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Mes paupières frémissent légèrement et je les ouvre. Je me rappelle maintenant que je me suis endormie en pleine conversation à propos des sports extrêmes. Je ne sais même plus ce que nous disions exactement. Je m'étire légèrement puis me mets sur le côté pour observer mon compagnon de voyage. Son iPad est maintenant connecté à un clavier et il fixe l'écran sans vraiment le regarder. J'observe son profil alors qu'il ignore que je me suis réveillé. Une mèche de ses cheveux châtains lui tombe sur le front. Son tronc long,comme effilé, est étalé sur le dossier du siège et malgré cette position, l'on sait voir la cartographie de son ossature taillée en un V bien prononcé. Son profil est sublime et sa peau a l'air de ce qu'il y a de plus doux. Il sent le propre et l'épicé : une odeur d'homme. C'est très rassurant.
Il se mord la lèvre inférieure, chose que j'ai remarqué qu'il fait lorsqu'il réfléchit à plein moteur.

-A quoi tu penses ? Tu m'as l'air bien sérieux, lui demandé-je.

Il se tourne vers moi durant quelques secondes avant de reporter ses yeux sur l'écran. Il n'a pas dormi depuis, je le sais bien. Il a l'air fatigué.

-Et toi tu es curieuse, me dit-il d'une voix calme sans cesser de fixer l'écran d'un regard vide.

-J'aimerai juste connaître tes pensées, lui dis-je.

J'ai envie de connaître ce qui semble le préoccuper. Il a toujours tellement l'air d'avoir la situation sous contrôle.

-Il y a un de mes collaborateurs qui vend des stratégies secrètes de la société à des concurrents. J'ai beau faire, je ne parviens pas à lui mettre la main dessus. Il faut absolument que j'arrête cette hémorragie au plus vite mais j'ignore comment faire, me confie-t-il alors.

J'ajuste ma position pour mieux l'observer et cela semble le déconnecter de sa rêverie car il verrouille sa tablette et se tourne vers moi de la même manière. Il appuie sa tête sur le siège et m'observe, me faisant savoir que j'ai toute son attention, attendant certainement que je parle. Je prends le moment très au sérieux car il est rare que Hero laisse voir qu'il est préoccupé et encore s'il le fait, il ne se confie presque jamais sur le sujet.

-Je suppose qu'il n'a pas le droit de faire une telle chose n'est-ce pas ? Je demande alors.

Cette question me semble idiote mais c'est bien pour démarrer la conversation.

-Il n'a pas le droit effectivement mais je dois avouer que l'idée est follement rentable. Et stupide, ajoute-t-il en serrant un peu la mâchoire.

-Comme toutes les idées illicites, dis-je en souriant. As-tu un homme de main ?

-Quoi ? Me demande-t-il en riant. Tu crois que je suis un aristocrate ?

Je fixe son sourire un instant. Il a cet air éternellement jeune quand il rit.

-Oh je ne sais pas un secrétaire particulier quelque chose comme ça, dis-je avec un sourire.

-J'ai Duke. Il travaille pour moi, pas pour l'entreprise.

Duke...

-Le mec sur qui tu hurlais le jour de notre rencontre ? Demandé-je avec humour.

-Exactement, dit-il avec un sourire. Il sait me supporter lorsque je pète un plomb. Ce qui arrive rarement, dit-il.

Burgundy ShadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant