THE ROAD DEVILS Tome 3 FIGHT

Chapitre 5 Partie 1 PDV de Thomas

Je pensais que mon cœur s'était brisé définitivement quand celui de Vincent avait cessé de battre, eh bien, j'avais tort, car rien n'égale la douleur que j'ai ressentie en voyant mon bébé assise sur le sol crasseux de cette cellule, le regard vide, les mains maculées du sang du meurtrier de mon mari, qu'elle venait d'éliminer. Mon cœur s'est tordu douloureusement : ma petite Céleste, si douce et pleine de vie, venait de tuer un homme, assurément pour m'éviter de le faire moi-même, car sans le vouloir, dans mon ridicule accès de colère, je lui avait livré le marché que Fight m'avait proposé.  C'est pour me protéger qu'elle a sali son âme et là , elle ne réagit pas, telle une coquille vide elle reste figée à regarder la dépouille de ce connard,  je la prends dans mes bras et la serre fort contre moi dans l'espoir de la réconforter, mais son corps demeure inerte dans mes bras, toute vie semblant l'avoir quittée, pétrifiée telle une statue. Putain, si j'avais su ce que mes paroles allaient provoquer, j'aurais fermé ma gueule,  comment ai-je pu la rejeter alors qu'elle avait besoin de moi  ? des larmes amères coulent le long de mes joues. Je me sens tellement coupable. Puis Angel entre. Ce fils de pute m'arrache Céleste des bras, comme s'il avait plus de légitimité que moi, je le laisse faire, car c'est de ma faute si elle en est là, mais intérieurement, je voudrais que ce soit lui qui se soit pris la balle qui a tué mon Vincent. 

Je regarde le corps de l'assassin de mon mari, ce n'était qu'un gamin bousillé par la vie, qui même dans la mort a enduré la souffrance, les traces de coups et les hématomes qui décorent son corps, sont le témoignage fidèle de la rage que ressentait ses bourreaux. Je devrais me réjouir de le voir dans cet état,  mais je n'y arrive pas, il est le fruit d'une enfance de merde, de violences, de brimades et d'insultes, ce gamin est né avec de mauvaises cartes en main, et tous ces sévices l'ont fait basculer dans la folie. Quel drame ! tant de vies amochées pour rien.

Encore une fois, c'est la présence de Fight qui me ramène à la réalité, il est la lumière dans mon obscurité, le seul qui malgré les conneries que me fait faire mon chagrin reste auprès de moi ; il trouve toujours les mots justes, me remet à ma place quand il l'estime nécessaire. Nous sommes restés à regarder le corps meurtri de Viscious,  de toute façon que dire : lui est mort, et mon bébé a tué un homme, nous allons tous devoir apprendre à vivre avec ça. 

Au bout d'un moment, nous sommes rentrés à la maison. Fight a pris ses marques ; il maîtrise la cuisine avec la même facilité que sa mère. Sanaé est une femme exceptionnelle, un ange, contrairement à son abruti de mari que je range dans la catégorie des connards de bikers, comme Angel et beaucoup de ses acolytes. Quand arrive l'heure du coucher, Fight veut rejoindre son fauteuil ; je refuse catégoriquement,  je ne veux plus le voir plier sa grande carcasse pour s'installer dans ce fauteuil,  se lever le matin le corp endolori par une mauvaise position, tout ça pour veiller sur mon sommeil. J'exige de lui qu'il dorme à côté de moi ; ça le met mal a l'aise, et bien sûr je suis vexé. Qu'est-ce qu'il croit ? que je vais lui sauter dessus ? je viens de perdre mon mari, merde.

Je lui tourne le dos pour qu'il ne voit pas que son attitude m'a blessé, mais le sommeil se refuse à moi, je suis épuisé, tous les drames vécus en si peu de temps tournent dans mon esprit, je n'arrive plus à absorber toute cette souffrance. J'ai dû m'endormir, car c'est Fight qui, repoussant mon bras pour s'extirper du lit avec délicatesse, me sort de mes mauvais rêves, je fais semblant de dormir jusqu'au moment où j'entends la porte d'entrée se fermer. Dès qu'elle claque, je passe à l'action,  je vais lui faire une belle chambre pour qu'il se sente chez lui ici, car sa présence m'apaise et que j'apprécie à sa juste valeur ce qu'il fait pour moi, il est le dernier rempart avant ma chute dans les abîmes.

En ouvrant mon armoire à vêtements,  mon cœur chavire à la vue des affaires de Vincent, je devrais les retirer pour ne plus souffrir à leur vue, mais je n'en ai juste pas le courage maintenant. Je m'active pour nettoyer la chambre et la rendre accueillante, je veux qu'il soit bien et qu'il y reste longtemps. Je prépare ensuite un petit déjeuner pour son retour, quelque chose de plus léger et de plus raisonnable que ce qu'il prépare habituellement. Quand il revient de son jogging,  je reste distant,  je suis toujours vexé de son attitude d'hier soir, il me salue et file à la salle de bain , mais revient aussi vite, ne trouvant pas ses affaires. Je le guide vers la chambre que je lui ai aménagée, le stress au ventre qu'elle ne lui plaise pas, mais en voyant la palette d'émotions que reflète son visage, je suis rassuré et récompensé de  mes efforts.