Chapitre 28

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- [ ] Nous aurons donc du temps à nous, Aïssatou, d'autant plus que j'ai obtenu la prolongation de mon congé de veuvage.
Je réfléchis. Cette tournure de mon esprit ne te surprend guère... Je ne pourrai m'empêcher de me livrer à toi. Autant me résumer ici.
Les irréversibles courants de libération de la femme qui fouettent le monde, ne me laissent pas indifférente. Cet ébranlement qui viole tous les domaines, révèle et illustre nos capacités.
Mon cœur est en fête chaque fois qu'une femme émerge de l'ombre. Je sais mouvant le terrain des acquis, difficile la survie des conquêtes : les contraintes sociales bousculent toujours et l'égoïsme mâle résiste.
Instruments des uns, appâts pour d'autres, respectées ou méprisées, souvent muselées, toutes les femmes ont presque le même destin que des religions ou des législations abusives ont cimenté.
Mes réflexions me déterminent sur les problèmes de la vie. J'analyse les décisions qui orientent notre devenir. J'élargis mon opinion en pénétrant l'actualité mondiale.
Je reste persuadée de l'inévitable et nécessaire complémentarité de l'homme et de la femme.
L'amour, si imparfait soit-il dans son contenu et son expression, demeure le joint naturel entre ces deux êtres.
S'aimer ! Si chaque partenaire pouvait tendre sincèrement vers l'autre ! S'il essayait de se fondre dans l'autre ! S'il assumait ses réussites et ses échecs ! S'il exhaussait ses qualités au lieu de dénombrer ses défauts ! S'il réprimait les mauvais penchants sans s'y appesantir ! S'il franchissait les repaires les plus secrets pour prévenir les défaillances et soutenir, en pansant, les maux tus !
C'est de l'harmonie du couple que nait la réussite familiale, comme
À demain, mon amie.

l'accord de multiples instruments crée la symphonie agréable.
Ce sont toutes les familles, riches ou pauvres, unies ou déchirées, conscientes ou irréfléchies qui constituent la Nation. La réussite d'une
nation passe donc irrémédiablement par la famille.
***
Pourquoi tes fils ne t'accompagneront-ils pas ? Ah ! les études...
Ainsi, demain, je te reverrai en tailleur ou en robe-maxi ? Je parie avec Daba : le tailleur. Habituée à vivre loin d'ici, tu voudras – je parie encore avec Daba – table, assiette, chaise, fourchette.
— Plus commode, diras-tu. Mais, je ne te suivrai pas. Je t'étalerai une natte. Dessus, le grand bol fumant où tu supporteras que d'autres mains puisent.
Sous la carapace qui te raidit depuis bien des années, sous ta moue sceptique, sous tes allures désinvoltes, je te sentirai vibrer peut-être. Je voudrais tellement t'entendre freiner ou nourrir mes élans, comme autrefois et comme autrefois, te voir participer à la recherche d'une voie.
Je t'avertis déjà, je ne renonce pas à refaire ma vie. Malgré tout – déceptions et humiliations – l'espérance m'habite. C'est de l'humus sale et nauséabond que jaillit la plante verte et je sens pointer en moi, des bourgeons neufs.
Le mot bonheur recouvre bien quelque chose, n'est-ce pas ? J'irai à sa recherche. Tant pis pour moi, si j'ai encore à t'écrire une si longue lettre...
— Ramatoulaye —
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C'est la fin mes amours voter s'il vous plaît et dites moi si vous voulez que j'écrive des autres livres de moi même ou des romans comme celle ci merci 🥰🫀

UNE SI LONGUE LETTRE 🥺Où les histoires vivent. Découvrez maintenant