THE ROAD DEVILS Tome 3 FIGHT

Chapitre 14 Partie 1 PDV de Thomas

Le regarder passer les grilles du club accompagné de Red et Timer m'a littéralement broyé le cœur. J'ai tellement peur qu'il ne revienne pas. Sanaé est restée stoïque tout le long des adieux, mais quand elle glisse sa main dans la mienne pour me réconforter, ses larmes coulent librement le long de son beau visage. Cette femme m'impressionne, c'est une vraie guerrière. Yokaï pose sa main sur mon épaule en signe de soutien, sa force me booste, qui aurait pu dire que ces gens, de parfaits inconnus au départ, me sont devenus aussi importants à présent, une famille, une vraie, à des années lumières de celle, déficiente, que les cartes de la vie m'ont attribuée à la naissance.

Yokaï : " Il sera très vite de retour, mission accomplie ;après ça, vous pourrez reprendre le cours de votre vie. "

Thomas : " J'espère que tu as raison, car là, j'ai l'impression qu'on m'a amputé d'une partie de mon cœur ; j'ai tellement peur qu'il ne revienne pas."

Sanaé : " Il t'aime, pour être auprès de toi, il fera rapidement  ce qu'il faut ; allez, viens manger un bout à la maison, il faut qu'on prenne des forces pour ranger le boxon que tout ces grands bikers ont foutu. "

Si elle savait à quel point je m'accroche à ses paroles pour tenir le coup. Sanaé m'a gavé comme une oie, je suis certain d'avoir prit cinq kilos. Nous avons consacré le reste de la journée à ranger, nettoyer, récurer le club, chaque être vivant ici a mis la main à la pâte. J'aime cet état d'esprit : il n'y avait plus de hiérarchie, de sexe, de statut, tout le monde œuvrait pour la remise en état du club, de notre lieu de vie, la solidarité et l'entraide en étaient le moteur et cette solidarité m'a atteinte plus que je ne le pensais. Sans compter que  celui ou celle qui n'a jamais vu un biker le chiffon à la main n'a  encore rien vécu. Je vous jure: c'est hilarant. Pour moi, personnellement, ce grand nettoyage est arrivé à point nommé ; mettre de l'ordre et nettoyer m'a toujours aidé à ne pas sombrer dans les moments difficiles, ça m'occupe l'esprit et m'a évité de partir en cacahuètes très souvent ; sans  compter que j'ai moins l'impression que les secondes traînent en longueur.

En début de soirée, le club est plus propre que jamais. Moi, je suis épuisé, mais intérieurement je bouillonne, je rentre chez moi, car je n'ai pas le cœur à la sociabilité et j'espère que la sécurité de notre chez-nous va apaiser un peu mes nerfs fort malmenés par son absence. Mais c'est le silence qui m'accueille, m'agresse et m'étouffe ; il laisse trop de place à mes idées noires, et mon cerveau me torture en créant mille scénarios qui ne  finissent jamais bien pour mon compagnon. D'un coup, mon souffle se fait court, mes mains, d'abord moites, se mettent à trembler, mes jambes se dérobent, j'ai l'impression d'être au bord d'un précipice, la crise d'angoisse n'est pas loin, j'ai la sensation que les murs se referment sur moi, je vais sombrer,  c'est inéluctable. Tout à coup, comme si elle avait senti ma détresse, mon Angéline, ma meilleure amie, ma famille, fait son entrée, souriante, les bras chargés de malbouffe, vêtue d'un pyjama lapin ; la voir si pétillante dans cette tenue ridicule me ramène sur terre, je reprends pied, ma respiration s'apaise, les tremblements ralentissent jusqu'à cesser totalement, mais l'émotion me submerge : quelle chance j'ai de l'avoir dans ma vie, si j avais été hétéro, je vous jure qu'il y a longtemps que je l'aurais épousée.

Angéline : " Il y a trop longtemps qu'on ne s'est pas fait une soirée pyjama mon tout beau, et là, j'en ai vraiment besoin. "

En plus de me sauver les miches, elle fait passer ça pour un besoin personnel ; cette femme est juste magnifique, je la serre dans mes bras, son odeur est un réconfort, comme quand on rentre a la maison après une très longue absence, et encore une fois, depuis que je suis revenu ici, je me dis qu'ici c'est chez moi, chez nous et qu'on ne sera pleinement heureux qu'auprès de nos familles.