour un mariage, alors que certains n'avaient même pas encore fini leur repas.
_... Un mari; murmure Ariella en terminant enfin sa phrase.
Pour se marier ~en cachette ou non~, il faut un un mari, aux dernières nouvelles. A quoi ses enfants voulaient-ils la marier en l'absence de l'autre idiot qui était sûrement en train de roucouler avec Cynthia.
Les deux quinquagénaires, gérantes de l'orphelinat, se mirent à rire en mettant une main devant leur bouche. Elles avaient bien entendu ses deux derniers mots et avaient l'air de lire dans ses pensées.
_Ne soyez donc pas si nerveuse ma lady, il n'y a pas meilleur choix que votre époux; glousse Dame Marguerite.
Pas de meilleur choix que Julien ? Parlait-elle du même Julien au moins et puis...
_En effet, Sir Frederic fera un excellent époux; renchérit Isabeau.
Hein ?

La promise de DeVitto.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant