Rentrer à Paris ? J'y avais pensé tant de fois pendant mon séjour à Marseille. Tout d'bord parce que, même si je ne me l'avouais pas, Miguel me manquait. Lui, qui avait été mon meilleur ami pendant tant d'années. Nous avions partagé les mêmes goûts, les mêmes fous rires et finalement, le même lit. Puis tout avait changé quand il s'était lancé dans sa stupide création d'entreprise et que moi j'avais pété les plombs au boulot. Mai c'est à lui que j'avais envie de raconter l'histoire de cette pauvre fille, plus ou moins amoureuse de Jonathan Rivière. Plus ou moins attirée par cet idiot de Rico. Mais je ne pouvais plus penser à lui de cette manière-là. J'avais rompu, j'avais tout cassé, et c'était désormais bien fini.
Je suis sortie de la Gare de Lyon en vitesse, je n'avais plus l'habitude de la foule qui submerge et étouffe. Sur le parvis, où une fine bruine s'abattait, je pris une grande respiration, immobile, juste devant l'entrée. Un homme pressé me bouscula, et non content de m'avoir presque fait trébucher, il maugréa et, continuant son chemin, se retourna pour me lancer un regard noir. Ah, Paris, j'avais oublié ce que c'était.
Désormais tirée de mes rêveries, je me suis engouffrée dans la gare, direction le métro, pour rentrer chez moi.
En arrivant devant ma porte d'entrée, j'ai ressenti comme un frisson d'angoisse mêlé de joie. J'allais retrouver un appartement vide, resté dans la pénombre -j'avais fermé les volets en partant. Et puis, il n'y aurait pas Miguel. Miguel qui m'avait toujours attendu à bras ouverts quand je rentrais du travail, qui m'embrassait, me souriait, me demandait comment s'était passée ma journée.
J'ai glissé la clé dans la serrure et je suis entrée. L'appartement ressemblait exactement à ce que j'avais imaginé, mais, en plus, il sentait un peu la poussière sèche, celle qu'on sent dans les vieilles maisons depuis longtemps inhabitées.
J'ai ouvert grand les fenêtres et les volets. Une lumière douce et blanche a envahi l'appartement et quelques gouttes de pluie ont mouillé mon parquet. Je me suis affalée sur le canapé et j'ai souri. Finalement, je me sentais bien mieux ici qu'à Marseille. Ici, j'étais chez moi.
Les jours qui suivirent, j'ai décidé de faire un grand tri dans mes affaires, mes papiers, mes vêtements. Je voulais repartir sur de nouvelles bases, me créer un nouveau moi. J'ai commencé par fourrer les vêtements que je ne mettais plus depuis des années dans un grand carton, étiqueté "A donner à Emmaüs". Dans un sac poubelle, j'ai glissé les chaussettes dépareillées, les chaussures trop usées et le vieux papiers. Ça m'a pris des journées entières, sans compter qu'après avoir fini mon grand tri, j'ai décidé de faire le ménage de fond en comble. J'ai passé l'aspirateur dans tous les recoins possible, j'ai fait aérer mon matelas, j'ai repassé mes draps, frotté le carrelage de la cuisine à la brosse, à genoux par terre, le front dégoulinant de sueur et les mains rongées par les produits d'entretien.
Cinq jours après, mon appartement était méconnaissable. Je l'avais, mon nouveau départ. Il était à portée de main.
C'est alors que j'ai décidé de rallumer mon ordinateur, celui que j'avais l'habitude d'emporter au travail. Il contenait tous mes projets d'étudiante en architecture, mais aussi l'ensemble de mes dossiers professionnels. Je me suis fait un jus d'orange pressé, en rangeant mes placards, j'avais retrouvé un super presse-agrumes que m'avait offert Miguel lorsque nous avions emménagé ensemble. Et j'ai parcouru la majorité des dossiers de mon ordi. La aussi j'ai fait un grand tri. J'ai réalisé que j'avais eu de bonnes idées, et que peut être j' aurai dû les proposer à ma boss au lieu de chercher à tout prix à lui plaire, et de m'envoyer dans le mur.... Jusqu'au burn-out.
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J.F cherche bonheur, désespérément
ChickLitAlix est une jeune architecte qui a tout pour elle : un boulot génial, un mec mignon, une famille aimante. Jusqu'au jour où elle décroche la promotion de ses rêves et pour laquelle elle ne s'épargne pas. Rythme infernal, fatigue extrême, plus rien n...