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Des mois après...

Je ferme un livre dont je viens de terminer la lecture et soupire. Je mets mes écouteurs et opte pour It's all coming back to me now de Celine Dion. C'est assez incroyable que je parvienne encore à tolérer les chansons d'amour mais je crois que c'est juste parce que c'est les meilleures pour pleurer.

Je regarde ma montre et constate que j'ai encore une bonne heure avant de me préparer pour aller manger avec mes amies. Je vais sortir pour la première fois avec elles depuis près d'un an. Depuis mon mariage, si seulement je peux l'appeler ainsi, je me suis enfermée chez moi.

Suis-je excitée à l'idée de sortir ? Pas exactement. Je ne suis pas certaine d'être déjà prête. En même temps je ne sais pas si je le serai vraiment un jour. Je pense que cela pourrait me faire du bien.

L'anxiété et l'angoisse m'ont été diagnostiqués, je suis devenue insomniaque, antisociale et excessivement casanière. J'ai même réussi à attraper une saleté de gastrite à force d'être plongée dans mes pensées. Je ne répondais plus à mes appels, seulement à quelques messages et il est arrivé plusieurs fois que l'on frappe à ma porte sans que je n'ouvres. Je me suis retirée du monde entier : ma famille et mes amis ont tous été obligé de se résoudre à accepter la distance que j'ai créé.

J'aime être seule mais assurément, je peux dire que se sentir seul est l'une des pires sensations au monde. Je me sens seule, coincée dans une impasse qui préfère me torturer plutôt que d'en finir une fois pour toute. J'ai l'impression d'être dans une pièce froide avec une seule fenêtre.
L'aigreur m'est plusieurs fois monté à la gorge en réalisant que la vie continuait malgré mon immense chagrin. Le monde continuait gentiment d'exister, me rappelant que quoi que je fasse je ne suis qu'un être humain comme tous les autres. Je suis unique, comme tout le monde, c'est bien ce qui fait que soyons tous pareils. La douleur qui m'embrassait l'être n'empêchait pas la vie de suivre son cours. La terre continuait son paisible voyage autour du soleil alors que je voyais toutes mes ambitions faner. Je ne me sens plus bonne à rien. La seule chose que je parviens encore à faire c'est écrire mais je n'ai jamais vraiment pensé que cela me mènerait quelque part.

Je me suis enfermée car tous les discours de motivation et de courage m'horripilaient. Je ne voulais plus qu'on me dise que ça ira, que je devais être forte. A chaque occasion qu'ils avaient, ils me répétaient tous ces phrases abjectes. Je voulais être faible, être une lâche. Je voulais m'abandonner. Je ne voulais pas qu'on me dise que si je vivais cette épreuve c'était parce que j'étais capable de la surmonter. C'est à ce moment précis de ma vie que j'ai réalisé que le dicton : « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort » est une pure connerie. La seule logique de cette citation s'appuie sur le fait que si une chose ne te tue pas sur le coup alors tu peux apprendre d'elle et ensuite devenir plus forte. Mais l'absence de mort immédiate ne signifie pas que tu ne mourras pas finalement. C'est stupide, ou du moins c'est ce que je me dis dans ma tête. Je devrais être plus forte que ça, je ne devrais pas être aussi brisée mais le fait est que cette situation me ronge de l'intérieur. N'est-ce pas mourrir finalement ?

C'est si vilain d'avoir l'impression de mourir à cause d'un autre être humain. Je ne comprends pas vraiment les gens qui disent qu'il faut apprendre à être heureux seul et ne pas tout donner à la personne qu'on aime. Comment ne pas se donner quand on aime ? Comment donner rationnellement, intelligemment, quand on aime ? Comment aimer réellement sans donner à l'autre l'arme parfaite pour nous détruire ? Cela me semble impossible. Ne pas tout donner est un concept pensé, scientifique, quantifié, alors que l'amour ce n'est pas de la science. L'amour ce n'est pas logique.

J'ai énormément pleuré, énormément écrit et énormément vécu. J'ai senti tous les morceaux de mon cœur craquer sous ma peau, ne supportant pas le poids de cette épreuve sournoise qui je suis sure, me bouffe de l'intérieur. J'ai démissionné de mon boulot et j'ai vécu de mon épargne pendant un bon bout de temps.

Burgundy ShadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant