Chapitre 14: Un heureux et un grognon

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Ariella, Victoria et Anna prenaient le thé dans le petit salon quand un domestique s'annonça. Il présenta une missive pour la marquise après sa révérence et s'en alla quand il en reçut l'ordre. La marquise ne tarda pas à ouvrir la lettre et quelques minutes plus tard, elle dit à ses compagnes:

_C'est une lettre d'une proche amie à moi, elle vient passer quelques jours ici avec ses deux filles.

_Cela vous dérangerait-il qu'on attende leur arrivée pour organiser le bal ? Demande Anna quelques minutes plus tard.

_Pas du tout ; répond Ariella, soulagée d'avoir un peu plus de temps.

Le but de ce bal, qui est d'officialiser ses fiançailles avec l'héritier du marquisat de Pompadour, obligeait Lady Dambury à passer presque toute la soirée avec ce dernier. Et comment le dire ? Elle n'en avait aucune envie.

Après le thé, Ariella se rendit dans la serre, où elle espérait trouver Frédéric. En fait, elle ne fit pas la moitié du chemin qu'elle tomba sur lui. Parée d'un sourire joyeux ~loin d'être feint~ elle le salua. Chose que Frédéric lui rendit, de même que le sourire, bien qu'il ne soit pas aussi grand que le sien. Salutations faites, Ariella ne savait plus comment engager la conversation, sans paraître  agaçante. Elle avait espéré le trouver dans la serre avec un livre, ce qui lui aurait permis de prendre la lecture comme excuse afin de passer du temps avec lui. Malheureusement, elle l'avait rencontré sur son chemin, les mains vides en plus. Elle ne pouvait pas non plus lui demander où il allait, ça pourrait être indécent. Finalement, je vais rester toute seule à la serre; se dit-elle.

_Je... Je vais à la bibliothèque ; dit Frédéric, sortant Ariella de ses pensées.

Son interlocutrice leva des yeux brillants vers lui. Et bien que ce ne soit pas la première fois qu'il faisait face à l'éclat de son regard, il eut la même réaction que les fois précédentes, avec pour conséquence, sa déstabilisation.

_Elle... Elle est pleine de livres; ajoute-t-il avant de se rendre compte de la stupidité de sa remarque. Je veux dire... Vous en trouverez certainement quelques uns à votre goût.

Etait-ce une invitation ? Ariella se dit que oui, ainsi donc, elle le suivit à la bibliothèque. Ils marchaient côte à côte, sans mot dire mais cela ne mettait aucun des deux mal à l'aise. Mais avant d'arriver à destination, ils croisèrent Lord Julien qui, apparemment, la cherchait.

_Vous voilà enfin; dit-il en les approchant. Je vous cherchais.

Un magnifique sourire et un baise-main plus tard, il lui proposa une promenade en amoureux, qu'elle refusa le plus poliment possible, prétextant une petite fatigue et sa préférence pour la lecture. Le fiancé sembla un petit peu déçu, il lui dit:

_Je vois. Je vais donc aller m'entraîner au combat à l'épée, si l'envie vous prend d'apprendre quelques techniques, vous serez la bienvenue.

_Je n'en doute pas ; sourit-elle.

Ainsi, Lord Julien les quitta, l'air neutre mais en réalité, c'était tout l'inverse. Sa fiancée était vraiment différente de ses femmes fréquentées auparavant. Après toutes ses tentatives, il n'avait même pas droit à un vrai sourire. Comment faisai-elle pour résister ? Une invitation à son entraînement en plus, auquel il avait prévu de combattre torse nu. Argh ! Pourquoi, avec tous ses efforts qu'il avait faits, n'était-elle pas sous le charme ? Même un peu. Comment pouvait-elle préférer passer du temps dans une bibliothèque à lire des livres poussiéreux avec son frère à une séance sensuelle d'entraînement avec lui ?

Frédéric fut surpris qu'Ariella refuse l'invitation de son frère. Ça devait être une première pour ce dernier. Pour lui aussi d'ailleurs. Jamais une femme n'avait préféré sa compagnie à celle de son frère. Et alors que son cœur se remplissait de baume, il se souvint qu'elle avait décidé de rester avec lui seulement pour les livres. Mais où avait-il donc la tête ?

Il ne mirent pas longtemps à arriver à la bibliothèque. Frédéric prit place sur un fauteuil en s'emparant du livre présent sur la petite table en posant, et Ariella se mit à parcourir les étagères, l'esprit tourmenté. Elle ne savait pas pourquoi elle aimait tant être avec lui, pourquoi elle pensait tant à lui... Elle se posait tant de questions sur lui, sur ses réactions à elle. Etait-ce mal de chercher des excuses afin de passer du temps avec lui, de préférer sa présence à celle de son frère, d'apprécier les traits si doux de son visage, de vouloir le regarder encore et encore ?

La promise de DeVitto.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant