Chapitre 8 Partie 2 PDV de Fight

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Libre! Si je devais à cet instant précis vous définir mon ressenti, mes émotions, il n'y a que libre qui convient, je m'oblige à bloquer tout sentiment ou toute pensée parasite qui pourrait m'affaiblir. Voilà déjà une semaine que j'ai pris la route, évitant soigneusement les grands axes, les endroits où je pourrais être reconnu. Même si j'ai laissé mon cuir dans ma chambre au club, j'ai une certaine notoriété du fait de mes combats, et j'ai aucune envie qu'on me retrouve.
J'imagine déjà la tête de mon père, il doit être dans une rage de dingue que j'aie osé fuir son précieux club. Et puis, il y a lui, celui auquel mon cœur aspire, mais avec lequel je sais que je n'ai aucun avenir. 

Je me sens faible d'être parti comme ça, mais c'était une question de survie, une fois la peur qu'il lui soit arrivé quelque chose dissipée, la colère m'a totalement consumé, une rage comme je n'en avais jamais ressentie auparavant m'a rendu fou. Je devais m'éloigner de lui, de ma famille, du club et des responsabilités qui seront bientôt les miennes. Quand je repense à la discussion que j'ai eue avec mon père deux jours avant l'agression de Thomas, la colère me reprend.

                            Retour en arrière.

Yokaï : " Fils, il est temps que t'arrêtes tes conneries, merde! Les gens commencent à parler, il est temps que tu retournes t'installer au club, il n'y a plus aucune raison que tu restes chez lui, il va mieux . "

Fight : " J'ai promis de veiller sur lui et je le fais, c'est tout, ce que les gens pensent, je m'en bats les couilles ! "

Yokaï : " Moi pas ! Tu es mon fils, le futur président de mon club, tu dois te montrer digne du rôle qui t'est confié, il est peut-être temps que tu devienne un homme et que tu prennes une régulière, tu dois assumer tes responsabilités. "

                            Retour au présent.

J'étais tellement scotché par ses propos que je suis parti sans me retourner, bien qu'il hurlât mon prénom. La pression constante pour ma prise de la présidence, puis l'agression qui a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, il fallait que je parte, je n'en pouvais plus.

Depuis deux jours, je me suis installé dans une cabane au milieu des bois, elle est rudimentaire, pas d'électricité, une cheminée ouverte pour se chauffer, pas d'eau chaude et pourtant je m'y sens bien. Moi qui suis toujours connecté, ici il n'y a rien, le silence, la solitude, une bibliothèque pleine de vieux classiques ou je prends plaisir à me perdre. Je fais aussi énormément de balades dans les bois, marcher me vide la tête, je laisse derrière moi mes pensées négatives et vais de l'avant.

Déjà un mois d'écoulé depuis ma fugue, je n'ai finalement pas quitté ma cabane au milieu des bois, mais je sais que je ne vais pas tarder à devoir retourner à la réalité, dans une semaine je dois prendre la présidence du club, cette fuite m'a fait comprendre que je devais assumer mes responsabilités vis-à-vis du club, mais surtout envers moi. Si je veux être heureux, épanoui et compétent dans mon rôle de président, je dois assumer celui que je suis et mon style de vie. Ma prise de conscience à été longue et douloureuse, j'ai traversé toutes les émotions possibles, la colère de ne pas être comme les autres, la rage d'être faible au point de cacher à mes proches celui que je suis, la tristesse de constater que ma faiblesse m'empêche d'aimer l'homme que j'aime, lors de cette prise de conscience, j'ai cassé tout ce qui me tombait sous la main, j'ai pleuré, hurlé, tapé dans les murs ; si j'avais eu de l'alcool je me serais sûrement saoulé, mais au final, j'ai réussi à sortir tout le mal que j'avais accumulé en moi, pour en arriver enfin à l'acceptation. L'acceptation totale de celui que je suis, je suis homo, ce n'est pas une tare, pas une maladie, pas un dysfonctionnement ; je suis moi, un personnage complexe mais plein d'amour à donner et je sais à qui mon cœur veut le donner, j'aime Thomas, chaque fibre de moi vibre en sa présence, ça prendra le temps que ça me prendra, je lui laisserai le temps qu'il aura besoin, mais nos cœurs battront à l'unisson tôt ou tard. 

THE ROAD DEVILS Tome 3 FIGHTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant