Chapitre 24: Mariage en petite comité

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Ce qui se passa dans le quart d'heure suivant échappait complètement au contrôle des jeunes nobles. Sans rien y comprendre, Ariella s'était retrouvée avec un voile blanc sur la tête qui la rendait aveugle ~parce que les enfants n'en avait pas trouvé un qui soit un tant soit peu transparent~, un bouquet de fleurs sauvages entre les mains et presqu'en marche vers un soi-disant prêtre... et son futur époux. Elle ne savait pas trop quoi dire ~son avis n'avait pas été demandé non plus~ mais elle s'était laissé faire. Ce n'était qu'un jeu après tout, et il n'est pas de mauvais goût. Ce qui l'étonna par contre c'est que Frédéric accepte sans broncher, lui qui est d'habitude si froid et insouciant ~du moins c'est l'impression qu'il donne~. Il doit vraiment beaucoup aimer ces enfants pour accepter de jouer une telle comédie.
Ariella sursauta au premier coup de violon, un son qu'on aurait du mal à identifier tant il ressemble à celui de la cloche au milieu de la ville qui sonne midi. Elle sentit les mêmes frissons que les siens parcourir le corps de Sieur Gauthier. Oups pardon... de son père Gauthier parce que les enfants ont décrété que si son père était assez méchant pour lui refuser le mariage avec son prince charmant alors, elle n'avait qu'à tout simplement changer de père. Sieur Gauthier en l'occurrence. Le pauvre homme était revenu il n'y a même pas dix minutes et se retrouvait déjà père d'une inconnue pour un mariage inconnu.
_Ma fille; dit-il en lui présentant sa main.
Un pauvre homme qui avait l'air aussi enthousiasmé qu'un enfant. Peut-être n'était-il pas aussi "pauvre" finalement. Se rendant compte qu'Ariella ne voyait pas du tout sa main, Sieur Gauthier lui prit la sienne et les fit avancer sur l'allée de la mariée. Heureusement, pour les tympans de tout le monde, quelqu'un avait réussi à faire arrêter le joueur de violon. C'est donc dans une atmosphère silencieuse, mais plaisante que la mariée et son père marchèrent jusqu'à l'autel. Arrivés, Ariella sentit sa main passer de celle de son père à celle, suppose-t-elle, de Frédéric. Ce dernier avait manifestement ôté ses gants car Ariella sentit tout de suite, la chaleur de son toucher, lui procurant un frisson des plus paisibles.
_Que tout le monde prenne place, nous allons commencer; dit Wilmot, très sérieux dans son rôle de prêtre.
Sous son voile et face au prêtre, Ariella se demandait à quoi ressemblait l'expression de Frédéric à cet instant. Jouait-t-il le jeu en donnant l'air d'être heureux ou était-il frustré de se retrouver obligé à jouer à un jeu aussi puéril avec elle ? Elle secoua subtilement la tête se remettre les idées en place et d'arrêter de penser à ces choses-là. Ce n'était qu'un jeu et elle ferait mieux de ne pas l'oublier.
Frédéric de son côté, baissa la tête pour regarder sa future épouse, les yeux voilées d'une couche de douceur qu'il ne semblait même pas remarquer. Elle ne portait rien d'extraordinaire, et ce voile de dernière minute lui cachait tout le visage ainsi que les cheveux. Mais pourquoi alors, la trouvait-il si belle ? Quel est donc ce chatouillement au creux de sa poitrine à chaque fois qu'il pose le regard sur elle ? Il reporta son regard sur leurs mains entrelacées et serra la sienne, bougeant son pouce de haut en bas, sur la main de sa dite mariée, désireux de mieux sentir la douceur de sa peau.
_Nous sommes réunis en ce jour; commence Wilmot avec un air des plus sérieux. Pour célébrer le mariage...
Frédéric reporta son attention sur Wilmot, ce gamin farceur.  Leurs regards se sont croisés et l'adolescent lui adressa un sourire suffisant.
_... l'union de ces deux chers et tendres. Une union d'amour entre cette femme à la beauté délicate et au sourire d'ange et de cet homme apathique mais cruellement amoureux...
Frédéric lui lança un regard noir, se retenant de toute sa volonté pour garder ses lèvres scellées malgré son envie de choper ce gamin par le col et de... La prise d'Ariella sur sa main s'accentua. Il doutait qu'elle l'ai fait volontairement, mais cela la raisonna tout de même.
_... Lord Frédéric DeVitto, jurez-vous devant Dieu et les hommes d'aimer et de protéger cette lady ici présente jusqu'à ce que la mort vous sépare ?
Frédéric, pris au dépourvu, se demanda soudain : "Par ma foi, en quelle folie me suis-je embarqué ?" Mais en son for intérieur, il ne pouvait nier qu'il ne détestait point l'idée d'épouser Lady Ariella. Toutefois, il songeait à l'inconfort que cela pourrait lui causer. Certes, ce n'était qu'une cérémonie pour amuser les enfants mais il est probable que cela la dérange.
Le silence environnant, les sentiments exprimés par le visage de chacun, les mots de Wilmot, le voile de la mariée... Pourquoi tout ceci avait l'air si vrai ?
_Oui.
_Oui ... ? Insiste sournoisement Wilmot.
Frédéric baissa les yeux sur Ariella et répéta à nouveau:
_Oui, je le jure.
Peut-être qu'aucun adulte dans cette assemblée ne le savait, Frédéric non plus mais sa promesse n'était pas moins solennelle qu'une promesse faite avec la main posée sur la bible.
_Lady Ariella Dambury, promettez-vous de vous laisser aimer, chérir et de pleinement profiter de cet homme ici présent jusqu'à ce que la mort vous sépare ?
Hein ? Pourquoi sa promesse était-elle si différente de celle pour Fred ? Et quel est ce baume qu'elle a sentit quand Fred a fait ses vœux ? Ariella se disait qu'elle était vraiment idiote. Sinon, comment pouvait-elle se mettre à imaginer des choses alors même que toute ceci n'est qu'amusement !?
_Lady Dambury ? Répète Wilmot.
"Ne souhaite-t-elle pas vous épouser mon Lord ?" Lit Frédéric sur les lèvres du prêtre de fortune. Ses yeux s'assombrirent mais il ne répondit pas, se contentant de regarder celle à qui il venait de jurer amour et protection jusqu'à la fin de sa vie. Pourquoi ne répondait-elle pas ? Ne le voulait-elle pas, même pour un jeu ? Pensait-elle à Julien, son fiancé ? Elle n'avait pourtant pas l'air de l'apprécier mais ce ne serait pas la première fois qu'une femme qui prétend ne pas aimer son frère finissait pas en être éperdument amoureuse...
_Oui, je le promets.
Frédéric savait, il savait que ce n'était que divertissement. Pour lui aussi d'ailleurs. Cette étincelle de bonheur qu'il ressent est seulement dûe à l'émerveillement qu'il lisait sur le visage des enfants. N'est-ce pas ?

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La promise de DeVitto.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant