Vindicta stories

Scène 18 - Pour Vérité

Le scientifique rouvrit finalement les yeux. Combien de temps était passé ? Il se sentait nauséeux et avait mal partout. Cette fois, il demeurait physiquement libre de ses mouvements mais momifié de bandages partout sur le corps, il lui était impossible de sortir de cette sorte de lit d'hôpital. Une chose avait changé; il se rappelait, mais qu'avait-il oublié ? Tout semblait limpide: Tulek, Zhek et Luke ? Oui, c'était ça.

Soudain, une ombre sauta face à lui. Elle était encapuchonnée, emmitouflée de vêtements, rendant sa forme monstrueuse. Le visage invisible, caché sous l'ombre de sa capuche. Pourtant, Magnus comprenait clairement qu'elle l'observait, pire que ça même la créature le fixait, le sondait, pénétrait son âme d'une manière aussi désagréable qu'innocente. Cette sensation demeurait, longuement, étrange; entre la menace et la curiosité. Finalement, une voix retentit, le sortant du terrible abîme qui se jouait de lui.

- Alors c'est lui le CdS ? Avait lancé un homme entièrement couvert d'équipement en tous genres, Magnus reconnu même un très vieux modèle d'exosquelette datant d'une bonne trentaine d'années au minimum. Il avait donc sûrement en face de lui un voleur de l'équipement des Sentinelles.

- Surtout le timbré qu'est sorti tout seul sans aucun équipement en pleine bourrasque. Une autre femme, moqueuse, cynique même avait reprit son supérieur. Finalement une personne qu'on peut nommer avec certitude. C'était une Androgyn au teint extrêmement pâle, des lunettes rondes et une immense cape entourant un corps habillé seulement de sous-vêtements noirs si ce n'est ce drap énorme. Des tatouages qui ne semblaient rien signifier et un maquillage tout aussi sombre, une femme pour le moins manichéenne.

- J'en connais une qui fait ça avant chaque petit dej, hein Alicia ?

Trois autres personnes se découvraient aux yeux de Magnus. Un homme Albinos, encore plus blanc que la machiavélique qui le précédait, il avait un énorme fusil de précision dans le dos et un masque métallique sur la bouche, changeant quelque peu sa voix et la faisant résonner comme un son strident d'acier s'entrechoquant. À côté de lui, une femme, une archère aux yeux d'un rouge écarlate, pétillants de vie. Des tissus comparables à ceux d'un chasseur de Befastinger, creusant à l'intérieur des montagnes pour repérer des Lupines géants, des Lynx sauvages et d'autres animaux au pelage blancs comme le sel. C'était, semble-t-il, elle, Alicia, puisqu'elle souriait à l'homme ayant lancé la phrase.

Finalement, la troisième personne à leurs côtés. Aussitôt que Magnus posa ses yeux sur elle, tout perdit de sa couleur, du noir, du blanc et quelques teintes de gris, la pièce illuminée devenait vide, chaque décoration avait comme un filtre moribond sur elle. La femme avait un foulard cachant elle-aussi sa mâchoire, ne laissant transparaître que des yeux en amande, perçants. Elle avait une lame énorme sur le dos, plus grande encore que son long corps qui surplombait chaque personne de la salle, une sorte de claymore à l'allure surnaturelle, comme Magnus n'en avait jamais vu. Alors qu'il était choqué, tant de la perte de couleur que ce qu'il avait sous les yeux, une main métallique toucha son épaule, faisant frissonner son échine et perdre son calme à l'homme qui sursauta, alertant toutes les personnes présentes. Alors, le scientifique aperçut un androïde aux yeux rouge, tout de fer, d'acier et d'autres composants impossibles à décrire, la froideur de la mécanique signait une certaine dichotomie avec le sourire affiché de l'androïde. Finalement, l'ambassadeur se rendit compte d'une chose; les couleurs étaient revenues; comment sinon aurait-il pu observer ces yeux écarlates qui disaient bonté et violence à la fois ?

- Il a l'air d'avoir repris ses esprits.

- Ou de croire qu'il est en train de rêver à te voir, Pteron.

Un rire disharmonieux se joua alors, c'était l'androïde; "Pteron", qui répondit à la petite fille emmitouflée de vêtements, dont on ne connaît le genre que par sa voix et sa faible taille, par un trait d'esprit et d'humour que Magnus ne comprit ni ne retint, la faisant réaliser une moue d'enfant boudeur à l'acclamation des membres présents.

- Bon, assez rigolé. Si le VIP est réveillé, on peut y aller. C'était l'homme, qui semblait vieux, caché par son casque et son exosquelette qui avait parlé; apparemment le chef de cette petite équipe qui commençait à dire quelque chose à Magnus. Le capitaine ne lui laissa pas le temps de la réflexion et enchaîna directement. On nous a demandé de t'emmener à la réunion. Apparemment, quand des amateurs s'en occupent, tu leur files entre les doigts et tu pars te suicider en pleine tempête. J'avoue que c'est plutôt impressionnant que t'aie survécu, mais sache que t'étais à l'agonie pendant 3 Faims, alors essaye de pas faire trop de mouvements brusques... Ah et aussi, tu peux remercier Machiavella, elle t'a fait un faussetage d'enfer.

- Qu-quoi ? Une réunion ? Vous dites qu-

- Tutoie moi, je préfère.

- T-tu dis que j'ai dormi pendant 9 jours ? Et c'est quoi cette histoire de faussetage ?

L'homme souffla un grand coup alors que l'albinos eu un pouffement moqueur, tandis que la femme aux tatouages sortit de la pièce dans un élan de dégout. Apparemment, Magnus était à l'ouest et avait posé une question dont la réponse était évidente. Il allait insister, encore barbouillé, mais le Cap' le souleva, tirant son bras pour lui permettre de se lever, ce qui fit un étrange bruit de ferraille, bien plus agréable à l'oreille, cependant, que ceux de l'androïde. Un sentiment lucide lui traversa l'échine. Magnus prit une grande inspiration, une goutte de sueur froide glissait sur son front tandis que tout le monde le regardait tomber ses yeux vers ses jambes. Ce n'était pas les siennes ! Elles étaient de ferCH, d'acier, solides, sans chair ni peau. Un cri de terreur emplit alors la pièce, ce qui fit à nouveau rire le fichu androïde.

- Elles étaient entièrement laminées et inutilisables. On avait pas le temps d'attendre ton avis, et même si c'était le cas, t'aurais pas eu le choix, on a besoin de toi sur tes deux pattes, le scientifique. Bref, sache que y'a plus rien pour toi dehors, alors je vais te laisser 5 minutes, on attend à côté. Rappelle-toi ce qui s'est passé la dernière fois que tu t'es laissé contrôlé par ta peur, plutôt que ton esprit dont t'es si fier. Ensuite on parlera de pourquoi t'es là.

Magnus ne su pas répondre, il tremblait de tout son corps, sauf ses jambes qui le portaient alors qu'il n'avait plus aucune force. La faussetage médical était la meilleure manière de soigner quoique ce soit; nombreux étaient les gens avec un organe remplacé par de la technologie, mais deux jambes ? Comme ça ? Pas si étonnant qu'il ait dormi 9 jours d'affilée dans ce cas. Il fallut du temps à l'ambassadeur pour se remettre de toutes ces émotions, le groupe hétéroclite était sorti, comme promis, par la seule porte prenable. S'étant assis à nouveau sur son lit, Magnus se prenait la tête en essayant de repérer une sortie de secours, une ventilation, une trappe, quoique c'eût pu être. Mais non, rien. Il était dans une chambre, plutôt exiguë, très simplette quoiqu'il y avait bien un portrait posé. C'était toute leur équipe étrange, sauf la fillette camouflée sous ses innombrables capuches. Il y avait leur nom de code en dessous de chacun; Merc1-Cap, Merc2-Kael, Merc3-Ael, Merc4-Machiavella, Merc5-Pteron, Merc6-Alicia. Peut-être était-ce leur nom ? Magnus mit à contribution sa bonne mémoire pour se rappeler de tous ces visages et de leur donner une identité à chacun. Il n'avait pas le choix, s'il voulait avancer, il devrait collaborer avec ces gens sans manière.

Le VIP sortait et Sim' l'observait d'un œil curieux. Comment quelqu'un comme ça pouvait être important ? Il n'avait aucun instinct de survie, mais bon, l'homme et son chef commençaient à discuter. Le Cap' expliquait le pourquoi du comment à ce dénommé Magnus. Ce qui lui était arrivé, pourquoi on comptait sur lui, le fait que cette chose eut arrivé à de nombreuses personnes depuis que la CVVT existait. Des histoires, encore et encore, des réflexions, encore et encore; il prenait son temps le scientifique, mais après ce qui parut de longues heures à la fille, l'homme accepta finalement. Il s'approcha alors vers elle pour lui serrer la main.

- Magnus, tu es la seule qui n'était pas sur la photo de famille que j'ai vu tout à l'heure.

- Uh... Sim'

Elle avait été un peu déconcertée par l'homme; apparemment, il n'avait aucune honte d'avoir fouillé dans l'intimité d'autrui. Elle avait répondu à voix basse, si bien que l'homme dut lui demander de répéter. Mais sa réponse de la fillette qui partait vers l'avant tandis que le camion-QG démarrait, ce qui fit tomber le nouveau au sol. Sim leva les yeux au ciel, bien que personne ne put le voir alors que le Cap' répondait à sa place: "Sim'."