C'est universel : après une bonne cuite, on se tape une gueule de bois. Et comme j'y étais allée fort cette fois-ci, je crois bien pouvoir dire que j'ai eu la migraine la plus violente de toute l'histoire de ma petite vie. La bouche pâteuse, un marteau piqueur qui me martelait les tempes en rythme et le visage hagard, je suis descendue en pyjama pour prendre mon petit déjeuner. Le soleil brillait fort et je supposai qu'il était pas loin de midi. Je sortis de ma chambre et du haut de l'escalier, j'entendis des éclats de voix joyeux et des rires, et surtout une voix que je reconnaissais vaguement. Je distinguais bien celle de Lala, celle de ma grand-mère Gisèle et celle de Rico. Mais il y avait un quatrième convive, un homme, qui semblait les faire tous rire. J'étais tellement concentrée sur mon mal de tête ceci dit, que je ne pensai même pas à retourner dans ma chambre pour m'habiller, puisqu'apparemment, on avait de la visite.
En bas de l'escalier, en entrant dans la salle à manger, je compris mon erreur : j'aurai dû...
1- me brosser les dents
2- me rebrosser les dents
3- me donner un coup de brosse
4- m'habiller (le minimum !)
5- prendre une douche (pas dans cet ordre)
Bref, avoir l'air présentable pour me présenter devant Jonathan Rivière, qui, je ne sais pas quel miracle ou malediction, refaisait surface.
- Ah voilà notre marmotte, s'exclama ma grand-mère en faisant de grands gestes. Elle en faisait un peu trop, ça se voyait gros comme une maison que Jonathan lui plaisait et qu'elle voulait absolument lui faire bonne impression.
- Ah, enfin, dit Lala, qui s'étranglait encore de rire. Apparemment, Jonathan venait de faire une bonne blague.
- Eh oui ma chérie, il est presque deux heures de l'après-midi...Tu as de la visite, tu vois, j'allais venir te réveiller, reprit Gisèle.
Oui, j'étais à priori la seule à avoir cuvé mon vin de la veille aussi longtemps. Gisèle, Lala et Rico étaient tous attablés devant ce qui semblait être les restes du déjeuner et des tasses de café. Quant à Jonathan, il était encore plus canon que dans mon souvenir. Il me regardait droit dans les yeux, avec, dans son regard clair, une pointe d'amusement. Je me sentis rougir des pieds à la tête.
- Bon, eh bien les enfants, venez avec moi, je vais vous montrer ce dont je vous ai parlé, s'exclama ma grand-mère. En disant cela, elle faisait les gros yeux à Lala et Rico.
- Hein, quoi... ?
Rico n'avait visiblement pas compris que Gisèle voulait me laisser seule avec Jonathan, contrairement à Lala qui commençait déjà à se lever de sa chaise. Je la regardai d'un air suppliant : je n'avais vraiment pas envie de me retrouver en tête à tête avec Jonathan, après ce qu'il s'était passé dans la villa de son ami. Et surtout, je ne comprenais pas comment il avait pu rentrer à nouveau dans les bonnes grâces de Lala.
Elle s'eclipsa, tout comme Rico, qui me lança un regard noir, et Gisèle. Je me retrouvai seule avec Jonathan, une fois de plus.
- C'est gentil d'être passé nous voir.
J'avais pris mon ton le plus froid, le plus détaché, pour lui montrer que je n'attendais rien de lui.
- Alix...
Il se leva à son tour de table et s'approcha de moi, tout près. Il n'était plus qu'à un mètre, puis quelques centimètres. Enfin, il approcha ses lèvres des miennes et encore une fois, je lui tendis ma bouche...Et pendant ce très court, ce si court instant, j'ai vu défiler tous les éléments du puzzle en accéléré, comme dans un fil catastrophe quand le personnage voit sa vie défiler avant de mourir.
L'hôpital, la rencontre dans le TGV, puis Sybil, la piscine, le baiser et puis Rico... Avant que les lèvres du Docteur Rivière n'effleurent à nouveau les miennes, j'avais reculé le visage. Rico, c'était Rico la clé du bonheur, de mon bonheur. Ca me sautait aux yeux maintenant.
Il fallait que je lui dise. Tout de suite.
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J.F cherche bonheur, désespérément
Genç Kız EdebiyatıAlix est une jeune architecte qui a tout pour elle : un boulot génial, un mec mignon, une famille aimante. Jusqu'au jour où elle décroche la promotion de ses rêves et pour laquelle elle ne s'épargne pas. Rythme infernal, fatigue extrême, plus rien n...