Chapitre 2

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- Eh ! Mec... s'exclama un jeune homme.

Il portait de fines lunettes de soleil obscur contrastant parfaitement avec la couleur de ses cheveux désordonnés assez longs, mais pas suffisamment pour qu'ils lui arrivent jusqu'au menton. Deux pointes vertes dépassaient de ses mèches blanches qui ne parvenaient pas à camoufler.

- T'écoutes aux portes toi maintenant ? ajouta-t-il en frappant amicalement l'épaule de son camarade.

L'ami auquel il s'adressait était appuyé contre une colonne tartreuse proche d'une porte en bois massif, il balaya vite fait le blond d'un regard circulaire, jugeant sa tenue, avant de retourner à son activité.

La chemise noire du blond était déboutonnée d'un bouton de trop, on pouvait apercevoir le début de ses pectoraux et sa cravate noire et rouge était placée autour de son cou en guise d'écharpe. Quant à l'autre, son tee-shirt rouge sang détonnait avec le noir profond de sa veste. Sur son cou, on pouvait apercevoir le début d'une tache sombre descendant jusque dans son dos là où on ne pouvait voir à quoi il pouvait bien faire référence. Leurs cheveux étaient totalement opposés, comme leurs personnalités, ils étaient le jour et la nuit : les siens étaient d'un noir plus foncé que le plumage...

- Oh ! Le corbeau, tu m'écoutes quand je te parle, s'impatienta le blond.

- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça le minus, grinça le brun. Je ne supporte pas ce surnom ridicule.

- Eh ! Je fais seulement cinq centimètres de moins que toi je te signale. Moi, je l'aime bien ton petit surnom, il te donne un petit côté mystérieux... ténébreux, s'esclaffa-t-il d'un air enfantin.

Joignant le geste à la parole, il fit aller et venir son bras horizontalement mimant une sorte de vague abstraite tout en étant appuyé sur l'épaule de son ami, qui ne paraissait pas très consentant. Ce qui lui valut d'ailleurs un regard insaisissable lourd de sens. Ni prêtant aucune attention, il s'époumona de plus belle.

- Je suis sûr que tu ferais peur aux Ombres avec cette tête-là, pas étonnant que les premières années te fuis comme la peste. Ce n'est pas comme ça que tu vas faire fondre les filles mon pote, déclara-t-il en séchant les larmes qui était apparu aux coins de ses yeux.

- Jayden ne commence pas sur ce sujet fâcheux parce que ce que tu risques de perdre et de perdre tes cornes par la même occasion, le menaça-t-il avec un regard lourd de sens.

Le concerné leva les mains en l'air pour protéger ses attributs et sourit en guise d'innocence, un vrai paradoxe. Il y avait juste un détail sur lequel il avait eu du mal à ravaler sa salive.

- Tu m'as appelé par mon nom complet, crissa-t-il faussement outré.

Entre-temps, ils s'étaient éloignés de la grande porte et avaient pris le chemin de leur salle de cours optionnel, auquel ils n'avaient pas la moindre envie d'assister. Ils ne remerciaient pas plus leurs camarades qui les forçaient à y faire acte de présence au moins une fois par mois, pour argument :

" - Ça pourrait vous servir, a savoir vous repérer dans la forêt par exemple".

Argument auquel Jayden répondait à chaque fois :

" - Il y a Levi pour ça."

Le premier affichait sur son visage un grand sourire jovial tandis que le second ne laissait transparaître aucune émotion, il se protégeait avec son éternel et taciturne masque neutre. Ils parcouraient les longs couloirs surplombés de colonnes et de poutres soutenant les fondations des toits jusqu'au sol, chacune avait un aspect des plus particuliers.

Certaines colonnes étaient faites de lianes plus ou moins épaisses, aussi robustes que le plus solide des métaux, les plus fines montaient jusqu'aux poutres beaucoup plus hautes. Toutes étaient parsemées de feuilles et de fleurs que les chimpanzés terreux n'avaient aucun scrupule à arracher lors de leurs courses effrénées. Ils créaient dans leurs sillons une pluie de pétales multicolores qui se dispersaient dans les cheveux et les vêtements des Sinastras présents en contrebas. Il s'agissait là de leur jeu préféré, mais ils prenaient toujours bien soin d'esquiver les serpents paresseux enroulés autour de ces tiges souples, pour ne pas les mettre en rogne.

La Légende OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant