Prologue • La vie d'avant

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J'ai froid. Il est 7 heures du matin, on est début mars. J'ai 8 ans et je fais mes premiers pas dans les champs. Aujourd'hui, c'est le début de la récolte dans le district 11, et c'est surtout la première fois que je vais travailler dans les champs.

Je récolte en compagnie de mon père et de mon grand frère, Klaud, mais ma petite sœur, Lucialle, étant encore trop jeune pour participer, ma mère et elle sont restées à la maison. A nos côtés, une dizaine d'habitants de notre village.

Le chef de récolte nous remet des outils pour pouvoir récolter : principalement des faux, mais je repère un petit couteau parmi eux. J'apprendrai plus tard qu'il s'agissait d'une machette. On me montre rapidement comment me servir de mon outil, puis la parcelle à récolter est divisée en plusieurs parties pour que chacun sache ce qu'il doit récolter.
Ainsi démarre mon premier jour de travail. Je me rends vite compte que récolter du blé, en étant à quatres pattes, ça fatigue et ça fait mal au dos ...

La récolte durait de 7 heures du matin jusqu'à 13 heures. Étant issue d'une des familles les plus pauvres du village, qui était le plus riche du district, mon frère et moi faisions partie des rares enfants dans les champs, les autres ayant quasiment tous la chance d'aller en cours, du moins en ce qui concernait ceux de mon village.

Je me prennais très souvent des moqueries, étant traitée de souillon ou de clodo chaque jour et étant souvent obligée de me battre avec les autres enfants du village, qui se débrouillaient pour ne jamais être attrapés.

Malheureusement pour moi, ma force physique étant quasiment inexistante, je perdais très souvent ces affrontements. Mon frère ne m'était d'aucun secours, n'ayant pas assez de courage pour affronter mes harceleurs.

Ces moqueries et ces menaces constantes forgeaient mon caractère, me rendant plus forte et plus implacable chaque jour mentalement, mais n'améliorant malheureusement pas ma force physique.

Une fois la récolte finie, j'avais mes après midis de libres. Je les occupais dans mon jardin, à lancer des machettes et des couteaux contre un panneau de bois pour faire sortir la rage que je ressentais envers les autres jeunes de mon village.

Parfois, je sortais dans la ville me promener, mais je n'étais jamais tranquille très longtemps. Le seul qui m'appréciait et ne m'harcelait pas dans ce village, c'était Zephiros, mon voisin, avec qui je m'entendais vraiment bien.
Il était l'un des meilleurs élèves du village, et je lui était reconnaissante de me considérer comme quelqu'un digne d'intérêt, et pas simplement comme un jouet.

Après ses cours, il passait souvent chez moi, pour m'apprendre ce qu'il avait appris le jour même, afin que j'ai un bon niveau scolaire. Mon quotidien serait ainsi rythmé, pendant les années futures, par le rythmes des champs le matin, et par le lancer de couteau l'après midi.

4 ans après mon arrivée dans les champs, je subis ma première moisson. Ce fût une expérience marquante, tant par la pression et le stress ambiant que par la décontraction et la "zenitude" de notre hôtesse, Athéna. Elle a l'air d'être en train d'annoncer aux membres du district qu'elle va leur offrir assez d'or pour vivre une vie tranquille, alors qu'en réalité, elle envoie chaque année deux adolescents à la mort.

Mais ce ne sont pas des adolescents ordinaires, non. Ce sont des criminels. Ils ont pû avoir tués tout un groupe de personnes, ils ont aussi pû voler une pomme pour subvenir aux besoins de leur famille. Zeph fait partie de la deuxième catégorie. Son père était endetté et il n'arrivait pas à payer ses dettes, alors il avait essayé de l'aider du mieux qu'il pouvait. Et voilà pourquoi, aujourd'hui, il se trouve dans le petit cercle, au centre de la grande place. Le cercle des potentiels tribus.
Heureusement pour moi, Zeph ne fut pas tiré au sort ce jour là, et ce fut un autre malheureux qui fut envoyé dans cette arène de fauves.

2 ans plus tard, j'ai alors 14 ans, et je commence à m'habituer au stress provoqué par la moisson, et lorsque Zeph vient me voir, quelques jours avant la date fatidique, je ne me rends pas compte directement qu'il stresse encore plus que d'habitude, mais je ne mets pas trop de temps à le remarquer. Il a le regard fuyant et semble prêt à exploser.
Il m'annonce que c'est la dernière fois qu'on se voit, et repart, sans que j'ai le temps de lui poser une seule question.

Le lendemain, Zeph et sa famille déménagent au Capitole, pour le travail de son père. Je ne pensais pas que le Capitol acceptait comme travailleurs des personnes endettés jusqu'au cou, mais apparemment si. Il va me manquer, mais j'ai ma famille avec moi pour me soutenir. Et puis c'est probablement mieux pour lui d'être au Capitole, il ne court plus aucuns risques pour les Hunger Games.

Hunger Games - Laëticia KarowllOù les histoires vivent. Découvrez maintenant