Chapitre 9 : Homesick

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Youhouuuuuuuuuuuuu !

C'est l'unique chose qui arriva à s'extirper des lèvres serrées par la force gravitationnelle de la jeune femme pendant qu'elle effectuait un Fly-by à toute vitesse. La base dans son entièreté, mais surtout la frêle tour de contrôle, trembla au passage du puissant Mirage 2000. Cette décision n'était de loin pas la plus maline qu'ait jamais prise Julie, mais l'arrogance euphorisante l'avait une fois de plus emporter sur l'ennuyeuse logique.
Son succès se devait d'être dignement fêter. Et elle l'avait bruyamment pris au pied de la lettre, à tel point que son crie de joie avait transcendé sans exception tout les communicateurs des pilotes américains de l'Académie. A cet instant là, ce fut le premier signe de vie que leur homologue française leur donna après avoir disparu de la basse durant de longues minutes. Elle avait été Dieu ne sait où, pour reprendre ce qui lui appartenait, c'était les seules infos que les étudiants avaient réussi à extirper de Jester et Viper. Et aucun d'eux ne s'imaginait une seconde que c'était un avion de chasse.

Piloter de nouveau son Mirage était comme une bouffée d'oxygène pour la jeune femme, surtout quand, par la même occasion, elle avait pu rendre des comptes à un certain haut placé de la marine française. Bien évidemment qu'elle s'attendait à des répercussions suite à ses actions, mais pour le moment, là n'était pas sa préoccupation. A cet instant même, elle voulait juste profiter d'être seule avec son premier amour : le ciel. Elle n'avait pas un homme pour lui dire quoi que ce soit.

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Ce n'était définitivement pas à ça qu'elle s'attendait.

Quelques jours s'étaient écoulés depuis son passage éclair sur le Foch pour récupérer son avion et depuis, elle n'avait pas quitté la base de l'académie. Ses journées avaient consisté à montrer aux Américains comment fonctionnait un Mirage 2000B biplace et à faire des tests en situation pour faire des comparaisons avec leurs données sur les MIG.
Cette tâche quelque peu fastidieuse ne l'avait pas vraiment dérangé. En jouant la prof, Julie avait enfin pû pavaner tout son savoir devant l'assemblée d'homme, et ça, ça lui avait assez plu. Ce sentiment de dominer la situation était exaltant pour une personne qui avait toujours dû la subir. Maintenant qu'elle l'a vécu par elle-même, elle comprenait parfaitement pourquoi Charlie avait accepté d'apprendre les ficelles du job à cette bande de machistes qui se pense au dessus de tous. Remettre en place les hommes est bien plus divertissant que de suivre leurs ordres.

D'apparence, cela semblait donc avoir été de bon jours. Mais seulement en apparence car quelques chose de plus vil s'était refermé sur elle, comme un piège aux mâchoires acérées se referme sur sa proie sans défense. Ses communications vers la France, qui passait par le service de transmission international du Foch, avait été interrompue, partiellement dans un premier temps, puis totalement dans un second. En un peu plus de 3 jours, Julie n'avait pas pu appeler sa famille une seule fois. C'était un vrai supplice pour la jeune femme, elle ne pouvait même plus savoir comme sa propre fille, la chaire de sa chaire, se portait. Ce contexte cauchemardesque, elle l'avait passé sous silence tout du long, ne voulant pas que sa situation personnelle s'ébruite dans la base. Être une femme était déjà bien assez compliqué.

Mais ce soir là, c'était le soir de trop, sa patience avait atteint ses limites. La française ne supportait plus l'état de la situation, alors elle se décida de prendre les choses en mains. Sans aucune hésitation, elle s'était dirigée droit vers le bureau du seul qui connaissait sa relation complexe avec son propre corps d'armée : le commandant Metcalf.

Il était tard, presque 22h, et pourtant, un discret filé de lumière s'échappait d'entre les lames du store de la porte. Plongé dans la paperasse, l'ancien combattant de la guerre du Vietnam n'avait pas vu les heures défilées. Diriger la meilleure école de pilotage du pays n'est en rien une tâche facile. Ce sont les coups sur la porte qui le sortirent de ses pensées et l'entrée de sa jeune protégée, après qu'il est donné son autorisation, qui lui fit enfin levé le nez de ses papiers.

Top gun : OutsiderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant