16. Le poids d'une ombre

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( Hey toi ! La couverture du livre à été changé )




Aksana

On dit que les yeux sont les miroirs de l'âme. Mais mon âme, elle, était en ruines, tout comme la sienne. Et mes yeux ? Ils n'étaient que des outils dans ce jeu cruel où j'apprenais à devenir une autre. Une morte.

— Fini ton assiette et prépare-toi. Dans trois heures, on part.

Sa voix claqua dans l'air comme un fouet. Aucune douceur, aucune hésitation. Bogdan n'avait pas besoin de hausser le ton pour que son autorité me paralyse. Chaque mot était un ordre, chaque regard, une lame. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même, réduite à obéir avant même de comprendre.

Je baissai les yeux vers mon assiette à moitié pleine, l'estomac noué. Chaque bouchée me semblait interminable, mais je finis par avaler, luttant contre le dégoût qui m'étreignait. Peut-être que la nourriture était délicieuse. Peut-être pas. Tout ce que je savais, c'était que je n'avais pas le luxe de refuser.

Lorsqu'il se leva, il m'attrapa brutalement par le poignet. Son geste n'était ni tendre, ni cruel, juste mécanique, dénué d'émotion. Bogdan ne regarda même pas en arrière pour s'assurer que je suivais ; il savait que je le ferais. Il me tira jusqu'à ma chambre, où une femme m'attendait.

Elle était grande, élancée, vêtue d'un tailleur noir qui accentuait la sévérité de ses traits. Ses cheveux bruns étaient tirés en un chignon si serré qu'il semblait refléter la rigidité de sa personnalité. Elle me scrutait comme si j'étais une marchandise à évaluer, un objet à manipuler.

— Approche, dit-elle, sa voix froide et impersonnelle.

Je fis un pas, hésitante, mais ses yeux sombres m'immobilisèrent. Elle n'avait rien de chaleureux. Rien de rassurant. Elle m'attrapa par les épaules, me retournant d'un geste brusque, ses doigts s'attardant sur mes bras, mes hanches, mes cheveux.

— Même silhouette, murmura-t-elle, son regard devenant plus perçant. Cheveux longs, blonds. Les yeux... Oui, les mêmes.

Ses paroles étaient comme un coup de poignard, mais c'était son ton, chargé d'une émotion presque imperceptible, qui me fit frissonner.

— Nadejda, souffla-t-elle finalement, comme si le nom seul portait un poids trop lourd.

Nadejda. Ce nom que j'entendais dans des chuchotements. Cette femme qui semblait hanter chaque recoin de cette maison.

Je voulais poser des questions, comprendre. Mais avant que je puisse ouvrir la bouche, la femme lâcha un soupir et se détourna, attrapant une robe sur le lit. Elle était noire, longue, avec une fente qui montait dangereusement haut sur la cuisse.

— Mets ça, ordonna-t-elle, me tendant la robe.

— Pourquoi ? osai-je demander, ma voix à peine plus forte qu'un murmure.

Elle se retourna, ses yeux devenant plus durs.

— Parce que tu n'as pas le choix. Tu es là pour une raison.

Je pris la robe d'une main tremblante et me dirigeai vers la salle de bain. Une fois à l'intérieur, je fermai la porte, posant mon front contre le bois froid. Mon reflet dans le miroir me fit l'effet d'un étrangère. Mes joues étaient creusées, mes lèvres sèches, mes yeux rougis par des nuits sans sommeil.

J'enfilai la robe, le tissu glissant contre ma peau comme une cage de soie. Elle moulait mes courbes, accentuait chaque détail que je voulais cacher. Quand je sortis de la salle de bain, la femme, Macha, comme je l'entendis plus tard se tenait là, une paire de talons à la main.

Elle me fit asseoir sur une chaise près de la commode, puis se pencha vers moi pour examiner mon visage. Ses doigts effleurèrent ma joue, puis elle murmura :

— Tes yeux sont gonflés. Tu as pleuré. Beaucoup.

Je serrai les dents, détournant le regard. Une partie de moi voulait crier, lui dire tout ce que je ressentais. Mais une autre, plus forte, savait que cela ne servirait à rien.

La porte s'ouvrit brusquement, et une silhouette familière entra. Kirra. Son sourire narquois, son air désinvolte. Elle posa un regard sur moi et éclata de rire.

— Alors, c'est elle ? La copie parfaite ?

Je baissai les yeux, priant pour disparaître.

— Besoin d'aide ? demanda Kirra à Macha en s'asseyant sur le lit.

— Oui. Sors les produits de beauté, répondit Macha d'un ton sec.

Kirra obtempéra, sortant des pinceaux, des crèmes, des pots de maquillage. Pendant qu'elles préparaient leur arsenal, je restai immobile, comme figée dans un cauchemar éveillé.

— Tu sais ce que tu fais ? demanda soudain Macha à Kirra, son ton devenant plus accusateur.

Kirra haussa un sourcil.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Ce plan. Cette fille. Vous pensez vraiment que ça va marcher ? Bogdan n'est pas stupide. Il sait exactement ce qu'elle représente.

Le silence qui suivit était assourdissant.

— Ce n'est pas mon problème, répondit finalement Kirra en haussant les épaules. C'est leur idée. Pas la mienne.

Macha soupira, puis se tourna vers moi. Ses yeux, bien que froids, semblaient chercher quelque chose. Une once de force, peut-être.

— Écoute-moi bien, dit-elle enfin. Peu importe ce que tu ressens. Peu importe ce que tu veux. Ici, tu n'es rien. Juste une image. Une illusion. Si tu veux survivre, fais ce qu'on te dit. Ne pose pas de questions. Ne fais pas d'erreurs. Et surtout, ne crois pas que tu peux le sauver. Lui, il est déjà mort.

Ses paroles résonnaient dans mon esprit alors qu'elle commençait à appliquer du maquillage sur mon visage. Chaque geste était précis, méticuleux, comme si elle sculptait une œuvre d'art.

...

Je ne savais pas combien de temps cela dura. Une heure, peut-être deux. Entre temps Kirra était sorti. Quand elle recula enfin, Macha observa son travail, satisfaite.

— Parfait. Elle attrapa une paire de talons ornés de diamants et les posa à mes pieds. Mets-les.

Je m'exécutai, incapable de répondre.

— Maintenant, lève-toi, ordonna-t-elle.

Quand je me redressai, elle recula pour m'observer une dernière fois.

— Oui, murmura-t-elle. On dirait Nadejda.

Ces mots me glacèrent. Je n'étais plus moi-même. Je n'étais plus qu'un fantôme, une ombre.

Et quelque part, au fond de moi, je savais que cette ressemblance me coûterait tout.

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Heyy !! Enfin Aksana se rebouste !!

Avec tout mon amour. Nesslodd.
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BOGDAN (Mafia Book) [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant