Chapitre 6 Partie 1 PDV de Thomas

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J'ai compris, après réflexion, que Fight n'était pas fâché parce que j'avais agressé Angel, mais parce que j'aurais pu être blessé méchamment si l'autre bâtard n'avait pas retenu ses coups et, honnêtement, même si ça fait souffrir mon égo de l'admettre,  j'ai déjà  tellement morflé que je ne doute pas une seconde que j'aurais fini à l'hosto s'il ne s'était pas contenu.

Fight a boudé un moment, mais il a tout de même pris soin de moi d'une manière touchante. Le mec est un grand combattant baraqué , mais il fait preuve avec moi d'une douceur extrême.
Angéline est passée me voir plusieurs fois, elle avait l'air encore plus triste, et moi, ben, je me suis senti merdeux de lui avoir apporté un supplément de chagrin, alors j'ai décidé de ne pas revenir sur cette dispute et de faire profil bas.

Céleste me semble un peu plus stable émotionnellement, mais l'étincelle dans ses yeux s'est éteinte,  plus, la malice qui autrefois l'habitait semble avoir disparu et mon cœur saigne de savoir que j'ai été l'un des artisans de cette extinction. Elle ne parle plus à Flash qui, lui, a entamé une douce et lente descente aux enfers, d'après les ragots du club -- on dit que les femmes sont des commères,  mais ces types sont des vrais fouineurs -- il enchaîne les brebis aussi rapidement que les bières. Il s'est passé quelque chose entre eux qui a détruit leur relation. Pas pour toujours, j'espère.

Moi, j'ai repris le travail, prendre soin de mes patients m'aide à oublier que ma vie a explosé,  me noyer dans le boulot anesthésie ma souffrance.

 
Fight vit toujours à la maison et parfois j'ai le sentiment qu'il s'y plaît vraiment ; notre routine casanière me donne l'impression d'être moins seul. Le mercredi est compliqué, car il disparaît toute la soirée et son absence me semble longue. Je pense qu'il a une copine, mais il ne se confie pas sur ce sujet ; j'en ressens de la frustration, car je serais heureux pour lui qu'il aie quelqu'un pour combler sa solitude. Nous parlons de tout , nos conversations sont tellement vastes : le monde, nos familles, la littérature, nos univers diamétralement opposés, mais auxquels nous sommes entièrement dévoués et qui nous donnent un infini de points communs, comme si on se connaissait depuis toujours. 

La semaine prochaine, il y aura deux mois que Vincent est parti, chaque semaine que je passe sans lui me fait l'effet d'un marathon dont je passe la ligne d'arrivée vidé de toute énergie, mais satisfait de l'avoir fait. J'ai finalement décidé de mettre en vente la boulangerie et j'ai bloqué l'argent sur un compte épargne pour Céleste ; ça lui permettra de bien démarrer dans la vie. Après de longues excuses et une grosse discussion pleines de larmes, nous avons retrouvé avec elle une certaine complicité et depuis elle m'a annoncé qu'elle avait envoyé sa candidature à la fac de Boston, mais qu'elle ne savait pas comment le dire à sa mère.  En même temps, elle part à l'autre bout du pays, seule, je ne sais pas comment ma meilleure amie va le prendre,  mais je sais aussi que pour se reconstruire, un nouveau départ est souvent salvateur et, honnêtement, plus j'y pense et plus je me dis que je devrais partir avec elle, elle ne serait pas seule et on pourrait vivre ce nouveau départ tout les deux, la seule chose qui me retient, c'est que je ne sais pas si je pourrai m'épanouir en laissant Angéline, et un peu Fight aussi, mais ce serait une bonne façon de lui rendre la liberté que Vincent lui a injustement volée en le liant à moi par cette stupide promesse, et même si sa présence m'est précieuse, ce serment n'est pas juste.

Aujourd'hui, Figt a quelque chose de prévu. Je vais en profiter pour faire ce que j'aurais déjà dû faire, c'est-à-dire emballer les affaires de Vincent,  puis je demanderai au prospect de les porter à l'association du vieux grincheux, qu'est-ce qu'il peut me manquer, parfois, celui-là. J'ouvre l'armoire et mon cœur se serre en constatant que l'odeur de Vincent s'est estompée. Je décide de faire deux tas, l'un des affaires que je garde, mais que je dois emballer pour ne plus avoir le cœur brisé à chaque fois que je vois ses affaires, et l'autre qui partira à l'association. Je pleure beaucoup en me souvenant de telle ou telle chose, notamment son pull de Noël que Céleste lui avait offert avec les chaussettes assorties et qu'il mettait tout les vingt-cinq décembre, bien qu'il le trouvait horrible. J'emballe précieusement sa tenue militaire avec ses plaques ; c'était sa fierté,  elles deviennent mon trésor. 

THE ROAD DEVILS Tome 3 FIGHTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant