Chapitre 14 Partie 2 PDV de Fight

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Adélita a passé une nuit horrible ; elle pleurait, se plaignait dans son sommeil, se débattait même parfois, dès que je tentais de la poser pour mieux l'installer, elle se réveillait et remontait sur moi, dans mes bras où elle se sentait en sécurité. Je ne sais pas ce que ma petite a vécu, mais je sais que je vais passer le reste de ma vie à lui faire oublier ce triste chapitre de sa vie et la rendre heureuse, la protéger. Je pense que c'est ça le rôle d'un père.


A six heures tapantes, Miguelito est arrivé à la planque avec les papiers d'identité pour la petite et Rosa. Je ne vous dis pas comment j'ai dû me retenir pour ne pas chialer quand j'ai vu mon nom sur le certificat de naissance. C'est officiel, Adélita est ma fille et dès que je serai rentré aux États-Unis, je ferai le nécessaire pour que le nom de Thomas y soit aussi. Rosa aussi peine à contenir son émotion ; ces papiers d'identité, c'est la promesse d'une nouvelle vie, un nouveau départ, et quand je vois les marques sur ses bras et ses jambes : hématomes, lacérations, brûlures, j'ai mal pour ce qu'elle a enduré et je me dis qu'elle a assez souffert, qu'elle mérite cette nouvelle chance d'être enfin heureuse.

Miguelito m'informe qu'il reste ici pour continuer à aider les populations dans le besoin, je comprends et j'admire sa dévotion, mais j'ai l'impression de voir Don Quichotte se battre contre les moulins à vent.

Quand le jet de Manuel prend son envol à 7h30 précises, je pousse un énorme ouf! de soulagement. Adélita dort dans mes bras, elle serre contre elle un ours informe et décoloré, mais qui pour elle semble très important. Moi, une question me torture depuis cette nuit : est-ce que Thomas va accepter la petite, nous n'avons jamais vraiment parlé de fonder une famille, même si, au fond de mon cœur, je suis quasiment certain qu'il va fondre pour ce petit ange déjà bien malmené par la vie ; mais ne va-t-il pas se sentir piégé, mis au pied du mur ou encore dans une relation sans dialogue comme c'était le cas avec Vincent ? Trop de questions auxquelles seul l'homme de ma vie pourra répondre. En tout cas, une chose est certaine, j'élèverai la petite quoi qu'il puisse m'en coûter.

Rosa aussi a dormi durant tout le vol, mais ses plaintes et les pleurs qu'elle verse dans son sommeil me fendent l'âme, et je ne suis pas le seul. Red ne l'a pas quittée du regard depuis qu'il l'a vue. Dès qu'elle s'agite, il pose sa main sur la sienne et aussitôt elle s'apaise. Une chose est sûre, je connais le regard qu'il pose sur elle : je posais le même sur Thomas, ce besoin qu'il a de la protéger et je peux vous dire qu'il est déjà méchamment mordu et quand il s'en rendra compte, il risque de flipper. Tout ce que j'espère, c'est qu'elle ne sera pas trop déglinguée par tout ce qu'elle a subi et qu'elle acceptera cette chance d'être heureuse, car chez nous quand on s'engage, c'est généralement pour la vie.

A mesure que les milles défilent, les battements de mon cœur s'accélèrent, depuis que nous sommes ensemble, c'est la première fois que l'on reste séparés aussi longtemps, le manque de lui, de sa peau, de son odeur, de sa voix, tout simplement sa présence près de moi, ce manque me tord le bide, je n'attends qu'une chose, c'est d'arriver au club pour me blottir dans ses bras et laisser sa chaleur m'envahir. Je repense à ce cuir que j'ai commandé à Clara, la femme de Doc, quand j'ai compris qu'il était déterminé à revenir ici ; je veux que notre amour soit officiel, je veux qu'il porte mes couleurs, j'espère qu'il va l'accepter.

Quand je vois cette petite fille - ma petite fille - dans mes bras, quand je pense aux paroles échangées avec mon compagnon, le fait que ma famille ait accepté mon homosexualité, et la direction que va prendre le club grâce à mes frères et moi, je me dis que rien ne pourra entacher mon bonheur, au moins, je l'espère. Même si je ne ramène pas le mari de cette pourriture, je la ramène elle, en me disant qu'elle a déjà bien morflé, donc j'estime que ma mission est un franc succès. Quand je la regarde, avachie dans son siège, la bave coulant du coin de la bouche, son visage bouffi sous les coups, je me demande ce que mon prez a pu lui trouver, le mal est présent dans ses yeux, son allure vulgaire, ses traits vieillis prématurément par une vie d'excès et de méchanceté, jamais je ne comprendrai  pourquoi il est tombé dans ses filets, lui que était si vif d'esprit, tout ce que je sais, c'est que cette tocade lui aura tout coûté. Ce qui va être délicat, c'est d'expliquer à Manuel que je reviens sans ses gars, qu'ils complotaient contre lui, et que de ce fait, pour le protéger et endiguer une mutinerie, Miguelito avait décidé de les exécuter.

THE ROAD DEVILS Tome 3 FIGHTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant