THE ROAD DEVILS Tome 3 FIGHT

Chapitre 3 Partie 2 PDV de Thomas

Après avoir entendu ce que le père de Fight pensait de moi, après cette journée de merde où l'on m'avait imposé une cérémonie que je ne cautionne pas, après avoir supporté tout un tas de connards, j'ai éprouvé le besoin de fuir, fuir vite et loin, de retrouver un univers familier. Je me suis naturellement dirigé vers notre maison, qui, malheureusement, n'est plus notre maison, Vincent ayant tenu à ce qu'on la vende pour tourner la page de notre ancienne vie a-t-il dit . Alors je suis resté sous la pluie à observer une famille vivre heureuse dans cette maison où j'ai vécu les plus beaux moments de ma vie. J'ai observé les changements qu'ils ont effectué dans ma maison et mon cœur, encore une fois, s'est brisé.

J'ai envisagé un instant d'aller au cimetière pour me rapprocher de Vincent, mais je n'étais pas d'accord avec cet enterrement, alors c'est vers la boulangerie que mes pas m'ont dirigé ; quoi de mieux que me retrouver dans son sanctuaire pour me rapprocher de lui et mettre fin à cette existence de merde .
En arrivant sur place, mon cœur a encore pris cher, quand j'ai vu la devanture de la boulangerie garnie de fleurs,  de dessine, de peluches et de bougies. Mon homme était apprécié par ses clients et sa pâtisserie était la meilleure chose que j'ai jamais mangée. Les larmes coulent sur mes joues. On était si heureux,  on avait tout. Pourquoi  je ne lui suffisait pas ?

Tel un robot, je me suis dirigé vers l'arrière de la boutique ne voulant croiser personne qui aurait pu me regarder avec pitié,  je ne pourrais pas le supporter. J'attrape une bouteille de cherry et vais chercher des donuts dans le frigo, il en a toujours en réserve pour moi.  J'ouvre le frigo et une odeur nauséabonde m'agresse. Tout est périmé. Il ne m'en fallait pas plus pour partir en vrille, me rendre compte que ses dernières réalisations sont foutues, bonnes pour la poubelle, me rend fou ; je balance tout ce qui me tombe sous la main, les plats se fracassent,  la bouffe s'écrase sur les murs. Bizarrement, en bafouant son sanctuaire, j'évacue une partie de cette rage qui me dévore depuis qu'il m'a abandonné, mais aussi la rancœur que j'ai accumulée depuis qu'il a décidé de changer de vie et de m'embarquer dans son délire.  Je ne voulais pas qu'il devienne biker, je ne voulais pas vivre dans ce milieu misogyne et homophobe, car, non, tout le monde ne nous voyait pas d'un bon œil ; les mauvaises blagues et les jeux de mots pourris de la part d'imbéciles incultes m'on souvent mis en colère.  Putain, pourquoi nous a t'il infligé ça ?

Il ne me reste plus rien à casser, ma colère retombe, ne me laissant plus que la douleur comme fidèle compagne,  mes jambes flanchent, je me retrouve le cul par terre sur le sol dégueulasse de la cuisine, ma bouteille de cherry à portée de main. Je la siphonne consciencieusement, espérant oublier un instant que plus rien ne me retient ici-bas,  qui sait, avec un peu de chance je sombrerai dans un coma éthylique et ne me réveillerai plus.

J'admire le chaos que j'ai créé, c'est comme dans ma tête et mon cœur et ça me fait du bien, ou alors, c'est la demi-bouteille de cherry que je viens de descendre. Puis Fight arrive. La tête qu'il tire en voyant le bordel pourrait être comique, si j'étais encore capable d'apprécier. Il vient s'asseoir près de moi et j'avoue que sa présence me fait du bien, je me sens si seul. Je suis tellement bourré que le contact de son bras contre le mien me donne chaud ; en réalisant cela,  je me sens minable, tout s'embrouille dans ma tête,  et c'est comme un automate que j'acquiesce à ses demandes.

Il m'aide à rentrer à la maison et à me mettre au lit. Je m'endors comme une masse . Malheureusement, l'alcool n'a pas fait fuir mes cauchemars qui me tirent violemment de mon sommeil. En ouvrant les yeux, c'est la vision de Fight endormi dans le fauteuil veillant sur moi qui me frappe ; sa présence a sur moi un effet apaisant,  je sens en lui des failles dont je ne connais pas la nature, mais que je souhaite découvrir. Voir son grand corp tordu dans le fauteuil me met en colère, il est si gentil, il ne devrait pas être mal installé, il ne devrait même pas être ici, et moi je ne devrais plus être là non plus. Je vais devoir réfléchir à ce que je veux faire réellement.  Une chose est certaine :  je ne veux pas le faire ici.