Chapitre 8 : I want to ride on a silver dove

62 9 3
                                    

Merci la France, Merci la Marine, Merci Commandant Casse-Couille.

C'est la réflexion que se fit Julie en raccrochant le téléphone. Elle venait de passer près de deux heures à parler avec Corbeau et la seule chose qu'elle voulait faire maintenant, c'était crier de toutes ses forces. Les derniers jours avaient été les plus frustrants de toute sa vie. Une bonne semaine s'était écoulée depuis le départ du porte avion mais c'est seulement en ce jour, tôt dans la matinée pour Miramar et en fin d'après midi pour la France, que son mentor et instructeur avait enfin eu le droit à une réunion sur les évènements à venir. Et la conclusion était simple : ils étaient arrivés à destination. Pour le reste, la Lieutenant de vaisseau n'avait plus qu'à se débrouiller toute seule. Il y avait quand même un point positif à cette situation : elle pourra repiloter son cher Mirage, du moins, c'était le deal. Deal dont Julie n'avait pas grand espoir qu'il soit respecté. Après ce qui s'était déjà passé, elle s'attendait à tout et à rien - plutôt à rien - de la part de son commandant.
Cependant, elle n'eut pas le luxe d'énumérer toutes les possibilités de revirement car son réveil matin se manifesta. Un cinq suivi d'un trois et d'un zéro en écriture numérique semblable à celles du tableau de bord du F-14 s'y affichaient, clignotant au rythme de l'alarme stridente. A la fenêtre, les premiers rayons de soleil commençaient déjà à se détacher de l'horizon. Tous les signaux étaient présents, il était temps pour la jeune femme de retourner accomplir son devoir alors qu'elle avait à peine pu dormir.

La journée qui se profilait promettait d'être longue, très longue. Et Julie était littéralement une bombe à retardement, l'appel matinal du Foch avait tant joué sur ses nerfs que si qui que ce soit osait lui dire quelques chose de déplacé, elle allait probablement exploser.

Elle enfila rapidement son treillis qu'elle ne prit même pas le temps d'arranger correctement avec ses rangers - de toute façon, elle devra se changer dans quelques minutes pour mettre sa tenue de vol - puis un simple polo blanc estampillé du classique "Marine nationale" avant de quitter sa chambre au pas pour rejoindre les autres pilotes au mess. Depuis quelques jours déjà, à chaque fois que Julie mettait les pieds dans la cantine, Merlin, Goose et Maverick - ce dernier définitivement pas là de son propre chef - l'attendaient à une table. Cet exécrable jour ne fit pas exception : les trois américains étaient rassemblés autour d'une table où il ne restait qu'une place, la sienne. Elle récupéra à la volée son petit déjeuner, majoritairement composé de pancakes douteux, d'œufs brouillé ultra protéinés et d'une barre de céréales dure comme du béton, le tout arrosé d'une belle quantité de café et rejoignit la table d'où s'échappaient des rires bruyant. Les deux RIO avaient déjà commencé à raconter leurs bêtises de bon matin, et lorsque leur nouvelle amie vint s'asseoir à leur côté, ils n'hésitèrent pas une seconde à l'y inclure. Sa dose quotidienne du duo Bradshaw/Wells redonna au lieutenant de vaisseau un peu espoir en cette journée qui avait si mal commencé. Les repas étaient vraiment devenu un moment plus qu'apprécier par la Française.

Une bonne centaine de blagues nulles plus tard, et alors qu'elle terminait tranquillement son deuxième café (ou son troisième, rien n'était certains), le clairon de la base se mit à retentir, sonnant la fin du mess et le début des choses sérieuses, surtout pour Julie. Tout les pilotes de chasse, et quelques hauts gradés, présents dans le réfectoire se levèrent et prirent automatiquement la direction des vestiaires. Ce n'est qu'à la dernière minute que la française se sépara du groupe pour aller, le temps de mettre sa combinaison, dans ses propres vestiaires qui avaient été sommairement installés dans ceux des cadres supérieurs de la base. Cinq minutes lui furent suffisantes pour se changer, ce qui n'était pas le cas pour le reste de ses congénères masculins. Alors, quand elle sortit de sa petite pièce, casque en main, elle se dirigea vers l'extérieur sans les attendre.
Son avance l'arrangeait énormément, les Mirages français devaient arriver d'une minute à l'autre et les recevoir seule lui paraissait être préférable. En cas d'un éventuel imprévu, elle pourrait utiliser ces précieuses seconde pour se préparer. Cette possibilité d'un événement inattendu accaparait les pensées de Julie, de telle qu'elle faisait à peine attention à ce qui l'entourait. Cependant, lorsque ses pas atteignirent le goudron du tarmac, elle les vit enfin, les deux Mirages.

Top gun : OutsiderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant